HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Synesius de Cyrène (c. 373 - c. 414), Dion ou traité de sa vie (texte complet)

θαυμάσας



Texte grec :

[3] Χωρὶς οὖν τιθέντι τοὺς ἐν τοῖς συχνοῖς λόγοις Διογένας τε καὶ Σωκράτας, οἳ καὶ περιττοὶ τὴν φύσιν ἔδοξαν· καὶ οὐχ ἅπαντός ἐστιν ὁ τοῖν ἀνδροῖν τούτοιν ζῆλος, ἀλλ´ ὅστις εὐθὺς αἵρεσίν τινα τῶν κατὰ φιλοσοφίαν ὑπέσχετο· τὸν δὲ κατὰ τὴν κοινὴν φύσιν ζητοῦντι, καὶ τὸν ἅπασιν ἐγχωροῦντα, δίκαιον, ὅσιον, αὐτουργόν, ἀπὸ τῶν ὄντων φιλάνθρωπον, οὐκ ἂν ἕτερος ἀντὶ τοῦ Εὐβοέως ἀποδεδομένος εἴη βίος εὐδαιμονικός. ἔτι καὶ τοὺς Ἐσσηνοὺς ἐπαινεῖ που, πόλιν ὅλην εὐδαίμονα τὴν παρὰ τὸ Νεκρὸν Ὕδωρ ἐν τῇ μεσογείᾳ τῆς Παλαιστίνης κειμένην παρ´ αὐτά που τὰ Σόδομα. ὁ γὰρ ἀνὴρ ὅλως, ἐπειδὴ τοῦ φιλοσοφεῖν ἀπήρξατο, καὶ εἰς τὸ νουθετεῖν ἀνθρώπους ἀπέκλινεν, οὐδένα λόγον ἄκαρπον ἐξενήνοχεν. τῷ δὲ μὴ παρέργως ἐντυγχάνοντι δήλη καὶ ἡ τῆς ἑρμηνείας ἰδέα διαλλάττουσα, καὶ οὐκ οὖσα μία τῷ Δίωνι κατά τε τὰς σοφιστικὰς ὑποθέσεις καὶ κατὰ τὰς πολιτικάς. ἐν ἐκείναις μὲν γὰρ ὑπτιάζει καὶ ὡραΐζεται, καθάπερ ὁ ταὼς περιαθρῶν ἑαυτόν, καὶ οἷον γαννύμενος ἐπὶ ταῖς ἀγλαΐαις τοῦ λόγου, ἅτε πρὸς ἓν τοῦτο ὁρῶν καὶ τέλος τὴν εὐφωνίαν τιθέμενος. ἔστω παράδειγμα ἡ τῶν Τεμπῶν φράσις, καὶ ὁ Μέμνων· ἐν τούτῳ μέν γε καὶ ὑπότυφός ἐστιν ἡ ἑρμηνεία· τὰ δὲ τοῦ δευτέρου χρόνου βιβλία, ἥκιστ´ ἂν ἐν αὐτοῖς ἴδοις χαῦνόν τι καὶ διαπεφορημένον. ἐξελαύνει γάρ τοι φιλοσοφία καὶ ἀπὸ τῆς γλώττης τρυφήν, τὸ ἐμβριθές τε καὶ κόσμιον κάλλος ἀγαπῶσα, ὁποῖόν ἐστι τὸ ἀρχαῖον κατὰ φύσιν ἔχον καὶ τοῖς ὑποκειμένοις οἰκεῖον, οὗ μετὰ τοὺς λίαν ἀρχαίους καὶ Δίων ἐπιτυγχάνει διὰ τῶν πραττομένων ἰών, κἂν λέγῃ, κἂν διαλέγηται. ἔστω παράδειγμα τῆς ἀσφαλῶς καὶ κυρίως ἐχούσης ἑρμηνείας ὁ ἐκκλησιαστικός τε καὶ ὁ βουλευτικός· εἰ δὲ βούλει, καὶ ὁντινοῦν τῶν πρὸς τὰς πόλεις εἰρημένων τε καὶ ἐγνωσμένων προκεχειρισμένος, ἴδοις ἂν ἑκατέραν ἰδέαν ἀρχαικήν, ἀλλ´ οὐ τῆς νεωτέρας ἠχοῦς τῆς ἐπιποιούσης τῷ κάλλει τῆς φύσεως, ὁποῖαι διαλέξεις ὧν πρόσθεν ἐμνημονεύσαμεν, ὁ Μέμνων τε καὶ τὰ Τέμπη, λόγος δὲ οὗτος ὁ κατὰ τῶν φιλοσόφων. κἂν γὰρ ἀποπροσποιῆται, πάνυ τοῦ θεάτρου γίνεται καὶ τῆς χάριτος· καὶ οὐκ ἂν εὕροις ῥητορείαν ἐπαφροδιτοτέραν παρὰ τῷ Δίωνι· ὃ καὶ θαυμάσας ἔχω τὴν τύχην φιλοσοφίας, εἰ μήτε κωμῳδία τῶν νεφελῶν μᾶλλον εὐδοκιμεῖ· οὐδὲ γάρ ἐστιν ἥντινα μετὰ τῆς ἴσης δυνάμεως Ἀριστοφάνης ἀπήγγελται. τεκμήριον ποιοῦ τοῦ στρογγύλως καὶ σὺν εὐροίᾳ προενηνέχθαι· κηρὸν διατήξας, εἶτα τὴν ψύλλαν λαβών, ἐνέβαψεν εἰς τὸν κηρὸν αὐτῆς τὼ πόδε, κᾆτα ψυγείσῃ περιέφυσαν Περσικαί. ταύτας ὑπολύσας, ἀνεμέτρει τὸ χωρίον. Ἀριστείδην τε ὁ πρὸς