HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Synesius de Cyrène (c. 373 - c. 414), Dion ou traité de sa vie (texte complet)

λαβὴν



Texte grec :

[8] Ἐγὼ δὲ βουλοίμην μὲν ἂν εἶναι τῆς φύσεως ἡμῶν, ἀεὶ πρὸς θεωρίαν ἀνατετάσθαι· ἀμηχάνου δὲ ὄντος τε καὶ πεφηνότος, βουλοίμην ἂν ἐν τῷ μέρει μὲν ἔχεσθαι τῶν ἀρίστων, ἐν τῷ μέρει δὲ κατιὼν εἰς τὴν φύσιν, ἅπτεσθαί τινος εὐφροσύνης καὶ ἐπαλείφειν εὐθυμίᾳ τὸν βίον· ἐπίσταμαι γὰρ ἄνθρωπος ὤν, καὶ οὔτε θεός, ἵνα δὴ καὶ ἀκλινὴς εἴην πρὸς ἅπασαν ἡδονήν, οὔτε θηρίον, ἵνα τὰς σώματος ἡδοίμην ἡδονάς. λείπεται δή τι τῶν ἐν μέσῳ ζητεῖν. τί δ´ ἂν εἴη πρὸ τῆς ἐν λόγοις τε καὶ περὶ λόγους διατριβῆς; τίς ἡδονὴ καθαρωτέρα; τίς ἀπαθεστέρα προσπάθεια; τίς ἧττον ἐν ὕλῃ; τίς μᾶλλον ἀμόλυντος; ταύτῃ δὴ πάλιν τὸν Ἕλληνα τοῦ βαρβάρου πρῶτον ἄγω, καὶ σοφώτερον τίθημι, ὅτι κατιέναι δεῆσαν, ὁ μὲν ἐν γειτόνων ἔστη τὴν πρώτην· εἰς ἐπιστήμην γὰρ ἔστη. ἐπιστήμη δὲ νοῦ διέξοδος· κᾆτα εἰς λόγον ἦλθεν ἄλλον ἀπ´ ἄλλου, δι´ ὧν καὶ προῆλθε. τί δ´ ἂν εἴη λόγου νῷ συγγενέστερον; τί δὲ πορθμεῖον ἐπὶ νοῦν οἰκειότερον; ὡς ὅπου λόγος, ἐκεῖ που καὶ νοῦς· εἰ δὲ μή, πάντως τις εἴδησις, ἐν ὑστέροις νόησις οὖσα. καὶ γὰρ ἐνθάδε καλοῦνταί τινες θεωρίαι καὶ θεωρήματα ἔργα ἐλάττονος νοῦ, ῥητορικά τε καὶ ποιητικά, καὶ ἐν φύσει καὶ ἐν μαθήμασιν· ἀλλά τοι πάντα ταῦτα κοσμεῖ τὸ ὄμμα ἐκεῖνο, καὶ ἀφαιρεῖ τὴν λήμην, καὶ διεγείρει κατὰ βραχὺ προσεθίζοντα τοῖς ὁράμασιν, ὥστε θαρσῆσαί ποτε καὶ πρεσβύτερον θέαμα, καὶ μὴ ταχὺ σκαρδαμύξαι πρὸς ἥλιον ἀτενίσαντα. οὕτω μὲν ἀνὴρ Ἕλλην καὶ οἷς τρυφᾷ τὴν ἐπιβολὴν γυμνάζει, καὶ ἀπὸ τῆς παιδιᾶς εἰς τὴν πρώτην ὑπόθεσιν