Texte grec :
[16d,24] Συνέβαινε δὲ τοῦτο τοῦ μὲν βασιλέως τοῦ Ὀβόδα
μὴ πολὺ φροντίζοντος τῶν κοινῶν καὶ μάλιστα τῶν
κατὰ πόλεμον (κοινὸν δὲ τοῦτο πᾶσι τοῖς Ἀράβων βασιλεῦσιν),
ἅπαντα δὲ ἐπὶ τῇ τοῦ ἐπιτρόπου ποιουμένου {ἐξουσίᾳ} τοῦ Συλλαίου· τούτου δ´ ἅπαντα δόλῳ
στρατηγοῦντος καὶ ζητοῦντος, ὡς οἶμαι, κατοπτεῦσαι
μὲν τὴν χώραν καὶ συνεξελεῖν τινας αὐτῶν πόλεις καὶ
ἔθνη μετὰ τῶν Ῥωμαίων, αὐτὸν δὲ καταστῆναι κύριον
ἁπάντων, ἀφανισθέντων ἐκείνων ὑπὸ λιμοῦ καὶ κόπου
καὶ νόσων καὶ ἄλλων ὅσων δόλῳ παρεσκεύασεν
ἐκεῖνος· εἰς γοῦν τὴν Λευκὴν κώμην κατῆρεν, ἤδη
στομακάκκῃ τε καὶ σκελοτύρβῃ πειραζομένης τῆς στρατιᾶς,
ἐπιχωρίοις πάθεσι, τῶν μὲν περὶ τὸ στόμα τῶν δὲ
περὶ τὰ σκέλη παράλυσίν τινα δηλούντων ἔκ τε τῶν
ὑδρείων καὶ βοτανῶν. ἠναγκάσθη γοῦν τό τε θέρος
καὶ τὸν χειμῶνα διατελέσαι αὐτόθι τοὺς ἀσθενοῦντας
ἀνακτώμενος. ἐκ μὲν οὖν τῆς Λευκῆς κώμης εἰς Πέτραν,
ἐντεῦθεν δ´ εἰς Ῥινοκόλουρα τῆς πρὸς Αἰγύπτῳ
Φοινίκης τὰ φορτία κομίζεται κἀντεῦθεν εἰς τοὺς ἄλλους,
νυνὶ δὲ τὸ πλέον εἰς τὴν Ἀλεξάνδρειαν τῷ Νείλῳ· κατάγεται
δ´ ἐκ τῆς Ἀραβίας καὶ τῆς Ἰνδικῆς εἰς Μυὸς ὅρμον· εἶθ´ ὑπέρθεσις
εἰς Κοπτὸν τῆς Θηβαΐδος καμήλοις ἐν διώρυγι τοῦ
Νείλου κειμένην· {εἶτ´} εἰς Ἀλεξάνδρειαν. πάλιν ἐκ τῆς Λευκῆς
κώμης ὁ Γάλλος ἀναζεύξας τὴν στρατιὰν διὰ τοιούτων ᾔει χωρίων
ὥστε καὶ ὕδωρ καμήλοις κομίζειν μοχθηρίᾳ τῶν ἡγεμόνων τῆς ὁδοῦ·
διόπερ πολλαῖς ἡμέραις ἧκεν εἰς τὴν
Ἀρέτα γῆν συγγενοῦς τῷ Ὀβόδᾳ· ἐδέξατο μὲν οὖν
αὐτὸν Ἀρέτας φιλικῶς καὶ δῶρα προσήνεγκεν, ἡ δὲ
τοῦ Συλλαίου προδοσία κἀκείνην ἐποίησε τὴν χώραν
δυσπόρευτον· τριάκοντα γοῦν ἡμέραις διῆλθεν αὐτήν,
ζειὰς καὶ φοίνικας ὀλίγους παρέχουσαν καὶ βούτυρον ἀντ´ ἐλαίου, διὰ τὰς ἀνοδίας· ἡ δ´ ἑξῆς ἣν ἐπῄει νομάδων ἦν καὶ ἔρημος τὰ πολλὰ ὡς ἀληθῶς, ἐκαλεῖτο δὲ Ἀραρηνή· βασιλεὺς δ´ ἦν Σάβως· καὶ ταύτην ἀνοδίαις
διῆλθε κατατρίψας ἡμέρας πεντήκοντα μέχρι πόλεως Νεγράνων καὶ χώρας εἰρηνικῆς τε καὶ ἀγαθῆς· ὁ μὲν οὖν βασιλεὺς ἔφυγεν, ἡ δὲ πόλις ἐξ ἐφόδου κατελήφθη· ἐκεῖθεν ἡμέραις ἓξ ἧκεν ἐπὶ τὸν ποταμόν ...