Πλάτωνα λόγος ὑπὲρ τῶν τεσσάρων πολὺν ἐκήρυξεν ἐν τοῖς Ἕλλησιν. οὗτος μὲν καὶ τέχνης ἁπάσης ἀμοιρῶν, ὅν γε οὐδ´ ἂν ἐπαγάγοις εἴδει ῥητορικῆς, οὔκουν ἐκ τοῦ δικαίου γε καὶ τῶν νόμων τῆς τέχνης· συγκείμενος δ´ οὖν ἀπορρήτῳ κάλλει καὶ θαυμαστῇ τινι χάριτι, εἰκῇ πως ἐπιτερπούσῃ τοῖς ὀνόμασι καὶ τοῖς ῥήμασιν. οὗτός τε ὁ Δίων ἤκμασε μάλιστα ἐν τῷ κατὰ τῶν φιλοσόφων, ἥντινα καὶ καλοῦσιν ἀκμὴν οἱ νεώτεροι· τοῦτ´ ἔστιν ἡρμόσατο πανηγυρικώτερον ἀνδρὸς ἀσφαλοῦς· καὶ μέντοι γε εἰς τὴν τοιαύτην ἰδέαν αὐτὸς αὑτοῦ ταύτῃ κράτιστος ἔδοξεν. οὐ μέντοι τοσοῦτον ὁ Δίων ἐξωρχήσατο τὴν ἀρχαίαν ῥητορικήν, ἐν οἷς καὶ δοκεῖ σαφῶς ἀναχωρεῖν τῶν οἰκείων ἠθῶν, ὡς ἂν καὶ λαθεῖν ὅτι Δίων ἐστί, παρακινήσας ἐς τὸ νεώτερον· ἀλλ´ εὐλαβῶς ἅπτεται τῆς παρανομίας, καὶ αἰσχυνομένῳ γε ἔοικεν, ὅταν τι παρακεκινδυνευμένον καὶ νεανικὸν προενέγκηται· ὥστε κἂν αἰτίαν φύγοι δειλίας, εἰ πρὸς τὴν ὕστερον ἐπιπολάσασαν τῶν ῥητόρων τόλμαν αὐτὸν ἐξετάζοιμεν· τοῖς πλείστοις δὲ τῶν ἑαυτοῦ, καὶ παρὰ βραχὺ τοῖς ἅπασι μετ´ ἐκείνων ταττέσθω τῶν ἀρχαίων τε καὶ στασίμων ῥητόρων, παρ´ ὅντιν´ οὖν καὶ δήμῳ διαλεχθῆναι καὶ ἰδιώτῃ τοῦ παντὸς ἄξιος. οἵ τε γὰρ ῥυθμοὶ τοῦ λόγου κεκολασμένοι καὶ τὸ βάθος τοῦ ἤθους, οἷον σωφρονιστῇ τινι καὶ παιδαγωγῷ πρέπον πόλεως ὅλης ἀνοήτως διακειμένης. ὥσπερ δὲ τὴν ἑρμηνείαν οὔτε μίαν ἔφαμεν πάντως οὐδὲ ἀνεπίγνωστον ὅτι Δίωνός ἐστιν ἑκατέρα, νῦν μὲν ῥήτορος ἀνδρός, νῦν δὲ πολιτικοῦ· οὕτω καὶ τὰς διανοίας, ὅστις οὐκ αὐτὸς δίχα διανοίας ἐπιβάλλει τὰς ὄψεις ὅτῳ δὴ τῶν βιβλίων αὐτοῦ, ἐπιγνώσεται Δίωνος οὔσας ἐν ταῖν δυεῖν ἰδέαιν τῶν ὑποθέσεων· κἂν τὸ φαυλότατον προχειρίσῃ, τὸν Δίωνα ὄψει τὸν ποριμώτατον τῇ ῥητορείᾳ παντὸς ἐξευρεῖν λόγους· μακρῷ γὰρ δὴ σοφιστῶν κατὰ τὸ ἐπιχειρῆσαι διήνεγκεν. εἰ δέ τις καὶ ἕτερος σοφιστὴς εὔπορος, ἀλλὰ πολλοῦ γε καὶ δεῖ παραβάλλεσθαι πρὸς τὴν τοῦδε πυκνότητα· ἅμα δὲ καὶ θαυμαστή τις ἰδιότης χαρακτηρίζει τὰς Δίωνος ἐπινοίας. δηλούτω σοι τὸν ἄνδρα ὁ Ῥοδιακός τε καὶ ὁ Τρωικός, εἰ δὲ βούλει, καὶ ὁ τοῦ κώνωπος ἔπαινος. ἐσπουδάσθη γὰρ τῷ Δίωνι καὶ τὰ παίγνια, πανταχοῦ τῇ φύσει χρωμένῳ· καὶ οὐκ ἂν ἀπιστήσαις αὐτὰ τῆς αὐτῆς εἶναι παρασκευῆς τε καὶ δυνάμεως.

Traduction française :

[3] Mettez à part ces personnages célèbres, les Diogène et les Socrate, d’un mérite si éminent : il n’appartient pas à tous de marcher sur leurs traces, mais à celui-là seulement qui se consacre entièrement à la philosophie. Mais prenez le commun des hommes: ils peuvent tous, s’ils le veulent, mener une existence juste et pure, se suffire à eux-mêmes, venir en aide aux autres; ils n’ont qu’à vivre comme cet heureux Eubéen que Dion