ὄφελος ἄρνυται. καὶ γὰρ τὸ κρῖναι καὶ συνθεῖναι λόγον ἢ ποίησιν, οὐκ ἔξω νοῦ· καὶ τὸ λέξιν καθῆραί τε καὶ ἀποσμιλεῦσαι, καὶ τὸ κεφάλαιον ἐξευρεῖν τε καὶ τάξαι, καὶ ἑτέρου τάξαντος αὐτὸν ἐπιγνῶναι, πῶς ταῦτα καὶ ἀσπούδαστα παίγνια; οἱ δὲ τὴν ἑτέραν ὁδὸν τὴν ἀξιουμένην ἀδαμαντίνην εἶναι βαδίσαντες· ὑποκείσθω δέ, ὅπερ ἐστίν, ἐνίους αὐτῶν τυγχάνειν τοῦ τέλους· ἀλλ´ ἔμοιγε οὐδὲ ὁδὸν δοκοῦσι βεβαδικέναι. πῶς γάρ, ἐν ᾗ μηδεμία φαίνεται κατὰ βραχὺ πρόοδος, μηδὲ πρῶτον καὶ δεύτερον, μηδὲ τάξις; ἀλλ´ ἔοικε γὰρ τὸ κατ´ αὐτοὺς πρᾶγμα βακχείᾳ καὶ ἅλματι μανικῷ δή τινι καὶ θεοφορήτῳ, καὶ τὸ μὴ δραμόντας εἰς τὸν ἔσχατον ἥκειν, καὶ μὴ κατὰ λόγον ἐνεργήσαντας εἰς τὸ ἐπέκεινα λόγου γενέσθαι. οὐδὲ γάρ ἐστιν οἷον ἐπιστασία τῆς γνώσεως, ἢ διέξοδος νοῦ, τὸ χρῆμα ἱερόν, οὐδὲ οἷον ἄλλο ἐν ἄλλῳ· ἀλλ´, ὡς μικρῷ μεῖζον εἰκάσαι, καθάπερ Ἀριστοτέλης ἀξιοῖ τοὺς τελουμένους οὐ μαθεῖν τί δεῖν, ἀλλὰ παθεῖν καὶ διατεθῆναι, δηλονότι γενομένους ἐπιτηδείους· καὶ ἡ ἐπιτηδειότης δὲ ἄλογος· εἰ δὲ μηδὲ λόγος αὐτὴν παρασκευάζοι, πολὺ μᾶλλον. τούτοις οὖν καὶ ἡ κάθοδος εὐθὺς ἐπὶ σμικράν τινα πρᾶξιν, ἄμεσος αὕτη καὶ πολὺ πόρρω, καὶ ἔοικε πτώματι, καθάπερ τὴν ἀναδρομὴν εἰκάζομεν ἅλματι· οὓς γὰρ οὐ προὔπεμψε λόγος, τούτους οὐδὲ ἐπανιόντας ἐδέξατο. πῶς οὖν ταῦτα ἀλλήλοις ἂν πρέψειε, νῦν μὲν ἐπαφὴν ἔχειν τοῦ πρώτου, νῦν δὲ ἐπὶ ῥῶπας καὶ λόγους ἐστράφθαι; ἀλλ´ ὅγε ἄνθρωπος κατὰ τὴν μέσην καὶ ἐπιστατικὴν δύναμιν λογικός ἐστί τε καὶ προσαγορεύεται, ἣν οὐδέποτε γεγυμνάκασιν, οὔκουν ὅσα γε φαίνονται. τὸ μὲν οὖν τέλος, καὶ οὗ δεῖ γενέσθαι, κοινὸν ἀμφοῖν, καὶ τυχόντες οὐδὲν ἀλλήλων ἂν διαφέροιμεν.

