HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Synesius de Cyrène (c. 373 - c. 414), Dion ou traité de sa vie (texte complet)

λυπεῖ



Texte grec :

[12] Ἠγώνισταί γε πρὸς τοὺς ἀμούσους ὑπὲρ Μουσῶν, οἳ κακοήθως ἀποδιδράσκουσι τὸν ἔλεγχον τῆς ἀμαθίας, τῷ καταφεύγειν ἐπὶ τὴν λοιδορίαν ὧν ἠγνοήκασιν. εἰ δή τι καὶ σπουδαιότερον εἴρηται παρὰ τὴν πρώτην ὑπόσχεσιν, τὶ μὲν ἂν γένοιτο καὶ σπουδαῖον παιζόντων· οὐ μὴν ἔστι τι ποιεῖν μὴ ἀπὸ πάσης τῆς ἕξεως, ἀλλ´ εἰ τῷ πλέονι παίζομεν, οὐ τοῦ παντὸς ἁμαρτάνομεν. παιδιᾷ γὰρ παρεμβαλλόμεθα, ἐνδοθείσῃ μὲν ἀπὸ τοῦ δεῖν εὑρέσθαι τινὰ παρ´ ἐμοῦ μαρτυρίαν τὸν Δίωνα, ἵνα μοι γένοιτο καὶ τῆς φιλίας αὐτοῦ κληρονόμος ὁ παῖς ὁ μοιρίδιος, δραμούσῃ δὲ ἐπὶ πολλὰ καὶ δρόμους παντοίους· ἀόριστοι γὰρ αἱ τῶν παιζόντων ὁρμαί. τοιοῦτόν ἐστιν ἀγρὸς καὶ ἐλευθερία, καὶ τὸ μὴ πρὸς ὕδωρ εἰρησομένους γράφειν τοὺς λόγους. ὡς εἶδον ἐγὼ δικαστὴν ἐφέτην μετροῦντα τὸν χρόνον τοῖς ἀγορεύουσιν· αὐτὸς μέντοι τοῦ προσμεμετρημένου τὸ μέν τι κατεδάρθανε, τὸ δὲ μάτην ἐγρηγόρει, καὶ ἀπῆν ὡς πορρωτάτω τοῦ πράγματος· ἀλλ´ οὐδὲν ἧττον ὁ ῥήτωρ ἠγόρευεν, ὡς ὑπ´ ἀνάγκης σιωπησόμενος αὐτίκα· ἐμὲ δὲ ἀφίησι καὶ οὐ στενοχωρεῖ προθεσμία τῷ μήτε πρὸς οὕτως ἄτοπον παρασκευάζεσθαι δικαστήν, ἀλλὰ μηδὲ μέλλειν εἰς δικαστήριον ἀγνωμονέστερον εἰσιέναι τὸ θέατρον, θυροκοπήσαντα καὶ ἐπαγγείλαντα τοῖς ἐν ἄστει μειρακίοις ἀκρόαμα ἐπιδέξιον· ὡς σχέτλιά γε τῶν δεικνύντων ἐν τοῖς θεάτροις τοὺς λόγους. ὃν γὰρ δεῖ τοσούτοις ἀρέσκειν ἀνομοίως διακειμένοις, πῶς οὐκ ἀνεφίκτων ἐρᾷ; οὗτος οὖν ἐστιν ὁ δημολόγος ἀτεχνῶς, ὁ δοῦλος ὁ δημόσιος, ὁ πᾶσιν ἐκκείμενος, ὃν ἔξεστι τῷ βουλομένῳ διαθεῖναι κακῶς. κἂν γελάσῃ τις, ὁ σοφιστὴς τέθνηκεν· καὶ τὸν σκυθρωπὸν ὑποπτεύει· σοφιστὴς γάρ ἐστι κἂν ὁτιοῦν γένος λόγων προστήσηται, δόξαν ἀντ´ ἀληθείας ἐρανιζόμενος. λυπεῖ δὲ αὐτὸν καὶ ὁ πάνυ προσέχων τὸν νοῦν, ὡς λαβὴν θηρώμενος, ἀλλ´ οὐδὲν ἧττον ὁ περιδινῶν ἁπανταχόσε τὴν κεφαλήν, ὡς οὐκ ἀξιῶν ἀκοῆς τὰ δεικνύμενα. καίτοιγε οὐκ ἐν δίκῃ πικρῶν τυγχάνει τῶν δεσποτῶν, ὅστις πολλὰς μὲν νύκτας ἀύπνους ἀνέτλη, πολλὰς δὲ ἡμέρας παρετάθη, καὶ μικροῦ δεῖν ἀπεστάλαξε τὴν ψυχὴν ὑπό τε λιμοῦ καὶ φροντίδων, ἵν´ ἀγαθόν τι συλλέξηται· καὶ ἥκει φέρων ἄκουσμα χάριέν τε καὶ ἡδὺ τοῖς ἀγερώχοις αὑτοῦ παιδικοῖς, δι´ οὓς ἔχει μὲν πονήρως, σκήπτεται δὲ ὑγιαίνειν. ὁ δὲ καὶ ἐλούσατο πρὸ τῆς κυρίας, καὶ εἰς αὐτὴν ἀπήντησεν, ἐσθῆτι καὶ σχήματι σοβαρός, ἵνα καὶ θέαμα καλὸν ᾖ, καὶ προσγελᾷ τῷ θεάτρῳ, καὶ χαίρει δῆθεν, ἡ δὲ ψυχὴ κατατείνεται, ἐπεὶ καὶ τραγακάνθης ἐδήδοκεν, ἵνα τορόν τε καὶ εὔηχες φθέγξηται. τοῦτο μὲν οὖν οὐδ´ ἂν ὁ σεμνότατος αὐτῶν προσποιήσαιτο, μὴ οὐ πάνυ μέλειν αὐτῷ, καὶ πεπραγματεῦσθαι τὰ περὶ τὴν φωνήν, ὅς γε καὶ μεταξὺ τῆς ἐπιδείξεως ἐστράφη, καὶ τὸ ληκύθιον ᾔτησε, καὶ ὁ μὲν ἀκόλουθος ὤρεξεν· ἐκ πολλοῦ γὰρ καὶ παρεσκεύασεν· ὁ δέ, ἀπορροφεῖ τε καὶ ἀνακογχυλίζει, τοῦ νεαρῶς ἐπιτίθεσθαι τοῖς μέλεσι· τυγχάνει δὲ οὐδ´ ὣς ἀκροατῶν ἵλεων ὁ δύστηνος ἄνθρωπος, ἀλλὰ βούλοιντο μὲν ἂν αὐτὸν ἐξᾷσαι· γελῷεν γὰρ ἄν· βούλοιντο δ´ ἂν καὶ διάραντα μόνον, ὥσπερ ἀνδριάντα, τὸ στόμα καὶ τὴν χεῖρα, ἔπειτα ἀφωνότερον ἀνδριάντος γενέσθαι· ἀπαλλαγεῖεν γὰρ ἂν πάλαι δεόμενοι. ἐγὼ δὲ ἐπ´ ἐμαυτοῦ γὰρ ᾄδω, καὶ ταῖσδε ταῖς κυπαρίττοις προσᾴδω, ὕδωρ δὲ τουτὶ θεῖ διᾴττον δρόμον οὐ μεμετρημένον, οὐδὲ πρὸς κλεψύδραν ταμιευόμενον, ὅ τις ἂν καὶ ὑπηρέτης μειαγωγήσῃ δημόσιος. ἀλλ´ ἐγὼ μὲν εἰ μήπω παύομαι, ἀλλ´ αὐτίκα πεπαύσομαι· εἰ δὲ μή, καὶ μετὰ πλεῖστον· οὐ μὲν δὴ καὶ εἰς νύκτα γε ᾄσομαι. τὸ δὲ καὶ πεπαυμένου ῥεῖ, καὶ ῥυήσεται καὶ νύκτωρ καὶ μεθ´ ἡμέραν, καὶ εἰς νέωτα, καὶ ἀεί. τί οὖν με δεῖ προθεσμίᾳ δουλεύειν, ἐξὸν ἐμφορεῖσθαι τῆς αὐτονομίας, καὶ περιάγειν τοὺς λόγους, ᾗ μοι δοκοῦσιν ἀκτέοι, οὐ κρινομένῳ πρὸς ὀλιγωρίαν ἀκροατῶν, ἀλλ´ ἐμαυτὸν ἔχοντι μέτρον; ἐμοὶ γὰρ δὴ ταύτην ἔδωκε τὴν μοῖραν ὁ θεός, ἀδέσποτον εἶναι καὶ ἄφετον, ὃς οὐδὲ τρεῖς οὐδὲ δύο περιεποιησάμην ἐμαυτοῦ μαθητὰς εἶναι, δι´ οὓς ἂν ἐδέησεν εἰς ἀποδεδειγμένον χωρίον φοιτᾶν, καὶ περὶ συγκειμένων πρὸς αὐτοὺς διαλέγεσθαι· ἠπιστάμην γὰρ πολὺ τῆς ἐλευθερίας ὑποτεμούμενος, εἰ πρῶτον μὲν ἀνάγκην ἕξω βιβλίον ἐξονυχίζειν, ὑφ´ οὗ γίνεται τὸ κατὰ μνήμην ἐνεργεῖν, τὴν δὲ ἐπιβολὴν ἀγύμναστον εἶναι καὶ ἄγονον, ἣν δεῖ κριτὴν εἶναι βιβλίων, ἐπειδὴ κατὰ τοῦτο ὁ φιλόσοφος μᾶλλον· ἐκεῖνο δὲ ἀποδεδόσθω γραμματικοῖς.

