Texte grec :
[6,87] ’Ἀλλὰ μήτε ὑμεῖς, ὦ Καμαριναῖοι, ταῖς τῶνδε διαβολαῖς
ἀναπείθεσθε μήτε οἱ ἄλλοι· εἰρήκαμεν δ' ὑμῖν πᾶσαν τὴν
ἀλήθειαν περὶ ὧν ὑποπτευόμεθα, καὶ ἔτι ἐν κεφαλαίοις
(6.87.2) ὑπομνήσαντες ἀξιώσομεν πείθειν. φαμὲν γὰρ ἄρχειν μὲν
τῶν ἐκεῖ, ἵνα μὴ ὑπακούωμεν ἄλλου, ἐλευθεροῦν δὲ τὰ ἐνθάδε,
ὅπως μὴ ὑπ' αὐτῶν βλαπτώμεθα, πολλὰ δ' ἀναγκάζεσθαι
πράσσειν, διότι καὶ πολλὰ φυλασσόμεθα, ξύμμαχοι δὲ καὶ
νῦν καὶ πρότερον τοῖς ἐνθάδε ὑμῶν ἀδικουμένοις οὐκ ἄκλητοι,
(6.87.3) παρακληθέντες δὲ ἥκειν. καὶ ὑμεῖς μήθ' ὡς δικασταὶ γενόμενοι
τῶν ἡμῖν ποιουμένων μήθ' ὡς σωφρονισταί, ὃ χαλεπὸν
ἤδη, ἀποτρέπειν πειρᾶσθε, καθ' ὅσον δέ τι ὑμῖν τῆς ἡμετέρας
πολυπραγμοσύνης καὶ τρόπου τὸ αὐτὸ ξυμφέρει, τούτῳ ἀπολαβόντες
χρήσασθε, καὶ νομίσατε μὴ πάντας ἐν ἴσῳ βλάπτειν
(6.87.4) αὐτά, πολὺ δὲ πλείους τῶν Ἑλλήνων καὶ ὠφελεῖν· ἐν παντὶ
γὰρ πᾶς χωρίῳ, καὶ ᾧ μὴ ὑπάρχομεν, ὅ τε οἰόμενος ἀδικήσεσθαι καὶ ὁ
ἐπιβουλεύων διὰ τὸ ἑτοίμην ὑπεῖναι ἐλπίδα
τῷ μὲν ἀντιτυχεῖν ἐπικουρίας ἀφ' ἡμῶν, τῷ δὲ εἰ ἥξομεν,
μὴ ἀδεεῖ εἶναι κινδυνεύειν, ἀμφότεροι ἀναγκάζονται ὁ μὲν
(6.87.5) ἄκων σωφρονεῖν, ὁ δ' ἀπραγμόνως σῴζεσθαι. ταύτην οὖν
τὴν κοινὴν τῷ τε δεομένῳ καὶ ὑμῖν νῦν παροῦσαν ἀσφάλειαν
μὴ ἀπώσησθε, ἀλλ' ἐξισώσαντες τοῖς ἄλλοις μεθ' ἡμῶν τοῖς
Συρακοσίοις, ἀντὶ τοῦ αἰεὶ φυλάσσεσθαι αὐτούς, καὶ ἀντεπιβουλεῦσαί
ποτε ἐκ τοῦ ὁμοίου μεταλάβετε.‘
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Traduction française :
[6,87] LXXXVII. « Eh bien ! Citoyens de Kamarina, gardez-vous, ainsi que nos
autres alliés, de vous lasser séduire par les calomnies des Syracusains. Nous vous
avons dit l'entière vérité sur les soupçons qu'on fait peser sur nous. Pour
tâcher de vous convaincre, nous allons nous résumer. Nous déclarons que, si en
Grèce nous dominons sur les autres, c'est pour n'obéir à personne ; que si ici
nous affranchissons les peuples, c'est pour n'avoir rien à souffrir d'eux ; que
nous sommes obligés de nous mettre sur les bras bien des affaires, parce que
nous avons bien des précautions à prendre. De plus aujourd'hui comme naguère, si
nous sommes venus au secours de ceux d'entre vous qu'on opprimait, ce n'est pas
sans y être conviés, c'est sur votre appel. Vous-mêmes ne vous érigez pas en
juges ni en conseillers de notre conduite, pour tâcher de nous détourner - ce
qui serait difficile - de nos desseins.
« Tant que vous pourrez tirer parti de notre activité et de notre caractère,
n'hésitez pas, profitez-en ; songez bien que notre conduite, loin d'être
dommageable à tous également, sert l'intérêt de la majorité des Grecs. Partout,
et même dans les pays où nous ne dominons pas, ceux qui sont victimes d'un
attentat et ceux qui en méditent s'attendent également, les uns à obtenir notre
aide, les autres à redouter, si nous arrivons, les suites de leur machination.
L'un se voit dans la nécessité de montrer, malgré qu'il en ait, de la
modération, l'autre d'être sauvé, sans qu'il lui en coûte.
« Cette sauvegarde qui vous est offerte comme à tous ceux qui la sollicitent, ne
la repoussez pas ; imitez les autres et rangez-vous à nos côtés. Au lieu de vous
garder sans cesse contre les Syracusains, changez de conduite, rendez-leur la
monnaie de leur pièce en les attaquant enfin vous-mêmes. »
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