[17c,17] Συνεχὴς δ´ ἐστὶν ἡ μικρὰ σύρτις, ἣν καὶ Λωτοφαγῖτιν
σύρτιν λέγουσιν. ἔστι δ´ ὁ μὲν κύκλος τοῦ κόλπου
τούτου σταδίων χιλίων ἑξακοσίων, τὸ δὲ πλάτος
τοῦ στόματος ἑξακοσίων· καθ´ ἑκατέραν {δὲ} τὴν ἄκραν
τὴν ποιοῦσαν τὸ στόμα προσεχεῖς εἰσι τῇ ἠπείρῳ νῆσοι,
ἥ τε λεχθεῖσα Κέρκιννα καὶ ἡ Μῆνιγξ, πάρισοι τοῖς
μεγέθεσι. τὴν δὲ Μήνιγγα νομίζουσιν εἶναι τὴν τῶν
Λωτοφάγων γῆν τὴν ὑφ´ Ὁμήρου λεγομένην, καὶ δείκνυταί
τινα σύμβολα, καὶ βωμὸς Ὀδυσσέως καὶ αὐτὸς
ὁ καρπός· πολὺ γάρ ἐστι τὸ δένδρον ἐν αὐτῇ τὸ καλούμενον
λωτόν, ἔχον ἥδιστον καρπόν· πλείους δ´
εἰσὶν ἐν αὐτῇ πολίχναι, μία δ´ ὁμώνυμος τῇ νήσῳ· καὶ
ἐν αὐτῇ δὲ τῇ σύρτει πολίχναι τινές εἰσι. κατὰ δὲ τὸν
μυχὸν ἔστι παμμέγεθες ἐμπόριον, ποταμὸν ἔχον ἐμβάλλοντα
εἰς τὸν κόλπον. διατείνει δὲ μέχρι δεῦρο τὰ
τῶν ἀμπώτεων πάθη καὶ τῶν πλημμυρίδων, καθ´ ὃν
καιρὸν ἐπὶ τὴν θήραν τῶν ἰχθύων ἐπιπηδῶσιν οἱ
πρόσχωροι κατὰ σπουδὴν θέοντες.
| [17c,17] Immédiatement après ces îles, s'ouvre la Petite Syrte, ou, comme on
l'appelle quelquefois aussi, la Syrte Lotophagite : c'est un golfe qui
mesure 1600 stades de circuit et dont l'ouverture a bien 600 stades de
large. A chacune des deux pointes qui la forment correspond une île qui
touche en quelque sorte au continent, à savoir : l'île Cercinna dont nous
parlions tout à l'heure, et l'île Meninx, l'une et l'autre de dimensions
presque égales. On croit généralement que l'île Meninx n'est autre que la
terre des Lotophages mentionnée par Homère (Od. IX, 84); et, entre autres
indices, on signale la présence dans cette île d'un autel d'Ulysse et
celle du fruit même auquel les Lotophages ont dû leur nom. Il est de fait
que l'arbre appelé lotus abonde dans l'île et y donne des fruits
excellents. Il s'y trouve aussi plusieurs petites villes, une entre autres
qui s'appelle du même nom que l'île. En dedans de la Syrte, on compte
également plusieurs petites villes, mais tout au fond s'élève un très
grand emporium {Tacapé} que traverse une rivière qui débouche dans le
golfe même. L'effet du flux et du reflux se fait sentir jusque-là et les
gens du pays profitent pour pêcher du moment même où la mer se retire, ils
la suivent alors en courant de toutes leurs forces et en sautant sur le
poisson à mesure qu'elle le laisse.
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