met sous nos yeux. Ailleurs l’écrivain nous vante la félicité des Esséniens, qui peuplent à eux seuls toute une ville, près de la mer Morte, au milieu de la Palestine, non loin de Sodome. Du jour où Dion s’attacha à la philosophie et se proposa d’instruire les hommes, tous ses discours renfermèrent d’utiles leçons. Il suffit de le lire avec un peu d’attention pour reconnaître que sa manière d’écrire n’est pas uniforme: quand il soutient une thèse de sophiste, son style est tout autre que lorsqu’il traite un sujet politique. Dans ses premières œuvres il veut éblouir; il étale toutes ses richesses, semblable au paon qui s’admire lui-même; il se complaît à l’éclat de son langage; le seul objet qu’il se propose, c’est de charmer les oreilles. Voyez, par exemple, la Description de Tempé ou le Memnon: quelle recherche d’expression! Mais dans les livres composés plus tard, vous ne trouverez plus ces grâces frivoles et factices. La philosophie ne souffre pas les vains ornements, même dans le discours; elle veut cette simplicité grave et digne dont les anciens nous offrent le modèle, ce naturel qui est en parfaite conformité avec le sujet. Ces qualités des anciens, Dion les acquiert lorsqu’il se met à parler, à disserter sur les affaires humaines. Vous avez des exemples de cette éloquence ferme et précise dans la harangue à l’Assemblée du peuple ou dans le discours sur l’Administration du sénat. Prenez, si vous l’aimez mieux, une de ces harangues où, s’adressant aux villes, il exprime sa véritable pensée: là encore vous retrouverez la manière simple des anciens: Dion n’imite plus ces écrivains d’une date plus récente qui ne songent qu’à donner aux choses une élégante parure, comme il l’a fait dans ces œuvres dont je parlais tout à l’heure, Memnon et la Description de Tempé, ainsi que dans son discours contre les philosophes. Cette dernière composition a été faite, il a beau s’en défendre, pour le théâtre; elle a pour unique objet de plaire: comme rhéteur Dion n’a rien produit de plus charmant. Singulière destinée de la philosophie ! S’il est une comédie où on la tourne en ridicule, c’est la comédie des Nuées, et il n’en est point de plus célèbre; nulle part Aristophane n’a déployé plus de talent; voyez quelle verve, quel entrain! "Il (Socrate) attrape une puce, et dans un bain de cire Il la plonge. La cire alors va se figer, Et l’insecte est chaussé d’un brodequin léger. Socrate adroitement détache la chaussure; Et c’est avec cela qu’il calcule et mesure Le saut de l’animal ..." Aristide aussi s’est fait une