HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Synesius de Cyrène (c. 373 - c. 414), Éloge de la calvitie

θηρίων



Texte grec :

[5] Οὑμὸς οὖν λόγος ὁριεῖ πάντων ἥκιστα χρῆναι φαλακρὸν ἄνδρα αἰσχύνεσθαι. τί γάρ, εἰ ψιλὴν μὲν ἔχει τὴν κεφαλήν, λάσιον δὲ τὸ φρονοῦν, οἷον τὸν Αἰακίδην ἡ ποίησις ὕμνησεν; ἀλλ´ οὗτός γε ἠμέλει τῶν τριχῶν, ἃς καὶ δωρεῖται νεκρῷ. νεκρὸν γάρ τι καὶ αὗται, καὶ τοῖς ζῶσιν οὐ ζῶντα μέρη παρήρτηνται. ταύτῃ τῶν ζῴων τὰ ἀλογώτερα κατὰ παντὸς αὐτὰς ἠμφίεσται τοῦ σώματος· ἄνθρωπος δέ, ἐπεὶ μετείληφεν ἐναργεστέρας ζωῆς, γυμνός ἐστι τῷ πλείστῳ τοῦ συμφυοῦς φορτίου· ἵνα δὲ μὴ ἀνεπίμνηστον ὂν τῆς πρὸς τὰ θνητὰ κοινωνίας ἀλαζονεύηται, μέρεσιν ὀλίγοις κομῷ. ὅστις οὖν οὐδὲ τοῖς ὀλίγοις κομᾷ, τοῦτ´ ἔστι πρὸς ἕτερον ἄνθρωπον, ὅπερ ἄνθρωπος πρὸς θηρίον. ὥσπερ δὲ ἄνθρωπος τῶν ἐπὶ γῆς φρονιμώτατόν τε ὁμοῦ καὶ ψιλότατον, οὕτως ὁμολογεῖται μὲν τῶν βοσκημάτων ἁπάντων πρόβατον ἠλιθιώτατον εἶναι· τοῦτο δέ ἐστιν ὃ μὴ διακεκριμένας, ἀλλὰ κατὰ συστήματα τὰς τρίχας ἀνίησιν· ὥστε κινδυνεύει τὸ τῶν τριχῶν τοῦτο πρᾶγμα πόλεμον ἔχειν πρὸς φρόνησιν· οὐδενὶ γὰρ ἐθέλουσιν ἅμα συγγίνεσθαι. εἰ δὲ δεῖ τι συντελέσαι καὶ κυνηγέταις· φίλοι γὰρ οἱ ἄνδρες, καὶ ἣν μετέρχονται τέχνην· ἐκεῖναι σοφώταται τῶν κυνῶν, ὧν ὦτα καὶ γαστέρες ψιλαί· αἱ λάσιοι δὲ ἔμπληκτοι καὶ θρασεῖαι, καὶ βελτίους εἰσὶν ἀποῦσαι τῆς θήρας. εἰ δὲ καὶ Πλάτων ὁ σοφὸς τῆς συνωρίδος, ἣν ἐλαύνει ψυχή, τὸν ἄδικον ἵππον περὶ ὦτα λασιόκωφον λέγει, τί καὶ καλὸν ἐννοεῖ περὶ τῶν τριχῶν; ἀλλὰ καὶ μὴ λέγοντος Πλάτωνος, ἀνάγκη κωφὸν εἶναι τὸν ταύτῃ λάσιον, ὅθεν ἀκούομεν, ὥσπερ τυφλὸν τὸν ταύτῃ λάσιον, ὅθεν ὁρῶμεν. τοῦτο μὲν οὖν εἰ γένοιτο, τέρας ἐστίν. ἤδη δὲ ἀνεφύτην ἐπὶ βλεφάρου δίδυμοι τρίχες, καὶ δοκεῖ τὸ ἔσχατον εἶναι κακῶν, παρῳκηκέναι τῷ ὀφθαλμῷ τρίχας, ἐφ´ ἃς ἅπασα τέχνη καὶ βία κινεῖται, μὴ φθάσωσι τὸν ὀφθαλμὸν ἐξορύξασαι. οὐ γὰρ ἀνέχεται τοῖς τιμιωτάτοις ἡ φύσις συνόντα τὰ ἀτιμότατα. τιμιώτατα δὲ τοῦ ζῴου τὰ αἰσθητήρια, καὶ οἷς μάλιστα τῶν τοῦ σώματος μορίων ζῷόν ἐστι· πρώτοις γὰρ αὐτοῖς ἡ ψυχὴ τὰς ἑαυτῆς δυνάμεις ἐμέρισεν· ὄψις δὲ τὸ πάντων θειότατον, ἀλλά τοι καὶ τὸ ψιλότατον. πάλιν οὖν ὥσπερ ἑνὸς ἀνθρώπου τὰ τιμιώτατα φαλακρότατα, οὕτως ἔχειν ἀνάγκη πρὸς αὐτὸ τὸ γένος αὐτοῦ τοῦ γένους τὰ κράτιστα. τουτὶ δὲ μικρῷ πρόσθεν ἐδεικνύετο, καὶ δι´ ὁλοκλήρου τοῦ γένους, ὃ τοσοῦτον ἀναχωρεῖ θηρίων ὅσον τριχῶν. εἰ δὴ ζῴων μὲν ἁπάντων ἱερώτατον ἄνθρωπος, ἀνθρώπων δέ, οἷς ὑπῆρξεν εὐμοιρῆσαι τὴν ἀποβολὴν τῶν τριχῶν, φαλακρὸς ἂν εἴη τῶν ἐπὶ γῆς τὸ θειότατον.