συναψάντων δ´ αὐτόθι τῶν βαρβάρων εἰς μάχην, περὶ
μυρίους αὐτῶν ἔπεσον τῶν δὲ Ῥωμαίων δύο· ἐχρῶντο
γὰρ ἀπείρως τοῖς ὅπλοις ἀπόλεμοι τελέως ὄντες, τόξοις
τε καὶ λόγχαις {καὶ} ξίφεσι καὶ σφενδόναις, οἱ πλεῖστοι
δ´ αὐτῶν ἀμφιστόμοις πελέκεσιν· εὐθὺς δὲ καὶ τὴν
πόλιν εἷλε καλουμένην Ἀσκᾶ * συλληφθεῖσαν ὑπὸ τοῦ
βασιλέως. ἐντεῦθεν εἰς Ἄθρουλα πόλιν ἧκε, {καὶ} κρατήσας αὐτῆς ἀκονιτὶ
φρουρὰν ἐμβαλὼν καὶ παρασκευάσας ... σίτου καὶ φοινίκων εἰς πόλιν Μαρίαβα προῆλθεν ἔθνους τοῦ Ῥαμμανιτῶν, οἳ ἦσαν ὑπὸ Ἰλασάρῳ.
ἓξ μὲν οὖν ἡμέρας προσβαλὼν ἐπολιόρκει, λειψυδρίας
δ´ οὔσης ἀπέστη· δύο μὲν οὖν ἡμερῶν ὁδὸν ἀπέσχε
τῆς ἀρωματοφόρου, καθάπερ τῶν αἰχμαλώτων ἀκούειν ἦν.
ἓξ δὲ μηνῶν χρόνον ἐν ταῖς ὁδοῖς κατέτριψε
φαύλως ἀγόμενος· ἔγνω δ´ ἀναστρέφων, ὀψὲ τὴν ἐπιβουλὴν
καταμαθὼν καὶ καθ´ ἑτέρας ὁδοὺς ἐπανελθών·
ἐναταῖος μὲν γὰρ εἰς Νέγρανα ἧκεν ὅπου ἡ μάχη συμβεβήκει, ἑνδεκαταῖος δ´
ἐκεῖθεν εἰς Ἑπτὰ φρέατα καλούμενα ἀπὸ τοῦ συμβεβηκότος· ἐντεῦθεν ἤδη δι´
εἰρηνικῆς εἰς Χάαλλα κώμην καὶ πάλιν ἄλλην Μαλόθαν
πρὸς ποταμῷ κειμένην ἀφικνεῖται· εἶτα δι´ ἐρήμης
ὀλίγα ὑδρεῖα ἐχούσης ὁδὸς μέχρι Ἐγρᾶς κώμης· ἔστι
δὲ τῆς Ὀβόδα· κεῖται δ´ ἐπὶ θαλάττης· τὴν δὲ πᾶσαν
ὁδὸν ἑξηκοσταῖος ἐξήνυσε κατὰ τὴν ἐπάνοδον, ἀναλώσας ἓξ μῆνας ἐν τῇ ἐξ
ἀρχῆς ὁδῷ· ἐντεῦθεν δ´ ἐπεραίωσε τὴν στρατιὰν ἑνδεκαταῖος εἰς Μυὸς ὅρμον,
εἶθ´ ὑπερθεὶς εἰς Κοπτὸν μετὰ τῶν σωθῆναι δυναμένων
κατῆρεν εἰς Ἀλεξάνδρειαν· τοὺς δ´ ἄλλους ἀπέβαλεν,
οὐχ ὑπὸ πολεμίων ἀλλὰ νόσων καὶ κόπων καὶ λιμοῦ
καὶ μοχθηρίας τῶν ὁδῶν· ἐπεὶ κατὰ πόλεμον ἑπτά γε
μόνους διαφθαρῆναι συνέβη, δι´ ἃς αἰτίας οὐδ´ ἐπὶ
πολὺ πρὸς τὴν γνῶσιν τῶν τόπων ὤνησεν ἡ στρατεία
αὕτη· μικρὰ δ´ ὅμως συνήργησεν. ὁ δ´ αἴτιος τούτων
ὁ Συλλαῖος ἔτισε δίκας ἐν Ῥώμῃ, προσποιούμενος μὲν
φιλίαν ἐλεγχθεὶς δὲ πρὸς ταύτῃ τῇ πονηρίᾳ καὶ ἄλλα
κακουργῶν καὶ ἀποτμηθεὶς τὴν κεφαλήν.
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Traduction française :
