[2,10] Καὶ πρῶτον μὲν συμφώνως ἐδίδαξαν ἡμᾶς, ὅτι ἐξ οὐκ ὄντων τὰ πάντα ἐποίησεν. Οὐ γάρ τι τῷ θεῷ συνήκμασεν· ἀλλ' αὐτὸς ἑαυτοῦ τόπος ὢν καὶ ἀνενδεὴς ὢν καὶ <ὑπάρχων πρὸ τῶν αἰώνων> ἠθέλησεν ἄνθρωπον ποιῆσαι ᾧ γνωσθῇ· τούτῳ οὖν προητοίμασεν τὸν κόσμον. Ὁ γὰρ γενητὸς καὶ προσδεής ἐστιν, ὁ δὲ ἀγένητος οὐδένος προσδεῖται.
Ἔχων οὖν ὁ θεὸς τὸν ἑαυτοῦ λόγον ἐνδιάθετον ἐν τοῖς ἰδίοις σπλάγχνοις ἐγέννησεν αὐτὸν μετὰ τῆς ἑαυτοῦ σοφίας <ἐξερευξάμενος> πρὸ τῶν ὅλων. Τοῦτον τὸν λόγον ἔσχεν ὑπουργὸν τῶν ὑπ' αὐτοῦ γεγενημένων, καὶ δι' αὐτοῦ τὰ πάντα πεποίηκεν. Οὗτος λέγεται ἀρχή, ὅτι ἄρχει καὶ κυριεύει πάντων τῶν δι' αὐτοῦ δεδημιουργημένων. Οὗτος οὖν, ὢν <πνεῦμα θεοῦ> καὶ <ἀρχὴ> καὶ <σοφία> καὶ <δύναμις ὑψίστου>, κατήρχετο εἰς τοὺς προφήτας καὶ δι' αὐτῶν ἐλάλει τὰ περὶ τῆς ποιήσεως τοῦ κόσμου καὶ τῶν λοιπῶν ἁπάντων. Οὐ γὰρ ἦσαν οἱ προφῆται ὅτε ὁ κόσμος ἐγίνετο, ἀλλ' ἡ σοφία ἡ τοῦ θεοῦ ἡ ἐν αὐτῷ οὖσα καὶ ὁ λόγος ὁ ἅγιος αὐτοῦ ὁ ἀεὶ συμπαρὼν αὐτῷ. Διὸ δὴ καὶ διὰ Σολομῶνος προφήτου οὕτως λέγει·
“Ἡνίκα δ' ἡτοίμασεν τὸν οὐρανόν, συμπαρήμην αὐτῷ, καὶ ὡς ἰσχυρὰ ἐποίει τὰ θεμέλια τῆς γῆς, ἤμην παρ' αὐτῷ ἁρμόζουσα.”
Μωσῆς δὲ ὁ καὶ Σολομῶνος πρὸ πολλῶν ἐτῶν γενόμενος, μᾶλλον δὲ ὁ λόγος ὁ τοῦ θεοῦ ὡς δι' ὀργάνου δι' αὐτοῦ φησιν·
“Ἐν ἀρχῇ ἐποίησεν ὁ θεὸς τὸν οὐρανὸν καὶ τὴν γῆν.”
Πρῶτον ἀρχὴν καὶ ποίησιν ὠνόμασεν, εἶθ' οὕτως τὸν θεὸν συνέστησεν· οὐ γὰρ ἀργῶς χρὴ καὶ ἐπὶ κενῷ θεὸν ὀνομάζειν. Προῄδει γὰρ ἡ θεία σοφία μέλλειν φλυαρεῖν τινας καὶ πληθὺν θεῶν ὀνομάζειν τῶν οὐκ ὄντων.
Ὅπως οὖν ὁ τῷ ὄντι θεὸς διὰ ἔργων νοηθῇ, καὶ ὅτι ἐν τῷ λόγῳ αὐτοῦ ὁ θεὸς πεποίηκεν τὸν οὐρανὸν καὶ τὴν γῆν καὶ τὰ ἐν αὐτοῖς, ἔφη·
“Ἐν ἀρχῇ ἐποίησεν ὁ θεὸς τὸν οὐρανὸν καὶ τὴν γῆν.”
Ὲἶτα εἰπὼν τὴν ποίησιν αὐτῶν δηλοῖ ἡμῖν· “
Ἡ δὲ γῆ ἦν ἀόρατος καὶ ἀκατασκεύαστος καὶ σκότος ἐπάνω τῆς ἀβύσσου, καὶ πνεῦμα θεοῦ ἐπεφέρετο ἐπάνω τοῦ ὕδατος.”
Ταῦτα ἐν πρώτοις διδάσκει ἡ θεία γραφή, τρόπῳ τινὶ ὕλην γενητήν, ὑπὸ τοῦ θεοῦ γεγονυῖαν, ἀφ' ἧς πεποίηκεν καὶ δεδημιούργηκεν ὁ θεὸς τὸν κόσμον.
| [2,10] Ils ont tous enseigné, d'un commun accord, que Dieu avait tiré toutes choses du néant. Car aucun être n'existait de toute éternité avec Dieu ; mais comme il est à lui-même le lieu qu'il habite, qu'il n'a besoin de rien, qu'il est plus ancien que les siècles, il fit l'homme pour que l'homme le connût ; il lui a préparé le monde pour être son séjour, parce que celui qui est créé a besoin de tout, tandis que l'être incréé n'a besoin de rien. Dieu, qui de toute éternité portait son Verbe dans son sein, l'a engendré avec sa sagesse avant la création. Il s'est servi de ce Verbe comme d'un ministre, pour l'accomplissement de ses oeuvres, et c'est par lui qu'il a créé toutes choses. On l'appelle principe, parce qu'il a l'empire et la souveraineté sur les êtres qu'il a lui-même créés. L'Esprit saint, le principe, la sagesse et la vertu du Très-Haut, descendit dans les prophètes et nous apprit, par leur bouche, la création du monde et les choses passées, qui n'étaient connues que de lui. Quand Dieu créa le monde, les prophètes n'étaient point. Dieu seul était avec sa sagesse qui est en lui et avec son Verbe qui ne le quitte pas. C'est cette sagesse qui s'exprime en ces termes, par le prophète Salomon :
"Lorsqu'il étendait les cieux, j'étais là ; et lorsqu'il posait les fondements de la terre, j'étais auprès de lui."
Moïse, qui vécut longtemps avant Salomon, ou plutôt le Verbe de Dieu lui-même, parle ainsi par sa bouche :
"Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre."
Il a nommé d'abord le principe et la création, puis ensuite Dieu lui-même ; car il n'est pas permis de nommer Dieu légèrement et sans une grave raison. La sagesse divine prévoyait que bien des hommes seraient le jouet de l'erreur, et reconnaîtraient une multitude de dieux qui ne sont pas.
Afin de nous montrer le vrai Dieu dans ses oeuvres, et de nous convaincre que c'est lui qui a créé, par son Verbe, le ciel, la terre, et tout ce qu'ils renferment, les livres saints nous disent :
"Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre."
Puis après avoir raconté cette création, l'Écriture poursuit en ces termes :
"La terre était informe et nue, et les ténèbres couvraient la face de l'abîme, et l'esprit de Dieu reposait sur les eaux."
Voilà ce que nous apprennent d'abord les livres sacrés, afin qu'il soit bien reconnu que Dieu lui-même avait fait cette matière, dont il a créé le monde.
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