HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Strabon, Geographica, livre XVII-1

πρὸς



Texte grec :

[17a,4] Ἀπὸ γὰρ τῶν Αἰθιοπικῶν τερμόνων ῥεῖ ἐπ´ εὐθείας ὁ Νεῖλος πρὸς ἄρκτους ἕως τοῦ καλουμένου χωρίου Δέλτα· εἶτ´ ἐπὶ κορυφὴν σχιζόμενος, ὥς φησιν ὁ Πλάτων, ὡς ἂν τριγώνου κορυφὴν ἀποτελεῖ τὸν τόπον τοῦτον· πλευρὰς δὲ τοῦ τριγώνου τὰ σχιζόμενα ἐφ´ ἑκάτερα ῥεῖθρα καθήκοντα μέχρι τῆς θαλάττης, τὸ μὲν ἐν δεξιᾷ τῆς κατὰ Πηλούσιον, τὸ δ´ ἐν ἀριστερᾷ τῆς κατὰ Κάνωβον καὶ τὸ πλησίον Ἡράκλειον προσαγορευόμενον· βάσιν δὲ τὴν παραλίαν τὴν μεταξὺ τοῦ Πηλουσίου καὶ τοῦ Ἡρακλείου. γέγονε δὴ νῆσος ἔκ τε τῆς θαλάττης καὶ τῶν ῥευμάτων ἀμφοῖν τοῦ ποταμοῦ, καὶ καλεῖται Δέλτα διὰ τὴν ὁμοιότητα τοῦ σχήματος· τὸ δ´ ἐπὶ τῇ κορυφῇ χωρίον ὁμωνύμως κέκληται διὰ τὸ ἀρχὴν εἶναι τοῦ λεχθέντος σχήματος, καὶ ἡ κώμη δὲ ἡ ἐπ´ αὐτῷ καλεῖται Δέλτα. δύο μὲν οὖν ταῦτα τοῦ Νείλου στόματα, ὧν τὸ μὲν Πηλουσιακὸν καλεῖται, τὸ δὲ Κανωβικὸν καὶ Ἡρακλειωτικόν· μεταξὺ δὲ τούτων ἄλλαι πέντε εἰσὶν ἐκβολαὶ αἵ γε ἀξιόλογοι, λεπτότεραι δὲ πλείους· ἀπὸ γὰρ τῶν πρώτων μερῶν ἀπορρῶγες πολλαὶ καθ´ ὅλην μερισθεῖσαι τὴν νῆσον πολλὰ καὶ ῥεῖθρα καὶ νήσους ἐποίησαν, ὥσθ´ ὅλην γενέσθαι πλωτὴν διωρύγων ἐπὶ διώρυξι τμηθεισῶν, αἳ κατὰ ῥᾳστώνην πλέονται τοσαύτην ὥστε καὶ ὀστράκινα ἐνίοις εἶναι πορθμεῖα· τὴν μὲν οὖν περίμετρον ὅσον τρισχιλίων σταδίων ἐστὶν ἡ σύμπασα νῆσος· καλοῦσι δ´ αὐτὴν καὶ τὴν κάτω χώραν σὺν ταῖς ἀπαντικρὺ ποταμίαις τοῦ Δέλτα· ἐν δὲ ταῖς ἀναβάσεσι τοῦ Νείλου καλύπτεται πᾶσα καὶ πελαγίζει πλὴν τῶν