Traduction française :

[5] Je prétends donc établir qu’un chauve n’a pas du tout à rougir. Qu’importe en effet qu’il ait la tête nue, s’il a l’intelligence velue, comme ce descendant d’Éaque qu’a chanté le poète? Il faisait si peu de cas de ses cheveux qu’il les sacrifiait pour un mort. Morts eux-mêmes sont les cheveux; car les poils ont beau pousser sur les êtres vivants, ils sont privés de vie. Plus un animal en est recouvert, moins il a d’intelligence. L’homme, qui jouit d’une vie plus élevée, est presque entièrement exempt de ce fardeau qui croit avec nous; mais il concevrait trop de vanité s’il n’avait rien de commun avec les espèces inférieures : voilà pourquoi il a du poil sur quelques parties du corps. Que l’on n’en ait pas du tout, et l’on est au-dessus des autres hommes comme l’homme est au-dessus de la bête. De tous les êtres qui vivent sur la terre l’homme est celui qui a le plus d’intelligence et le moins de poil; mais tout le monde convient que de tous les animaux le plus stupide c’est le mouton: or voyez comme est fournie, comme est épaisse sa toison. Il semble donc bien que poil et raison ne s’accordent point; nulle part on ne les trouve réunis. Si je consulte l’expérience des chasseurs, car je me plais avec eux et j’aime leur art, les chiens les plus sagaces sont ceux qui ont les oreilles et le ventre ras ; ceux qui ont le plus de poil s’emportent follement; il vaut mieux ne pas les employer à la chasse. Quand le sage Platon nous dit que des deux chevaux attachés au char de l’âme celui qui est mauvais a les oreilles sourdes et velues, tient-il donc en si haute estime la chevelure? Mais qu’avons-nous besoin du témoignage de Platon? N’est-il pas clair que l’on est sourd si les poils envahissent l’organe de l’ouïe, comme on serait aveugle s’ils envahissaient celui de la vue? Des yeux velus, voilà qui serait monstrueux. Il est arrivé quelquefois que les paupières se garnissaient d’une seconde rangée de cils, dont le contact est pour l’œil un grave danger; on finirait par le perdre si l’art ne parvenait à extirper ces cils. La nature ne permet pas que ce qu’il y a de plus noble soit associé à ce qu’il y a de plus vil : or ce que l’être animé a de plus noble, ce sont les organes des sens et certaines parties essentielles du corps auxquelles il doit surtout sa qualité d’être animé. L’âme distribue ses pouvoirs entre ces agents: comme le sens de la vue est le premier de tous, il est aussi celui qui est le plus exempt de poils. Il suit de là que si, chez l’individu, les parties les plus distinguées sont les plus lisses, dans le genre humain l’excellence doit être le partage de ceux qui sont chauves. Cette vérité, que j’exprimais tout à l’heure, est évidente, si l’on considère notre espèce, exempte de la stupidité des bêtes aussi bien que de leur poil épais. Si parmi les animaux l’homme tient le premier rang, parmi les hommes celui qui aura l’heureuse fortune de perdre ses cheveux, le chauve, est ce qu’il y a de plus vénérable ici-bas.





Recherches | Texte | Lecture | Liste du vocabulaire | Index inverse | Menu | Site de Philippe Remacle

 
UCL |FLTR |Itinera Electronica |Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Responsable académique : Alain Meurant
Analyse, design et réalisation informatiques : B. Maroutaeff - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 17/07/2008