Texte grec :
[1] ΕΙΡΩΝΕΙΑΣ.
Ἡ μὲν οὖν εἰρωνεία δόξειεν ἂν εἶναι, ὡς τύπῳ λαβεῖν, προσποίησις
ἐπὶ τὸ χεῖρον πράξεων καὶ λόγων, ὁ δὲ εἴρων τοιοῦτός τις,
οἷος προσελθὼν τοῖς ἐχθροῖς ἐθέλειν λαλεῖν, οὐ μισεῖν· καὶ ἐπαινεῖν
παρόντας, οἷς ἐπέθετο λάθρα, καὶ τούτοις συλλυπεῖσθαι ἡττωμένοις·
καὶ συγγνώμην δὲ ἔχειν τοῖς αὑτὸν κακῶς λέγουσι καὶ ἐπὶ πᾶσι
τοῖς καθ´ ἑαυτοῦ λεγομένοις.
καὶ πρὸς τοὺς ἀδικουμένους καὶ ἀγανακτοῦντας πράως διαλέγεσθαι·
καὶ τοῖς ἐντυγχάνειν κατὰ σπουδὴν βουλομένοις προστάξαι ἐπανελθεῖν.
καὶ μηδὲν ὧν πράττει ὁμολογῆσαι, ἀλλὰ φῆσαι βουλεύεσθαι καὶ
προσποιήσασθαι ἄρτι παραγεγονέναι καὶ ὀψὲ γενέσθαι {αὐτὸν} καὶ
μαλακισθῆναι.
καὶ πρὸς τοὺς δανειζομένους καὶ ἐρανίζοντας εἰπεῖν ὡς οὐ πλουτεῖ·
καὶ πωλῶν φῆσαι ὡς οὐ πωλεῖ· καὶ μὴ πωλῶν φῆσαι πωλεῖν· καὶ
ἀκούσας τι μὴ προσποιεῖσθαι, καὶ ἰδὼν φῆσαι μὴ ἑωρακέναι, καὶ ὁμολογήσας
μὴ μεμνῆσθαι· καὶ τὰ μὲν σκέψεσθαι φάσκειν, τὰ δὲ οὐκ εἰδέναι, τὰ
δὲ θαυμάζειν, τὰ δ´ ἤδη ποτὲ καὶ αὐτὸς οὕτως διαλογίσασθαι.
καὶ τὸ ὅλον δεινὸς τῷ τοιούτῳ τρόπῳ τοῦ λόγου χρῆσθαι· Οὐ
πιστεύω· Οὐχ ὑπολαμβάνω· Ἐκπλήττομαι· καὶ· Λέγεις αὐτὸν ἕτερον
γεγονέναι· Καὶ μὴν οὐ ταῦτα πρὸς ἐμὲ διεξῄει· Παράδοξόν μοι τὸ
πρᾶγμα· Ἄλλῳ τινὶ λέγε· Ὅπως δὲ σοὶ ἀπιστήσω ἢ ἐκείνου καταγνῶ,
ἀποροῦμαι· Ἀλλ´ ὅρα, μὴ σὺ θᾶττον πιστεύεις.
{Τοιαύτας φωνὰς καὶ πλοκὰς καὶ παλιλλογίας εὑρεῖν ἔστι τῶν
εἰρώνων. τὰ δὴ τῶν ἠθῶν μὴ ἁπλᾶ ἀλλ´ ἐπίβουλα φυλάττεσθαι μᾶλλον
δεῖ ἢ τοὺς ἔχεις.}
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Traduction française :
[1] Le fourbe.
(1) {La fourberie, pour le dire en un mot, pourrait bien être une feinte humilité en actes et en
paroles.}
Le fourbe (2) est quelqu'un du genre à aborder ses ennemis et à vouloir causer avec eux {au
lieu de les haïr}. Il louange en leur présence ceux qu'il a attaqués en secret et témoigne de la
compassion aux gens , dès lors qu'ils sont perdants. Il pardonne à
ceux qui médisent de lui et des propos tenus à son encontre. (3) Des gens s'indignent-ils
d'avoir été lésés, il leur tient des propos feutrés. (4) Il n'avoue rien de ce qu'il fait, mais
affirme qu'il en est encore à se consulter, fait semblant de n'être là que depuis un moment, {dit
qu'il est bien tard} et qu'il s'est senti souffrant.
(5) Des gens cherchent-ils à emprunter ou à faire une collecte, qu'il ne vend pas, et lorsqu'il ne veut pas vendre, il
prétend qu'il vend. A-t-il entendu quelque chose, il fait semblant que non; a-t-il vu, il affirme
n'avoir rien vu; a-t-il conclu un accord, il prétend ne pas s'en souvenir. En certains cas, il
assure qu'il se réserve d'examiner la chose, en d'autres, qu'il ne sait pas, ou bien qu'il s'étonne,
ou encore que lui-même avait déjà conclu en ce sens.
(6) En général il est habile à utiliser ce genre de formule : "je ne crois pas", "je n'imagine
pas", "j'en suis bien étonné" "tu veux dire qu'il est tout différent !", "ce n'est vraiment pas ce
qu'il me racontait", "l'affaire, pour moi, est inattendue", "va le dire à quelqu'un d'autre",
"comment ne pas te croire, toi, ou comment le condamner, lui ? je suis bien embarrassé !",
"vois tout de même si tu ne t'y fies pas un peu vite...".
(7) {Inventer ce genre de formules, embrouilles et contradictions, c'est bien le propre des
fourbes. Ces caractères qui ne sont pas simples, mais insidieux, il faut s'en garder plus que des
vipères.}
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