Texte grec :
[6,10] ‘Φημὶ γὰρ ὑμᾶς πολεμίους πολλοὺς ἐνθάδε ὑπολιπόντας
καὶ ἑτέρους ἐπιθυμεῖν ἐκεῖσε πλεύσαντας δεῦρο ἐπαγαγέσθαι.
(6.10.2) καὶ οἴεσθε ἴσως τὰς γενομένας ὑμῖν σπονδὰς ἔχειν τι βέβαιον,
αἳ ἡσυχαζόντων μὲν ὑμῶν ὀνόματι σπονδαὶ ἔσονται
(οὕτω γὰρ ἐνθένδε τε ἄνδρες ἔπραξαν αὐτὰ καὶ ἐκ τῶν ἐναντίων),
σφαλέντων δέ που ἀξιόχρεῳ δυνάμει ταχεῖαν τὴν ἐπιχείρησιν
ἡμῖν οἱ ἐχθροὶ ποιήσονται, οἷς πρῶτον μὲν διὰ
ξυμφορῶν ἡ ξύμβασις καὶ ἐκ τοῦ αἰσχίονος ἢ ἡμῖν κατ'
ἀνάγκην ἐγένετο, ἔπειτα ἐν αὐτῇ ταύτῃ πολλὰ τὰ ἀμφισβητούμενα
(6.10.3) ἔχομεν. εἰσὶ δ' οἳ οὐδὲ ταύτην πω τὴν ὁμολογίαν
ἐδέξαντο, καὶ οὐχ οἱ ἀσθενέστατοι· ἀλλ' οἱ μὲν ἄντικρυς
πολεμοῦσιν, οἱ δὲ καὶ διὰ τὸ Λακεδαιμονίους ἔτι ἡσυχάζειν
(6.10.4) δεχημέροις σπονδαῖς καὶ αὐτοὶ κατέχονται. τάχα δ' ἂν
ἴσως, εἰ δίχα ἡμῶν τὴν δύναμιν λάβοιεν, ὅπερ νῦν σπεύδομεν,
καὶ πάνυ ἂν ξυνεπιθοῖντο μετὰ Σικελιωτῶν, οὓς πρὸ
πολλῶν ἂν ἐτιμήσαντο ξυμμάχους γενέσθαι ἐν τῷ πρὶν
(6.10.5) χρόνῳ. ὥστε χρὴ σκοπεῖν τινὰ αὐτὰ καὶ μὴ μετεώρῳ τε
<τῇ> πόλει ἀξιοῦν κινδυνεύειν καὶ ἀρχῆς ἄλλης ὀρέγεσθαι
πρὶν ἣν ἔχομεν βεβαιωσώμεθα, εἰ Χαλκιδῆς γε οἱ ἐπὶ
Θρᾴκης ἔτη τοσαῦτα ἀφεστῶτες ἀφ' ἡμῶν ἔτι ἀχείρωτοί
εἰσι καὶ ἄλλοι τινὲς κατὰ τὰς ἠπείρους ἐνδοιαστῶς ἀκροῶνται.
ἡμεῖς δὲ Ἐγεσταίοις δὴ οὖσι ξυμμάχοις ὡς ἀδικουμένοις
ὀξέως βοηθοῦμεν· ὑφ' ὧν δ' αὐτοὶ πάλαι ἀφεστώτων
ἀδικούμεθα, ἔτι μέλλομεν ἀμύνεσθαι.
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Traduction française :
[6,10] X. « J'affirme, pour mon compte, que vous embarquer pour cette expédition,
c'est vouloir augmenter le nombre déjà considérable des ennemis que vous avez en
Grèce et les attirer ici. Vous vous imaginez sans doute que la trêve que vous
avez conclue est une garantie durable ? Tant que vous vous tiendrez tranquilles,
elle subsistera de nom ; elle ne vise à rien d'autre dans l'esprit des gens
d'ici et des ennemis qui l'ont conclue. Mais que nous venions à subir quelque
échec important, nos ennemis en profiteront sur-le-champ pour nous attaquer ;
car, d'abord, ils n'ont souscrit à cet accord que dans la défaite, sous la
contrainte d'une situation pire que la nôtre ; de plus, dans cet accord même,
que de points restent en litige ! Il est des États qui n'ont pas accepté cette
convention et ce ne sont pas les plus faibles. Les uns nous font ouvertement la
guerre ; les autres, en raison de l'inaction des Lacédémoniens, ne se sont
engagés que par une trêve de dix jours. Vraisemblablement, s'ils voyaient nos
forces divisées - et c'est à quoi tend notre conduite présente -
s'empresseraient-ils de se joindre, pour nous accabler, aux Siciliens, dont
naguère ils eussent fort apprécié l'alliance. Aussi faut-il avoir égard à ces
circonstances, ne pas engager dans les périls une ville encore abattue et ne pas
viser à accroître notre empire, avant d'avoir affermi celui que nous possédons ;
car les Khalkidiens du littoral de Thrace, en dissidence depuis si
longtemps, demeurent encore insoumis et, sur divers points du continent, il se
trouve des peuples dont l'obéissance est douteuse. Et nous nous empressons de
nous porter au secours des Egestains, de simples alliés, sous prétexte qu'on
leur fait tort, quand, victimes nous-mêmes de peuples depuis longtemps rebelles,
nous hésitons encore à nous venger d'eux !
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