Traduction française :

[12] Je viens de plaider la cause des Muses contre leurs grossiers détracteurs; pour échapper au reproche d’ignorance, ils prennent le parti de dénigrer les études auxquelles ils sont étrangers. Si j’ai traité quelques questions plus sérieuses que ne semblait le comporter mon sujet, c’est qu’on peut être parfois sérieux tout en badinant. L’uniformité n’est pas nécessaire; si le badinage domine, l’œuvre se justifie dans son ensemble. Nous mêlons le plaisant au sévère; le sujet s’y prêtait. Je tenais à dire combien je fais cas de Dion, afin que le fils dont j’attends la naissance hérite de mes sympathies. J’ai laissé errer ma pensée vagabonde; quand on suit sa fantaisie, on va un peu à l’aventure: c’est comme une libre promenade à travers la campagne. Rien de plus agréable que de pouvoir discourir tout à son aise, sans calculer les heures qui s’écoulent. J’ai vu souvent un juge mesurer le temps aux avocats; puis, pendant les plaidoiries il dormait, ou, s’il restait éveillé, c’était pour penser tout autre chose: l’orateur cependant allait son train, pour avoir fini dans le temps prescrit. Pour moi je suis libre, les instants ne me sont pas comptés; je n’ai pas à parler devant un juge aussi inepte; je ne dois pas non plus monter sur le théâtre après avoir été, de porte en porte, inviter les jeunes gens de la ville, en leur promettant une séance charmante. Parler pour la foule, ô le misérable métier! En effet, s’efforcer de plaire à tant d’esprits différents, n’est-ce pas tenter l’impossible? L’orateur de théâtre, véritable esclave du public, ne s’appartient plus : chacun peut à son gré le tourmenter. Qu’un auditeur se mette à rire, le sophiste est perdu; il s’épouvante devant un visage morose. Il est toujours sophiste, quelque sujet qu’il traite; il ne se soucie que de l’opinion et non de la vérité. Si on l’écoute avec trop d’attention il s’imagine que c’est pour le critiquer; si l’on tourne la tête de côté et d’autre, c’est qu’on s’ennuie de l’entendre. Il mérite pourtant des maîtres indulgents, celui qui sacrifie ses nuits, qui use ses jours à travailler, qui s’est consumé, pour ainsi dire, de fatigue et de faim, pour composer un beau discours. Il vient ensuite devant cette dédaigneuse jeunesse dont il veut charmer les oreilles; il est malade, mais il affecte les dehors de la santé. Après s’être baigné la veille, il se présente, au jour marqué, devant le public: coquet, pimpant, il déploie toutes ses grâces; il se tourne vers l’assistance, le sourire sur les lèvres; joyeux en apparence, il est déchiré d’inquiétudes secrètes. Il mâche de la gomme pour se donner une voix forte et claire : car le sophiste, même le plus sérieux, se fait une grande affaire de sa voix, et ne saurait dissimuler le soin qu’il en prend. Au milieu de son discours, il s’arrête pour demander un breuvage préparé d’avance: un serviteur le lui présente; il boit, il s’humecte le gosier pour mieux débiter ses phrases mélodieuses. Mais il ne peut cependant, le malheureux, gagner la bienveillance de son public : les auditeurs attendent avec impatience qu’il ait fini, pour rire en liberté; ils voudraient le voir, la bouche ouverte et le bras tendu, garder tout à la fois l’attitude et le mutisme d’une statue: excédés d’ennui, ils pourraient enfin partir. Moi je ne chante que pour mon plaisir: tandis que je m’adresse aux arbres, le ruisseau qui coule devant moi poursuit sa course sans jamais se tarir: ce n’est point comme l’eau de la clepsydre que d’une main avare mesure l’appariteur public. Je puis chanter quelques instants seulement ou pendant des heures entières : qu’importe? Je m’arrête quand je veux, et le ruisseau coule encore, et il continuera de couler jour et nuit, et l’année prochaine, et toujours. Pourquoi me laisserais-je imposer l’heure et le sujet de mes discours, quand je peux jouir d’une entière indépendance et parler à mon gré sur tout ce qui me plaît ? Je n’ai point à vaincre l’indifférence d’un auditoire dédaigneux; je ne relève que de moi-même : grâce à Dieu, je suis libre, exempt de toute servitude. Je ne voudrais pas me faire deux ou trois disciples, ni subir l’obligation de monter, à l’heure dite, en chaire, et d’y parler pour un prix convenu. Je sais que je ne m’appartiendrais plus si j’avais à donner mes soins à la composition d’un ces livres bons peut-être pour exercer la mémoire, mais qui laissent inactive et stérile la pensée, c’est-à-dire la faculté même qui juge les livres, et sans laquelle il n’est point de philosophe. Laissons ce genre d’occupations aux grammairiens;





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Dernière mise à jour : 10/07/2008