HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Strabon, Geographica, livre XVII-3

Chapitre 15

  Chapitre 15

[17c,15] Κτίσμα δ´ ἐστὶ Διδοῦς ἀγαγούσης ἐκ Τύρου λαόν· οὕτω δ´ εὐτυχὴς ἀποικία τοῖς Φοίνιξιν ὑπῆρξε καὶ αὕτη καὶ μέχρι τῆς Ἰβηρίας τῆς τε ἄλλης καὶ τῆς ἔξω στηλῶν ὥστε τῆς Εὐρώπης ἔτι νῦν τὴν ἀρίστην νέμονται Φοίνικες κατὰ τὴν ἤπειρον καὶ τὰς προσεχεῖς νήσους, τήν τε Λιβύην κατεκτήσαντο πᾶσαν, ὅσον μὴ νομαδικῶς οἷόν τ´ ἦν οἰκεῖν. ἀφ´ ἧς δυνάμεως πόλιν τε ἀντίπαλον τῇ Ῥώμῃ κατεσκευάσαντο καὶ τρεῖς ἐπολέμησαν μεγάλους πρὸς αὐτοὺς πολέμους. γένοιτο δ´ ἂν εὔδηλος δύναμις αὐτῶν ἐκ τοῦ ὑστάτου πολέμου, ἐν κατελύθησαν ὑπὸ Σκιπίωνος τοῦ Αἰμιλιανοῦ, καὶ πόλις ἄρδην ἠφανίσθη. ὅτε γὰρ ἤρξαντο πολεμεῖν τοῦτον τὸν πόλεμον, πόλεις μὲν εἶχον τριακοσίας ἐν τῇ Λιβύῃ, ἀνθρώπων δ´ ἐν τῇ πόλει μυριάδας ἑβδομήκοντα· πολιορκούμενοι δὲ καὶ ἀναγκασθέντες τραπέσθαι πρὸς ἔνδοσιν πανοπλιῶν μὲν ἔδοσαν μυριάδας εἴκοσι καταπελτικὰ δὲ ὄργανα τρισχίλια, ὡς οὐ πολεμηθησόμενοι. κριθέντος δὲ πάλιν τοῦ ἀναπολεμεῖν, ἐξαίφνης ὁπλοποιίαν συνεστήσαντο, καὶ ἑκάστης ἡμέρας ἀνεφέροντο θυρεοὶ μὲν ἑκατὸν καὶ τετταράκοντα πεπηγότες, μάχαιραι δὲ τριακόσιαι καὶ λόγχαι πεντακόσιαι, χίλια δὲ βέλη καταπελτικά, τρίχα δὲ τοῖς καταπέλταις αἱ θεράπαιναι παρεῖχον· ἔτι τοίνυν ναῦς ἔχοντες δώδεκα ἐξ ἐτῶν πεντήκοντα κατὰ τὰς ἐν τῷ δευτέρῳ πολέμῳ συνθήκας, τότε καίπερ ἤδη συμπεφευγότες εἰς τὴν Βύρσαν ἐν διμήνῳ κατεσκευάσαντο ναῦς ἑκατὸν εἴκοσι καταφράκτους, καὶ τοῦ στόματος τοῦ Κώθωνος φρουρουμένου διώρυξαν ἄλλο στόμα, καὶ προῆλθεν αἰφνιδίως στόλος· ὕλη γὰρ ἦν ἀποκειμένη παλαιὰ καὶ τεχνιτῶν πλῆθος προσεδρεῦον καὶ σιταρχούμενον δημοσίᾳ. τοιαύτη δ´ οὖσα Καρχηδὼν ὅμως ἑάλω καὶ κατεσκάφη. τὴν δὲ χώραν τὴν μὲν ἐπαρχίαν ἀπέδειξαν Ῥωμαῖοι τὴν ὑπὸ τοῖς Καρχηδονίοις, τῆς δὲ Μασανάσσην ἀπέδειξαν κύριον καὶ τοὺς ἀπογόνους τοὺς περὶ Μικίψαν. μάλιστα γὰρ ἐσπουδάσθη παρὰ τοῖς Ῥωμαίοις Μασανάσσης δι´ ἀρετὴν καὶ φιλίαν· καὶ γὰρ δὴ καὶ οὗτός ἐστιν τοὺς νομάδας πολιτικοὺς κατασκευάσας καὶ γεωργούς, ἔτι δ´ ἀντὶ τοῦ λῃστεύειν διδάξας στρατεύειν. ἴδιον γάρ τι τοῖς ἀνθρώποις συνέβη τούτοις· χώραν γὰρ οἰκοῦντες εὐδαίμονα πλὴν τοῦ θηρίοις πλεονάζειν, ἐάσαντες ἐκφέρειν ταῦτα καὶ τὴν γῆν ἐργάζεσθαι μετὰ ἀδείας ἐπ´ ἀλλήλοις ἐτρέποντο, τὴν δὲ γῆν τοῖς θηρίοις ἀφεῖσαν. οὕτω δ´ αὐτοῖς συνέβαινε πλάνητα καὶ μετανάστην βίον ζῆν μηδὲν ἧττον τῶν ὑπὸ ἀπορίας καὶ λυπρότητος τόπων ἀέρων εἰς τοῦτο περιισταμένων τῶν βίων, ὥστε καὶ ἴδιον τοῦθ´ εὑρίσκεσθαι τοὔνομα τοὺς Μασαισυλίους· καλοῦνται γὰρ Νομάδες. ἀνάγκη δὲ τοὺς τοιούτους εὐτελεῖς εἶναι τοῖς βίοις καὶ τὸ πλέον ῥιζοφάγους κρεοφάγους, γάλακτι δὲ καὶ τυρῷ τρεφομένους. ἠρημωμένης δ´ οὖν ἐπὶ πολὺν χρόνον τῆς Καρχηδόνος, καὶ σχεδόν τι τὸν αὐτὸν χρόνον ὅνπερ καὶ Κόρινθος, ἀνελήφθη πάλιν περὶ τοὺς αὐτούς πως χρόνους ὑπὸ Καίσαρος τοῦ θεοῦ πέμψαντος ἐποίκους Ῥωμαίων τοὺς προαιρουμένους καὶ τῶν στρατιωτῶν τινας, καὶ νῦν εἴ τις ἄλλη καλῶς οἰκεῖται τῶν ἐν Λιβύῃ πόλεων. [17c,15] Carthage fut fondée, comme on sait, par Didon, qui avait amené avec elle une nombreuse colonie de Tyriens : or tel fut le profit que les Phéniciens retirèrent de ce premier établissement et de ceux qu'ils fondèrent ensuite dans les différentes parties de l'Ibérie, tant en deçà qu'au delà des colonnes d'Hercule, qu'en Europe ils se trouvent posséder aujourd'hui encore les meilleures terres, soit du continent, soit des îles qui en dépendent, et qu'en Libye ils avaient fini par s'annexer tous les pays qui ne comportaient pas la vie nomade. Fiers d'une telle puissance, ils posèrent Carthage en