οἰκήσεων· αὗται δ´ ἐπὶ λόφων αὐτοφυῶν ἢ χωμάτων ἵδρυνται, πόλεις τε ἀξιόλογοι καὶ κῶμαι, νησίζουσαι κατὰ τὴν πόρρωθεν ὄψιν. πλείους δὲ τετταράκοντα ἡμέρας τοῦ θέρους διαμεῖναν τὸ ὕδωρ ἔπειθ´ ὑπόβασιν λαμβάνει κατ´ ὀλίγον, καθάπερ καὶ τὴν αὔξησιν ἔσχεν· ἐν ἑξήκοντα δὲ ἡμέραις τελέως γυμνοῦται καὶ ἀναψύχεται τὸ πεδίον· ὅσῳ δὲ θᾶττον ἡ ἀνάψυξις, τοσῷδε θᾶττον ὁ ἄροτος καὶ ὁ σπόρος· θᾶττον δέ, παρ´ οἷς τὰ μείζω θάλπη. τὸν αὐτὸν τρόπον καὶ τὰ ἐπάνω τοῦ Δέλτα ποτίζεται, πλὴν ὅτι ἐπ´ εὐθείας ὅσον τετρακισχιλίοις σταδίοις δι´ ἑνὸς ῥείθρου τοῦ ποταμοῦ φερομένου, πλὴν εἴ πού τις ἐντρέχει νῆσος, ὧν ἀξιολογωτάτη ἡ τὸν Ἡρακλειωτικὸν νομὸν περιέχουσα, ἢ εἴ πού τις ἐκτροπὴ διώρυγι ἐπὶ πλέον εἰς λίμνην μεγάλην καὶ χώραν, ἣν ποτίζειν δύναται, καθάπερ ἐπὶ τῆς τὸν Ἀρσινοΐτην νομὸν ποτιζούσης καὶ τὴν Μοίριδος λίμνην καὶ τῶν εἰς τὴν Μαρεῶτιν ἀναχεομένων. συλλήβδην δ´ εἰπεῖν, ἡ ποταμία μόνον ἐστὶν Αἴγυπτος ἡ ἑκατέρωθεν * ἐσχάτη τοῦ Νείλου, σπάνιον εἴ που τριακοσίων σταδίων ἐπέχουσα συνεχῶς πλάτος τὸ οἰκήσιμον ἀρξαμένη ἀπὸ τῶν ὅρων τῆς Αἰθιοπίας μέχρι τῆς κορυφῆς τοῦ Δέλτα. ἔοικεν οὖν κειρία * ψυχομένη ἐπὶ μῆκος, ὑπεξαιρουμένων τῶν ἐπὶ πλέον ἐκτροπῶν. ποιεῖ δὲ τὸ σχῆμα τοῦτο τῆς ποταμίας ἧς λέγω καὶ τῆς χώρας τὰ ὄρη τὰ ἑκατέρωθεν ἀπὸ τῶν περὶ Συήνην τόπων καταγόμενα μέχρι τοῦ Αἰγυπτίου πελάγους· ἐφ´ ὅσον γὰρ ταῦτα παρατείνει καὶ διέστηκεν ἀπ´ ἀλλήλων, ἐπὶ τοσοῦτον καὶ ὁ ποταμὸς συνάγεταί τε καὶ διαχεῖται καὶ διασχηματίζει τὴν χώραν διαφόρως τὴν οἰκήσιμον· ἡ δὲ ὑπὲρ τῶν ὀρῶν ἐπὶ συχνὸν ἀοίκητός ἐστιν.