[16d,24] Du reste, si pareille trahison avait pu se produire, c'est que le roi
Obodas, par une négligence commune à tous les rois arabes, s'occupait à
peine des affaires publiques, et surtout des affaires militaires, se
reposant sur son ministre Syllaeus du soin de les conduire et de les
administrer. Mais, maintenant, quand je réfléchis aux procédés de Syllaeus
et à sa façon d'user en tout et toujours de ruse et de perfidie, j'ai idée
qu'il s'était proposé pour but, en guidant les Romains dans leur
expédition et en les aidant à réduire quelques-unes des forteresses et des
tribus de l'Arabie, d'explorer le pays pour son propre compte et d'en
rester seul maître quand la faim, la fatigue et les maladies, jointes au
bon effet de ses ruses et machinations, l'aurait débarrassé de la présence
de ses alliés. Et de fait, quand Gallus atteignit Leucécômé, son armée
était déjà très éprouvée par la stomacaccé et la skélotyrbé, maladies du
pays, causées, dit-on, par la mauvaise qualité des eaux et des herbes, et
caractérisées, la première, par une altération des gencives, et la
seconde, par une sorte de paralysie des membres inférieurs ; aussi, fut-il
obligé, après avoir passé l'été à Leucécômé, d'y rester encore tout
l'hiver pour laisser à ses malades le temps de se remettre. D'habitude les
marchandises étaient transportées de Leucécômé à Pétra, d'où elles
gagnaient Rhinocolura, ville phénicienne voisine de la frontière d'Egypte,
pour être expédiées de là dans toutes les directions, mais aujourd'hui la
plus grande partie des marchandises gagnent Alexandrie par la voie du Nil
: on les amène par mer de l'Arabie et de l'Inde jusqu'à Myoshormos, on
leur fait ensuite traverser le désert à dos de chameaux, jusqu'à une ville
de la Thébaïde, Coptos, qui est située sur le canal du Nil, {puis} de là,
on les dirige sur Alexandrie.
