HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Synesius de Cyrène (c. 373 - c. 414), Éloge de la calvitie

πᾶσιν



Texte grec :

[6] Ἔξεστι δὲ τοὺς ἐν μουσείῳ θεάσασθαι πίνακας, τοὺς Διογένας λέγω καὶ τοὺς Σωκράτας καὶ τοὺς οὕστινας βούλει τῶν ἐξ αἰῶνος σοφῶν· φαλακρῶν γὰρ ἂν εἶναι δόξειε θέατρον. Ἀπολλώνιος μὴ ἐνοχλείτω τῷ λόγῳ, μηδ´ εἴ τις ἕτερος γόης καὶ περιττὸς τὰ δαιμόνια. καὶ γὰρ οὐκ ὄντες οὗτοι κομῆται δύνανται φαίνεσθαι τὰ πλήθη καταπολιτευόμενοι· τάχα δὲ οὐδὲ σοφία τὸ τῶν γοήτων, τερατουργία δέ τίς ἐστι, καὶ οὐκ ἐπιστήμη τις, ἀλλὰ δύναμις. οὕτω γὰρ οἱ νομοθέται σοφίαν μὲν τῶν τιμιωτάτων ἐνόμιζον· ἐπὶ δὲ τοὺς γόητας ἔτρεφον τοὺς δημίους. ὥστε εἰ καὶ κομήτης ἦν Ἀπολλώνιος, οὐδὲν πρὸς λόγον· καίτοι φίλα μοι πρὸς τὸν ἄνδρα, καὶ βουλοίμην ἂν αὐτὸν εἶναι τοῦ καταλόγου. κινδυνεύει γὰρ ἐκ τῶν εἰρημένων ὑγιῶς ἀντιστρέφειν ὁ λόγος· εἰ σοφός τις, καὶ φαλακρός· εἰ μὴ φαλακρός τις, οὐδὲ σοφός. οὕτω δὲ ἔχει καὶ τὰ δαιμόνων. ὃς τὴν Διονύσου τεθέαται τελετήν, τὸ μὲν ὅσον ἐστὶ τοῦ θιάσου δασὺ τριχί, τῇ μὲν οἰκείᾳ, τῇ δὲ ἀλλοτρίᾳ κατάκομον· Βακχικὸν γὰρ οὐδὲν οὕτως ὡς ἡ νεβρίς· οἱ δὲ καὶ παρὰ τῶν πιτύων κόμας δανείζονται. τούτους μὲν ἅπαντας εἶδεν ἀνασειομένους τε καὶ βρυάζοντας καὶ ἐν ἀκόσμοις σκιρτήμασιν, ὡς ἄν, οἶμαι, τῇ μέθῃ κεκρατημένους, ἥτις ποτέ ἐστιν ἐν τελεταῖς ἡ μέθη· πλὴν ἀλλ´ ἐοίκασιν εἰς τὸ πλημμελὲς ὑπενηνέχθαι τῆς φύσεως. Σειληνῷ δὲ κἀκεῖ καθέδρα καὶ σκύτος ἐστί, καὶ τοῦ Διονύσου παιδαγωγὸς ἀποδέδεικται· ἔδει γάρ, οἶμαι, φαλακρὸν ὄντα νοῦν ἔχειν καὶ σωφρονεῖν ἐν τοσούτοις παρακινήσασι. καίτοι μὴ μικρὸν οἰηθῇς ὑπὸ τοῦ Διὸς ἁπάντων αὐτὸν προτετιμῆσθαι δαιμόνων, παρεῖναι καὶ φρενοῦν αὐτῷ τὸ παιδάριον. δεῖ μὲν γὰρ αὐτῷ καὶ γεύσασθαι τοῦ ζωροῦ, καὶ μανῆναί ποτε φύσεως ἱμέρῳ, καὶ προελθεῖν τὴν παραφοράν, ἐς ὃ τοῖς Βάκχοις συνεξορχήσηται· μετρεῖ δὲ αὐτῷ τὴν μανίαν ὁ Σειληνός, μὴ λάθῃ πολὺς ῥυεὶς ἐπὶ θάτερα, καὶ γένηται τῷ πατρὶ δυσανάγωγος. ἀλλὰ ταχὺ γὰρ ἐντεῦθεν ἐπανακτέον λαβόντας ἀποχρῶν τὸ τεκμήριον, ὡς ἐκεῖ φρένες, ὅθεν οἴχονται τρίχες· ἐκεῖ δὲ τρίχες, ὅθεν οἴχονται φρένες. ταῦτ´ ἄρα καὶ Σωκράτης ὁ Σωφρονίσκου, μέτριος ἐς τἄλλα γενόμενος, καὶ παρ´ ὁντινοῦν οἰκείων ἐπαίνων φεισάμενος, οὐκ ἠδύνατο μὴ φιλοτιμεῖσθαι τῇ πρὸς τὸν Σειληνὸν ὁμοιότητι. ἐν τούτῳ γὰρ ἅπαν ἐνῆν, ὅσον ἐβούλετο νοῦ δοχεῖον αὐτῷ κατασκευάσασθαι τὴν κεφαλήν. ἀλλ´ ὥσπερ ἄλλα πολλὰ τῆς γνώμης Σωκράτους, καὶ τοῦτο τοὺς ἠλιθίους ἐλάνθανεν, ὅτι τῷ Σειληνῷ λίαν ἑαυτὸν ἀπεσέμνυνεν. τὸ δὲ δὴ παιδαρίοις μὲν ἐπιπρέπειν τὴν ἄνθην τῆς κόμης, ἐν ᾧ τοῦ βίου μήπω φρονοῦμεν, τοῦ δὲ γήρως ἀποφοιτᾶν καὶ μὴ περιμένειν ἡλικίαν, ἥτις ἐπιδήλως νοῦν τε καὶ φρόνησιν ἐνοικίζει τῷ ζῴῳ, τί ἂν εἴποις, ἢ καταδικάζειν ἀλογίαν τῆς φύσεως τῶν τριχῶν; εἰ δὲ κομᾷ τις καὶ γέρων, καὶ γὰρ ἀφραίνει τις γέρων, καὶ οὐχ ἅπαντες ἄνθρωποι δήπουθεν ἐπὶ τὴν ἀνθρώπου φθάνουσι τελειότητα. ἔχει μὲν οὖν οὕτως ὡς μὴ περιμένειν ἄλληλα νοῦν τε καὶ κόμην, ἀλλ´, ὥσπερ φωτὶ σκότος, ἐξίστασθαι. ἐπιζητοῦσι δὲ τὴν αἰτίαν ὁ λόγος ἀπορρητότερος. πειρασόμεθα δ´ οὖν ὅσον εἰς τὴν παροῦσαν χρείαν ἀρκεῖ λαβόντες, εὐαγῶς περιστεῖλαι τὸ ὅσον ἀβέβηλον.