Traduction française :

[8] Si nous pouvions avoir l’esprit toujours tendu vers la contemplation, certes j’en serais charmé; mais il est par trop clair que la chose n’est pas possible. Dès lors tout ce que je dois souhaiter, c’est de faire succéder aux heures de la méditation le repos dont j’ai besoin; il me faut quelques divertissements pour égayer mon existence : je sais que je suis un homme, et non pas un dieu insensible aux plaisirs, ou une brute condamnée aux joies sensuelles. Cherchons un juste milieu : or trouverons-nous rien de plus convenable que la composition littéraire ou l’étude des œuvres littéraires? Est-il un plaisir plus pur et plus dégagé des sens, une satisfaction plus élevée, plus noble? Le Grec est, à mes yeux, supérieur au barbare; il fait preuve de plus de sagesse; car, même au sortir de la contemplation, il ne va pas chercher ses distractions bien loin; il les trouve dans les lettres et dans les sciences. Les lettres et les sciences sont, pour l’esprit, une utile diversion: l’esprit ne fait ainsi que redescendre les degrés par lesquels il était monté. Cette culture intellectuelle, n’est-ce pas ce qui nous rapproche surtout de la philosophie, ce qui doit le mieux nous y conduire? Ne s’allie-t-elle pas d’ordinaire à la connaissance des choses divines? Ne suppose-t-elle pas, tout au moins, dans un ordre inférieur, un savoir réel, un exercice de l’intelligence? On se livre en effet à des études, à des recherches d’un genre secondaire, je l’avoue, quand on s’applique à l’éloquence, à la poésie, à la physique, aux mathématiques; mais l’esprit acquiert ainsi de la vigueur, de la pénétration et de la vivacité; après avoir porté sa vue sur ces objets, il apprend à élever plus haut ses regards, à contempler fixement le soleil. Voilà comment les Grecs savent, tout en se délassant, fortifier encore leur intelligence, et font tourner leurs amusements mêmes au profit des spéculations sérieuses. La critique ou la composition d’un discours ou d’un poème n’est pas un travail indigne de l’esprit: châtier son style et l’émonder, trouver des idées, les bien ordonner, ou savoir reconnaître ce mérite dans l’œuvre d’autrui, est-ce donc chose inutile et frivole? Il en est qui prennent une autre route, route qui leur paraît plus sûre. J’admets, ce qui est vrai du reste, que quelques-uns arrivent ainsi au but; mais on ne peut dire qu’ils aient suivi réellement une route; car c’est une route où l’on n’avance pas, qui n’a ni commencement ni fin, où l’on ne fait point d’étapes. Il faut sans doute un transport surnaturel, un sublime élan, pour gagner d’un seul coup les hautes régions, et franchir, sans aucun effort de l’intelligence, les limites ordinaires de l’intelligence. Ce transport sacré n’a rien de commun avec le travail de l’esprit, qui, progressant sans cesse, s’élève tous les jours un peu plus vers la science et gravit quelque nouveau degré. Voulons-nous comparer les petites choses aux grandes? Celui qui se présente pour l’initiation, dit Aristote, n’a pas besoin de chercher comment il doit agir; il n’a qu’à se soumettre, qu’à se laisser faire: cela suffit pour être apte à l’initiation. Cette aptitude n’exige aucune réflexion; et même plus la réflexion est absente, plus l’aptitude est, complète. Après une soudaine ascension, pour peu qu’il faille descendre, on tombe trop bas; on fait une chute profonde, comme tout à l’heure on montait d’un seul bond. Si la raison ne préside pas au départ, elle n’aide en rien au retour. Comment se fait-il que souvent on voie les mêmes hommes tantôt toucher les hauts sommets, tantôt se traîner parmi les ronces et les broussailles? Pour nous conduire nous avons, qui le niera? une faculté intermédiaire, la raison; mais c’est là une faculté que ces gens tout d’inspiration ont l’air de n’avoir jamais cultivée. Le but auquel il s’agit d’arriver est toujours le même: tous ceux qui l’atteignent se trouvent à cet égard au même rang. Mais pour y parvenir le philosophe, tel que je le conçois, suit une voie bien meilleure: il s’est tracé sa route, il avance par degrés, il doit à lui-même une partie de ses progrès; sa marche continue le mènera, il doit l’espérer, au terme de ses désirs; s’il ne va pas jusqu’au but, du moins il s’en est rapproché, et ce n’est pas un médiocre avantage: il est au-dessus du vulgaire autant que le vulgaire est au-dessus des bêtes.





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Dernière mise à jour : 10/07/2008