Gallus put enfin quitter Leucécômé et se remettre en route avec son armée
; mais telle était la sécheresse du pays qu'il traversait, qu'il dut faire
porter l'eau à dos de chameaux : c'était encore là un méchant tour de
ses guides, et qui retarda singulièrement son arrivée dans les Etats
d'Arétas, parent d'Obodas. Celui-ci du moins l'accueillit avec
bienveillance, il alla même jusqu'à lui offrir de riches présents ; mais
Sylloeus, par ses trahisons, trouva moyen de lui susciter des embarras,
même sur cette terre amie. Ainsi l'armée mit trente jours à la traverser,
ne trouvant sur son passage, à cause des mauvais chemins qu'on lui avait
fait prendre, que de l'épeautre, de rares palmiers et du beurre au lieu
d'huile. La contrée qu'elle dut franchir tout de suite après celle-là
n'était peuplée que de nomades et constituait dans sa majeure partie un
vrai désert : on l'appelait l'Ararène, et elle avait pour roi Sabus. Egaré
encore une fois par les fausses indications de ses guides, Gallus employa
cinquante jours à traverser ce désert et à atteindre la ville de Négrana
et l'heureuse contrée qui l'entoure. Le roi du pays s'était enfui, et sa
ville fut enlevée d'assaut. Six jours après, l'armée arrivait au bord du
fleuve de {...}, les Barbares l'y attendaient et lui livrèrent bataille :
dix mille des leurs succombèrent et du côté des Romains deux hommes
seulement furent tués ; mais ces Barbares sont très peu belliqueux de leur
nature, et rien n'égale la maladresse avec laquelle ils manient leurs
différentes armes, l'arc, la lance, l'épée, la fronde, voire même la hache
à double tranchant qui était l'arme du plus grand nombre. Plus loin Gallus
prit la ville d'Asca que son roi avait également abandonnée ; puis,
marchant sur Athrula, il s'en empara sans coup férir, y mit garnison et
s'y approvisionna largement surtout en blé et en dattes ; après quoi il
poussa en avant jusqu'à Marsiaba, chez les Rhammanites, nation qui avait
alors pour roi Ilasar. Il attaqua cette ville et la bloqua six jours
durant, mais le manque d'eau lui fit lever le siège. Il n'était plus là
qu'à deux journées de marche du pays des Aromates, à ce que donnaient à
entendre les rapports des prisonniers. Son expédition, par la faute de ses
guides, lui avait donc pris six grands mois. Il comprit, en effectuant son
retour, ce qui s'était passé, et parce qu'on finit par lui révéler la
trahison de Syllaeus, et parce que, pour revenir, il ne suivit pas les
mêmes chemins. Ainsi, en neuf jours, il avait regagné Négrana où s'était
livrée la bataille, une autre marche de onze jours l'amena à une localité
dite des Sept-Puits parce qu'il s'y trouve effectivement ce nombre de
puits, et de là, traversant une contrée parfaitement paisible, il
atteignit le bourg de Chaalla, et, plus loin, sur le bord d'une rivière,
celui de Malotha. Il eut ensuite à franchir un désert, mais un désert où
se trouvaient encore quelques puits ou aiguades, et finit par atteindre
Egracômé, localité maritime dépendante du territoire d'Obodas. Or tout ce
voyage de retour s'était effectué en soixante jours, quand l'aller avait
pris six mois. D'Egracômé, il fit repasser le golfe à son armée, atteignit
Myoshormos en onze jours, franchit rapidement l'espace qui le séparait de
Coptos, et, avec tous les hommes {valides et} transportables qui lui
restaient, s'embarqua sur le canal pour Alexandrie. Il avait perdu tout le
reste non par les coups de l'ennemi (les différents combats ne lui ayant
coûté en tout que sept hommes), mais par le fait des maladies, des
fatigues, de la faim, et des fautes volontaires de ses guides, lesquels
furent cause en somme que l'expédition ne profita pas autant qu'elle
aurait dû à la connaissance géographique du pays. Quant à Syllaeus, le
vrai coupable, il subit sa peine à Rome : malgré ses protestations de
dévouement, il fut convaincu, non seulement de trahison dans cette
dernière circonstance, mais de maint autre méfait antérieur, et eut la
tête tranchée.
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