grande réputation en Grèce par le discours qu’il a écrit contre Platon pour les quatre généraux: l’art semble absent de ce discours qu’on ne saurait rapporter à aucun des genres reconnus par les rhéteurs, si du moins on le juge d’après les règles ordinaires. Mais d’un bout à l’autre, que de beautés cachées! que de grâces! quel charme d’expressions et de pensées! Dion, dans sa diatribe contre les philosophes, a beaucoup de brillant, comme disent nos modernes, c’est-à-dire qu’il vise trop à l’effet; ce n’est pas un style mâle; mais enfin, dans ce genre d’éloquence, quelle supériorité! Pourtant il n’est jamais complètement infidèle à l’ancienne rhétorique, vers laquelle l’attirent ses préférences naturelles; et même, quand il s’en éloigne et se laisse aller au goût du jour, on retrouve encore Dion. Il garde de la retenue jusque dans ses écarts; il semble rougir des exagérations et des témérités de son langage : aussi le trouvera-t-on timide, si on le compare aux rhéteurs audacieux qui furent plus tard à la mode. Ses écrits, pour la plupart, sinon même tous, le placent immédiatement après les solides orateurs de l’ancien temps. Qu’il s’adresse à la foule ou à un simple particulier, nul ne s’exprime avec plus de dignité; son éloquence harmonieuse et châtiée, la gravité de ses mœurs font de lui le précepteur, le censeur qui convient à un peuple insensé. Le style de Dion n’est pas uniforme, avons-nous dit, mais cependant il se reconnaît facilement dans tous ses écrits soit de rhéteur, soit d’homme d’Etat. Ajoutons maintenant qu’il suffit de lire avec un peu d’attention n’importe lequel de ses livres pour se convaincre que, dans les sujets de l’un et de l’autre genre, les pensées décèlent également le génie propre de Dion. Que l’on prenne le moindre de ses discours, on y verra une incomparable fécondité d’invention; il excelle plus que tous les sophistes à trouver des arguments. D’autres que lui ont eu un esprit plein de ressources; mais à cet égard personne n’a été aussi richement doué; et puis un style admirable marque d’une empreinte particulière toutes les pensées de Dion. Voulez-vous connaître notre écrivain? lisez le Rhodien, le Troyen, et même, si bon vous semble, l’Éloge du moucheron. Car en se montrant toujours sérieux, jusque dans le badinage, Dion ne fait que suivre son inclination; et vous serez forcé d’avouer qu’en traitant tous les sujets, même les plus légers, il y porte le même soin, le même talent.





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Dernière mise à jour : 10/07/2008