Traduction française :

[6] Regardez ces personnages dont les bustes décorent les murs du Musée, les Diogène, les Socrate, et tous les sages de tous les temps: on dirait une assemblée de chauves. Et qu’on ne vienne pas, pour me contredire, citer Apollonius ou tout autre enchanteur habile dans l’art de la magie. Sans être réellement chevelus, ils savent, par de fausses apparences, tromper les yeux du vulgaire; car le magicien n’est pas un sage, mais un faiseur de prestiges; il n’y a point de véritable science dans le pouvoir qu’il possède. Aussi les législateurs tenaient les sages en grand honneur, tandis qu’ils établissaient de sévères châtiments pour les magiciens. Apollonius aurait donc été vraiment chevelu qu’on ne pourrait en rien conclure. Tel qu’il est cependant il me plaît, et j’aimerais de l’inscrire sur la liste des chauves. La proposition que j’ai avancée peut se retourner, et nous dirons justement: « Tous les sages sont chauves », et « Ceux qui ne sont pas chauves ne sont pas sages ». Il en est ainsi même parmi les divinités. Voyez les mystères de Bacchus : tous ceux qui font partie du chœur sont couverts d’un poil épais, naturel ou emprunté; car la peau de faon est l’insigne particulier des adorateurs de Bacchus; quelques-uns même se font une sorte de chevelure avec des branches de pin. Tous ils s’agitent, ils s’ébattent, avec des bonds désordonnés, comme des gens vaincus par l’ivresse, ou du moins par cette sorte d’ivresse que comportent les fêtes sacrées : toujours est-il qu’ils semblent égarés, hors d’eux-mêmes. Quant à Silène, il reste tranquillement assis, vêtu de cuir; on reconnaît en lui le précepteur de Bacchus : en sa qualité de chauve il doit demeurer sage et raisonnable au milieu de tous ces insensés. Ce n’est pas un médiocre honneur d’avoir été choisi par Jupiter, de préférence à tous les dieux, pour accompagner et instruire son jeune fils. Il faut bien que Bacchus connaisse, avec les fumées du vin, les ardeurs d’une gaieté turbulente, et qu’il délire jusqu’à se mêler aux danses des bacchantes. Mais Silène est là pour modérer ses transports, l’arrêter dans ses écarts, et le maintenir docile aux volontés de son père. Est-ce assez clair? Et ne devons-nous pas en tirer cette conséquence que la sagesse exclut les cheveux, et que les cheveux excluent la sagesse? Voilà pourquoi le fils de Sophronisque, Socrate, d’ordinaire si modeste, et de tous les hommes le moins disposé à se vanter, se glorifiait volontiers de sa ressemblance avec Silène : il ne pouvait souhaiter rien de mieux, lui qui faisait de la tête le siège de l’intelligence. Des gens à l’esprit léger, qui souvent ne pénétraient pas le fond de la pensée de Socrate, ne pouvaient comprendre pourquoi il aimait à se comparer à Silène. Si la chevelure est abondante à l’époque de la jeunesse, quand la raison n’est pas encore venue, si elle tombe à l’approche de la vieillesse et disparaît avant les années qui apportent la sagesse et la prudence, n’est-ce pas la preuve que les cheveux sont d’une nature toute matérielle? — Mais on voit des vieillards chevelus. — Oui, sans doute, mais il y a des vieillards insensés, et tous les hommes n’atteignent pas à l’humaine perfection. Il faut bien le reconnaître, la chevelure et l’intelligence ne peuvent coexister; elles se repoussent l’une l’autre, comme le jour et la nuit. Cette opposition, si l’on veut en rechercher la cause, tient à une raison mystérieuse. Tout en disant ce qu’exige notre sujet, nous aurons soin de taire ce qui ne doit pas être révélé.





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Dernière mise à jour : 17/07/2008