HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Synesius de Cyrène (c. 373 - c. 414), Dion ou traité de sa vie (texte complet)

παρείκοι



Texte grec :

[18] Ἐγὼ τοίνυν πρὸς μὲν γὰρ ἄλλον οὐδένα νεανιεύσομαι, πρὸς σὲ δὲ τάγε ἀληθῆ· πολλάκις οὐδὲ περιμένειν ἀξιῶ τοῦ βιβλίου τὴν συμφοράν, ἵν´ ἀγαθόν τί μοι γένηται, ἀλλ´ αὐτὸς ἀνέχω τοὺς ὀφθαλμούς, καὶ τῷ συγγραφεῖ προσγυμνάζομαι, μηδ´ ἀκαρῆ διαλιπών, ἀλλ´ ἐφιεὶς τῷ καιρῷ, καὶ εἴρων ὥσπερ ἑξῆς ἀναγινώσκων ἀπὸ τῆς διανοίας, ὅ τί μοι δοκεῖ τὸ ἀκόλουθον εἶναι, κᾆτα ἐξετάζω πρὸς τὰ γεγραμμένα τὰ λελεγμένα· καὶ πολλάκις μὲν οἶδα τυχὼν τοῦ αὐτοῦ μὲν νοῦ, τῆς αὐτῆς δὲ καὶ λέξεως· ἤδη δέ ποτε τοῦ μὲν ἐνθυμήματος εὔστοχος γέγονα, ὅ τι δὲ καὶ παραλλάττοι τῆς λέξεως, ἀλλ´ ὅ τι μάλιστα εἴκαστο πρὸς τὴν ἁρμονίαν τοῦ συγγράμματος. εἰ δὲ καὶ ὁ νοῦς ἕτερος, ἀλλὰ πρέπον γε ἐκείνῳ τἀνδρὶ τῷ τὸ βιβλίον ποιήσαντι, καὶ ὃν οὐκ ἀπηξίωσεν, εἰ ἐνεθυμήθη· ἤδη δέ ποτε οἶδα, περικαθημένων ἀνθρώπων ἐτύγχανον μὲν τῶν εὐγενῶν καὶ στασίμων τι συγγραμμάτων ἔχων ἐν ταῖν χεροῖν, δεομένων δὲ ἀναγινώσκειν εἰς κοινὴν ἀκοὴν ἐποίουν οὕτως· εἰ δέ ποτε παρείκοι, προσεξεῦρον ἄν τι καὶ προσηρμήνευσα· οὐ μὰ τὸν λόγιον, οὐκ ἐπιτηδεύσας, ἀλλ´ ἐπελθὸν οὕτως συνεχώρησα τῇ γνώμῃ τε καὶ τῇ γλώττῃ. καὶ δῆτα θόρυβος ἤρθη πολύς, καὶ σκότος ἐρράγη τὸν ἄνδρα ἐπαινούντων ἐκεῖνον, ὅτου τὸ σύγγραμμα ἦν, ἐπ´ αὐταῖς οὐχ ἥκιστα ταῖς προσθήκαις. οὕτω μοι τὴν ψυχὴν ὁ θεὸς ἁπαλὸν ἐκμαγεῖον ἐποίησε τῶν ἐν λέξεσί τε καὶ ἤθεσι χαρακτήρων· εἰ δὲ καὶ τῷ τοῖς ἀδιορθώτοις τῶν βιβλίων ἐγγεγυμνάσθαι τὴν προσοχὴν ἐπέτεινον, εἰς τοῦτο ἂν τὴν ἕξιν προσήγαγεν ἡ φύσις πειρωμένῳ. τοὺς ἐξηυλημένους τὰ ὦτα παραπέμπει τις ἠχὼ καὶ πεπαυμένου τοῦ μέλους, καὶ μένουσι χρόνον ὑπόσυχνον τοῖς αὐλήμασι κατακώχιμοι. ἐγὼ δὴ θαμὰ καὶ τραγῳδίαις ἐπετραγῴδησα, καὶ κωμῳδίαις ἐπιστωμύλλομαι πρὸς τὸν πόνον ἑκάστου τοῦ γράψαντος. εἴποις ἂν ἡλικιώτην εἶναι νῦν μὲν Κρατίνου καὶ Κράτητος, νῦν δὲ Διφίλου τε καὶ Φιλήμονος, καὶ οὐδ´ ἔστιν ἰδέα φιλομετρίας τινὸς ἣ ποιήσεως, πρὸς ἥντινα οὐ διαίρομαι καὶ ἐπεξάγω τὴν πεῖραν, καὶ ὅλα συγγράμματα πρὸς ὅλα ποιῶν, καὶ τεμαχίοις παραβαλλόμενος· παντοδαπῶν τε ὄντων τῶν λεκτικῶν χαρακτήρων καὶ πλεῖστον διαφερόντων, ἐν ἑκάστῃ τῶν μιμήσεων προσηχεῖν ἀνάγκη καὶ τοὐμὸν ἴδιον, ὥσπερ ἡ ὑπάτη χορδὴ τὸν ῥυθμὸν αὐτὴ μένουσα παραβομβεῖ κινουμένῳ τῷ μέλει.

Traduction française :

[18] Pour moi, je n’irai pas me vanter à d’autres personnes, mais voici ce que je puis te dire en toute vérité. Souvent, quand je lis un livre, je n’attends pas ce que va dire l’auteur; mais je lève les yeux, et, m’inspirant de l’ouvrage, j’en compose moi-même la suite, sans hésiter, comme si je continuais ma lecture, et d’après l’enchaînement naturel des pensées. Puis je compare mon improvisation avec le texte que j’ai sous les yeux, et je me souviens d’avoir souvent rencontré, non seulement les mêmes idées, mais encore les mêmes expressions. D’autres fois j’ai deviné le sens avec tant de bonheur, que malgré la différence des mots il y avait toujours unité de composition. Les idées quelquefois n’étaient pas identiques; mais alors même les miennes s’accordaient encore avec l’esprit général du livre, et si elles se fussent présentées à l’auteur il ne les eût pas dédaignées. Je me souviens aussi que me trouvant en société, comme je tenais entre les mains l’ouvrage d’un écrivain distingué, on me priait de lire tout haut: j’obéissais; si l’occasion s’en présentait, j’ajoutais quelque passage de mon invention, et cela sans effort, j’en prends à témoin le dieu de l’éloquence; je n’avais qu’à donner libre carrière à mon imagination et à ma langue. Bientôt s’élevait de tous côtés un murmure flatteur; puis éclataient des applaudissements adressés à l’auteur du livre, mais provoqués surtout par les additions mêmes: tant mon esprit est un miroir fidèle et du style et des pensées. Je pouvais prendre, pour m’exercer, des exemplaires incorrects, mon succès n’en était pas moins assuré. Quand on vient d’entendre jouer de la flûte, même après que l’instrument s’est tu, quelque temps encore on a le son dans les oreilles. Souvent avec les tragiques j’ai parlé le langage pompeux de la tragédie; j’ai badiné avec les comiques, réglant mon ton sur celui de chaque écrivain. On me croirait l’égal, tantôt de Cratinus ou de Cratès, tantôt de Diphile ou de Philémon; il n’est aucune espèce de mètre, aucun genre de poésie où je ne puisse porter mes tentatives, soit que j’oppose un ouvrage à un ouvrage, soit que je lutte contre un fragment. Si nombreuses, si diverses que soient les formes de style, il faut que je les reproduise fidèlement : c’est ainsi que la dernière corde de la lyre résonne dès que les autres cordes sont touchées.





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Dernière mise à jour : 10/07/2008