[3,16] Θέλω δέ σοι καὶ τὰ τῶν χρόνων θεοῦ παρέχοντος νῦν ἀκριβέστερον ἐπιδεῖξαι, ἵνα ἐπιγνῷς ὅτι οὐ πρόσφατος οὐδὲ μυθώδης ἐστὶν ὁ καθ' ἡμᾶς λόγος, ἀλλ' ἀρχαιότερος καὶ ἀληθέστερος ἁπάντων ποιητῶν καὶ συγγραφέων, τῶν ἐπ' ἀδήλῳ συγγραψάντων. Οἱ μὲν γὰρ τὸν κόσμον ἀγένητον εἰπόντες εἰς τὸ ἀπέραντον ἐχώρησαν, ἕτεροι δὲ γενητὸν φήσαντες εἶπον ὡς ἤδη μυριάδας ἐτῶν πεντεκαίδεκα ἐληλυθέναι καὶ τρισχίλια ἑβδομήκοντα πέντε ἔτη. Ταῦτα μὲν οὖν Ἀπολλώνιος ὁ Αἰγύπτιος ἱστορεῖ. Πλάτων δέ, ὁ δοκῶν Ἑλλήνων σοφώτερος γεγενῆσθαι, εἰς πόσην φλυαρίαν ἐχώρησεν! ἐν γὰρ ταῖς Πολιτείαις αὐτοῦ ἐπιγραφομέναις ῥητῶς κεῖται·
“Πῶς γὰρ ἄν, εἴ γε ἔμενε τάδε οὕτως πάντα χρόνον ὡς νῦν διακοσμεῖται, καινὸν ἀνευρίσκετό ποτε ὁτιοῦν τοῦτο; ὅτι μὲν μυριάκις μυρία ἔτη διελάνθανεν ἄρα τοὺς τότε· χίλια δ' ἀφ' οὗ γέγονεν ἢ δὶς τοσαῦτα ἔτη· τὰ μὲν ἀπὸ Δαιδάλου καταφανῆ γέγονεν, τὰ δὲ ἀπὸ Ὀρφέως, τὰ δὲ ἀπὸ Παλαμήδους.”
Καὶ ταῦτα εἰπὼν γεγενῆσθαι, τὰ μὲν μυριάκις μυρία ἔτη ἀπὸ κατακλυσμοῦ ἕως Δαιδάλου δηλοῖ. Καὶ πολλὰ φήσας περὶ πολέων καὶ κατοικισμῶν καὶ ἐθνῶν, ὁμολογεῖ εἰκασμῷ ταῦτα εἰρηκέναι. Λέγει γάρ·
“Εἰ γοῦν, ὦ ξένε, τις ἡμῖν ὑπόσχηται θεὸς ὡς, ἂν ἐπιχειρήσωμεν <τὸ β´> τῇ τῆς νομοθεσίας σκέψει, τῶν νῦν εἰρημένων <λόγων οὐ χείρους οὐδ' ἐλάττους ἀκουσόμεθα, μακρὰν ἂν ἔλθοιμι ἔγωγε>.”
Δηλονότι εἰκασμῷ ἔφη· εἰ δὲ εἰκασμῷ, οὐκ ἄρα ἀληθῆ ἐστιν τὰ ὑπ' αὐτοῦ εἰρημένα.
| [3,16] Mais venons maintenant à la question des temps : je veux, Dieu m'aidant, l'examiner attentivement avec vous, afin que vous compreniez que notre doctrine n'est ni nouvelle, ni mensongère, mais qu'elle est bien plus ancienne et plus vraie que tout ce que nous ont transmis vos poètes et vos historiens. Rien de plus incertain que tout ce qu'ils ont dit. Les uns, en effet, ont prétendu que le monde était incréé et qu'il avait existé de tout temps ; d'autres conviennent qu'il a été créé, mais ils lui donnent une existence de cent cinquante-trois mille soixante-quinze années. Voilà ce que nous dit l'Égyptien Apollonius : Platon lui-même, qui paraît avoir été le plus sage des Grecs, dans combien de puérilités ne s'est-il pas égaré ? Voici ce que nous lisons dans son livre intitulé les Cités :
"Comment, si le monde a toujours existé, ainsi qu'il est aujourd'hui, comment aurait-on découvert ensuite des choses nouvelles, puisqu'elles furent inconnues pendant dix mille fois dix mille ans aux hommes, qui vivaient alors, et qu'elles n'ont été découvertes que depuis mille ou deux mille ans, par Dédale, Orphée et Palamède ?"
Ainsi Platon reconnaît bien que le monde a été créé, mais il compte dix mille fois dix mille ans depuis le déluge jusqu'à Dédale. Plus loin encore, après avoir traité fort au long des différentes cités, des habitations et des peuples qui couvrent la terre, il confesse ingénument qu'il n'a avancé que des conjectures :
"Si j'avais un Dieu pour hôte, dit-il, et qu'il me promît ses lumières ; et si nous examinions de nouveau de quelle manière il convient de porter la loi, je ne sais pas si, changeant de langage, etc."
Ainsi donc, il n'a donné que des conjectures ; mais des conjectures ne sont pas des vérités.
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