Texte grec :
[6,78] αὶ εἴ τῳ ἄρα παρέστηκε τὸν μὲν Συρακόσιον,
ἑαυτὸν δ' οὒ πολέμιον εἶναι τῷ Ἀθηναίῳ, καὶ δεινὸν ἡγεῖται
ὑπέρ γε τῆς ἐμῆς κινδυνεύειν, ἐνθυμηθήτω οὐ περὶ τῆς ἐμῆς
μᾶλλον, ἐν ἴσῳ δὲ καὶ τῆς ἑαυτοῦ ἅμα ἐν τῇ ἐμῇ μαχούμενος,
τοσούτῳ δὲ καὶ ἀσφαλέστερον ὅσῳ οὐ προδιεφθαρμένου ἐμοῦ,
ἔχων δὲ ξύμμαχον ἐμὲ καὶ οὐκ ἐρῆμος ἀγωνιεῖται· τόν τε
Ἀθηναῖον μὴ τὴν τοῦ Συρακοσίου ἔχθραν κολάσασθαι, τῇ δ'
ἐμῇ προφάσει τὴν ἐκείνου φιλίαν οὐχ ἧσσον βεβαιώσασθαι
(6.78.2) βούλεσθαι. εἴ τέ τις φθονεῖ μὲν ἢ καὶ φοβεῖται (ἀμφότερα
γὰρ τάδε πάσχει τὰ μείζω), διὰ δὲ αὐτὰ τὰς Συρακούσας
κακωθῆναι μὲν ἵνα σωφρονισθῶμεν βούλεται, περιγενέσθαι
δὲ ἕνεκα τῆς αὑτοῦ ἀσφαλείας, οὐκ ἀνθρωπίνης δυνάμεως
βούλησιν ἐλπίζει· οὐ γὰρ οἷόν τε ἅμα τῆς τε ἐπιθυμίας καὶ
(6.78.3) τῆς τύχης τὸν αὐτὸν ὁμοίως ταμίαν γενέσθαι. καὶ εἰ γνώμῃ
ἁμάρτοι, τοῖς αὑτοῦ κακοῖς ὀλοφυρθεὶς τάχ' ἂν ἴσως καὶ τοῖς
ἐμοῖς ἀγαθοῖς ποτὲ βουληθείη αὖθις φθονῆσαι. ἀδύνατον δὲ
προεμένῳ καὶ μὴ τοὺς αὐτοὺς κινδύνους οὐ περὶ τῶν ὀνομάτων,
ἀλλὰ περὶ τῶν ἔργων, ἐθελήσαντι προσλαβεῖν· λόγῳ μὲν
γὰρ τὴν ἡμετέραν δύναμιν σῴζοι ἄν τις, ἔργῳ δὲ τὴν αὑτοῦ
(6.78.4) σωτηρίαν. καὶ μάλιστα εἰκὸς ἦν ὑμᾶς, ὦ Καμαριναῖοι,
ὁμόρους ὄντας καὶ τὰ δεύτερα κινδυνεύσοντας προορᾶσθαι
αὐτὰ καὶ μὴ μαλακῶς ὥσπερ νῦν ξυμμαχεῖν, αὐτοὺς δὲ πρὸς
ἡμᾶς μᾶλλον ἰόντας, ἅπερ ἂν εἰ ἐς τὴν Καμαριναίαν πρῶτον
ἀφίκοντο οἱ Ἀθηναῖοι δεόμενοι ἂν ἐπεκαλεῖσθε, ταῦτα ἐκ
τοῦ ὁμοίου καὶ νῦν παρακελευομένους ὅπως μηδὲν ἐνδώσομεν
φαίνεσθαι. ἀλλ' οὔθ' ὑμεῖς νῦν γέ πω οὔθ' οἱ ἄλλοι ἐπὶ
ταῦτα ὥρμησθε.
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Traduction française :
[6,78] LXXVIII. « Si l'un de vous s'imagine que les Athéniens ne font la guerre
qu'à Syracuse, mais nullement à lui-même et s'il lui semble terrible de risquer sa
vie pour notre pays, qu'il se dise bien ceci : ce n'est pas seulement pour
Syracuse, c'est tout autant pour sa propre patrie qu'il lutte, en combattant sur
notre territoire ; sa sécurité sera d'autant mieux sauvegardée que notre salut
aura été assuré ; de plus il profitera de notre alliance et ne sera pas livré à
ses seules forces. Enfin, qu'il sache que les Athéniens ne cherchent pas à
châtier l'hostilité des Syracusains, ce n'est là qu'un prétexte pour obtenir de
lui une amitié plus solide.
« S'il en est d'autres pour nous jalouser ou nous craindre, - deux sentiments
auxquels sont exposés les Etats puissants - et pour désirer en conséquence une
humiliation qui nous assagisse, sans aller jusqu'à notre ruine qui pourrait
compromettre leur salut, c'est concevoir là un désir qui dépasse les forces
humaines. Car nul ne peut régler la fortune au gré de ses souhaits. Trompé dans
ses espérances, plongé dans le désespoir par ses propres maux, il s'exposera à
regretter bientôt notre puissance qu'il jalousait. Mais il sera trop tard pour
quiconque nous aura abandonnés et n'aura pas voulu participer effectivement à
nos périls. Car ce n'est qu'en apparence qu'on sauvegarde notre puissance ; en
réalité on assure son propre salut.
« Voilà à quoi, hommes de Kamarina, vous deviez veiller plus que personne, vous
qui êtes nos voisins et qui, après nous, êtes les plus exposés, au lieu de vous
montrer, comme vous l'avez fait, de si tièdes alliés ; c'était de votre propre
mouvement qu'il fallait venir nous rejoindre. Si les Athéniens avaient commencé
par attaquer Kamarina, vous nous auriez suppliés d'accourir à votre secours ; de
même naguère c'est vous qui auriez dû nous encourager à une résistance acharnée.
Mais ni vous ni les autres n'avez encore montré aucun empressement.
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