rivale de Rome et soutinrent contre le peuple romain trois terribles guerres : celle des trois qui mit peut-être le plus en lumière l'immensité de leurs ressources fut précisément la dernière, dans laquelle ils furent vaincus par Scipion Emilien et virent leur ville détruite de fond en comble. Quand commença cette guerre, en effet, ils possédaient trois cents villes en Libye, et Carthage, leur capitale, ne comptait pas moins de sept cent mille habitants ; assiégée et réduite à capituler, elle livrait deux cent mille armures et trois mille catapultes comme gage de sa pleine et entière soumission ; puis tout à coup se ravisant elle décrétait la continuation de la lutte, se remettait à fabriquer des armes, versait par jour dans ses arsenaux cent quarante boucliers épais et forts, trois cents sabres, cinq cents lances et jusqu'à mille traits ou carreaux de catapultes, les femmes esclaves ayant donné leurs cheveux pour qu'on en fît les câbles nécessaires à la manoeuvre de ces machines. Ajoutons qu'on vit ce peuple, dont les forces navales, depuis cinquante ans et par suite des stipulations du traité qui avait mis fin à la seconde guerre {punique}, avaient été réduites à douze navires, se construire en deux mois de temps et bien qu'il fût singulièrement à l'étroit dans l'enceinte de Byrsa, cent vingt vaisseaux cuirassés, et, comme l'entrée du Côthôn était bloquée, s'ouvrir dans le roc une autre issue et faire sortir par là une flotte entière improvisée. Il faut dire qu'il y avait dans Byrsa une réserve considérable d'anciens matériaux et tout un monde d'ouvriers logés et entretenus aux frais de l'Etat. En dépit de tout, Carthage fut prise et détruite. Du pays même les Romains firent deux parts : le territoire proprement dit de Carthage forma une nouvelle province, le reste fut donné à Masanassès et passa à ses descendants de la branche de Micipsa. Les Romains avaient toujours eu pour Masanassès une estime particulière à cause de ses vertus et de son loyal attachement à leur cause. Et il est de fait que c'est ce prince qui le premier civilisa les Numides et les façonna à la vie agricole, en même temps qu'il les déshabituait du brigandage pour leur apprendre le métier de soldat. Jusque-là les Numides avaient offert ce spectacle étrange d'un peuple, en possession de terres éminemment fertiles, mais infestées de bêtes féroces, qui, au lieu d'exterminer celles-ci pour cultiver ensuite ses champs en toute sûreté, avait mieux aimé se livrer à un brigandage sans frein et abandonner la terre aux reptiles et aux bêtes féroces, se réduisant ainsi volontairement à mener une vie errante et nomade ni plus ni moins que les peuples qui y sont condamnés par la misère, l'aridité de leur sol et la rigueur de leur climat. C'est même là ce qui a fait donner aux Masaesylii la dénomination particulière de Numides. Dans ce temps-là naturellement leur vie était des plus simples, ils mangeaient plus souvent des racines que de la viande, se nourrissant en outre de lait et de fromage. Après être restée déserte longtemps, presque aussi longtemps que Corinthe, Carthage se vit, à la même époque à peu près que Corinthe, restaurer par le divin César, qui avait fait partir de Rome à cette fin une colonie composée de tous les citoyens romains qui s'étaient présentés et d'un certain nombre de vétérans ; et aujourd'hui il n'y a pas dans toute la Libye de ville plus peuplée qu'elle.


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Dernière mise à jour : 7/02/2008