Traduction française :

[17a,4] A partir des frontières de l'Ethiopie, le Nil coule droit au nord jusqu'au lieu appelé Delta. Au-dessous de ce point, comme un arbre dont le sommet se bifurque (pour nous servir d'une expression de Platon), il se divise en deux branches et se trouve faire du Delta en quelque sorte le sommet d'un triangle, les deux côtés du triangle étant figurés par ces deux branches qui aboutissent à la mer et qui s'appellent, celle de droite la branche Pélusienne, celle de gauche la branche de Canope ou (du nom d'un bourg voisin de Canope) la branche d'Héracléum, tandis que la base est figurée par la partie du littoral comprise entre Péluse et Héracléum. Le triangle ainsi formé par lesdites branches du fleuve et par la mer constitue en somme une île véritable qu'on a appelée le Delta à cause de la ressemblance que sa configuration offre {avec la lettre de ce nom} ; mais il était naturel que le point initial de la figure en question prît le nom de la figure elle-même, et c'est pourquoi le village qui est bâti au sommet du triangle s'appelle Deltacômé. Voilà donc déjà deux bouches, la bouche dite Pélusiaque et la bouche dite Canopique ou Héracléotique, par lesquelles le Nil se déverse dans la mer. Mais entre ces deux bouches on en compte encore d'autres, dont cinq grandes parmi beaucoup de plus petites : des deux premières branches en effet se détachent une infinité de rameaux, qui se répandent par toute l'île en y formant autant de courants distincts et en y dessinant une quantité d'îlots ; or ces rameaux reliés entre eux par tout un système de canaux constituent un réseau complet de navigation intérieure, et de navigation si facile, que les transports s'y font souvent sur de simples barques en terre cuite. Le circuit total de l'île est de 3000 stades environ. Dans l'usage il n'est pas rare qu'on lui donne aussi le nom de Basse Egypte ; mais on comprend alors dans cette dénomination la double vallée qui fait face au Delta. Dans les crues du Nil, le Delta est couvert tout entier par les eaux, et, n'étaient les lieux habités, il paraîtrait alors former une mer ; tous les lieux habités, en effet, les simples bourgs comme les plus grandes villes, sont bâtis sur des hauteurs (monticules naturels ou terrasses), et, vus de loin, font l'effet d'îles. Les eaux qui débordent ainsi l'été conservent leur même niveau pendant plus de quarante jours, après quoi on les voit décroître peu à peu tout comme on les a vues croître. Enfin au bout de soixante jours la plaine apparaît complètement découverte et commence à se sécher. Mais plus cet assèchement se fait vite, plus il faut accélérer le travail du labour et des semailles, dans les lieux surtout où la chaleur est la plus forte. La partie de l'Egypte située au-dessus du Delta est arrosée et fertilisée de la même manière. Il y a toutefois cette différence que, dans cette partie de son cours, le Nil coule en ligne droite, sur un espace de 4000 stades environ, et ne forme qu'un seul et unique courant, à moins que par hasard quelque île (celle qui renferme le nome Héracléotique par exemple, pour ne citer que la plus grande) ne vienne à diviser ses eaux, à moins encore qu'une partie de ses eaux n'ait été dérivée pour les besoins de quelque canal destiné (comme c'est le cas le plus ordinaire), soit à alimenter un grand lac, soit à fertiliser tout un canton, comme voilà le canal qui arrose le nome Arsinoïte et qui alimente le lac Moeris, ou bien encore les canaux qui se déversent dans le lac Maréotis. L'Egypte se réduit donc, on le voit, à ce que les eaux du Nil débordées peuvent, sur l'une et l'autre de ses rives, couvrir de la vallée qu'il traverse, c'est-à-dire à une étendue de terrain habitable et cultivable, qui, des limites de l'Ethiopie au sommet du Delta, offre rarement une largeur de 300 stades tout d'un seul tenant, ce qui permet, en faisant abstraction d'une manière générale des bras et canaux qui ont pu être dérivés du fleuve, de la comparer à un ruban qu'on aurait déroulé dans toute sa longueur. Et ce qui contribue le plus à donner cette forme non seulement à la vallée dont je parle, mais encore à l'ensemble du pays, c'est la disposition des montagnes qui bordent le fleuve des deux côtés et qui descendent depuis Syène jusqu'à la mer d'Egypte. Car, suivant que ces deux chaînes de montagnes, en bordant le fleuve, s'écartent plus ou moins l'une de l'autre, le fleuve se resserre ou s'élargit davantage, modifiant du même coup naturellement la figure de la zone habitable correspondante. En revanche, au delà des montagnes, tout devient également inhabitable.





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Dernière mise à jour : 31/01/2008