Texte grec :
[16d,25] Τὴν μὲν οὖν ἀρωματοφόρον διαιροῦσιν εἰς τέτταρας
μερίδας, ὥσπερ εἰρήκαμεν· τῶν ἀρωμάτων δὲ λίβανον
μὲν καὶ σμύρναν ἐκ δένδρων γίνεσθαί φασι, κασίαν
δὲ καὶ ἐκ θάμνων· τινὲς δὲ τὴν πλείω ἐξ Ἰνδῶν
εἶναι, τοῦ δὲ λιβάνου βέλτιστον τὸν πρὸς τῇ Περσίδι.
κατ´ ἄλλην δὲ διαίρεσιν σύμπασαν τὴν εὐδαίμονα πενταχῆ
σχίζουσιν εἰς βασιλείας, ὧν ἡ μὲν τοὺς μαχίμους
ἔχει καὶ προαγωνιστὰς ἁπάντων, ἡ δὲ τοὺς γεωργοὺς
παρ´ ὧν ὁ σῖτος εἰς τοὺς ἄλλους εἰσάγεται, ἡ δὲ τοὺς
βαναυσοτεχνοῦντας, καὶ ἡ μὲν σμυρνοφόρος, ἡ δὲ λιβανωτοφόρος·
αἱ δ´ αὐταὶ καὶ τὴν κασίαν καὶ τὸ κιννάμωμον καὶ τὴν νάρδον φέρουσι·
παρ´ ἀλλήλων δ´ οὐ μεταφοιτᾷ τὰ ἐπιτηδεύματα, ἀλλ´ ἐν τοῖς πατρίοις
διαμένουσιν ἕκαστοι. οἶνος δ´ ἐκ φοινίκων ὁ πλείων.
ἀδελφοὶ τιμιώτεροι τῶν τέκνων· κατὰ πρεσβυγένειαν
καὶ βασιλεύουσιν οἱ ἐκ τοῦ γένους καὶ ἄλλας ἀρχὰς
ἄρχουσι· κοινὴ κτῆσις ἅπασι τοῖς συγγενέσι, κύριος
δὲ ὁ πρεσβύτατος· μία δὲ καὶ γυνὴ πᾶσιν, ὁ δὲ φθάσας εἰσιὼν
μίγνυται προθεὶς τῆς θύρας τὴν ῥάβδον·
ἑκάστῳ γὰρ δεῖν ῥαβδοφορεῖν ἔθος· νυκτερεύει δὲ
παρὰ τῷ πρεσβυτάτῳ· διὸ καὶ πάντες ἀδελφοὶ πάντων εἰσί·
μίγνυνται δὲ καὶ μητράσι· μοιχῷ δὲ ζημία
θάνατος· μοιχὸς δ´ ἐστὶν ὁ ἐξ ἄλλου γένους. θυγάτηρ
δὲ τῶν βασιλέων τινὸς θαυμαστὴ τὸ κάλλος, ἔχουσα
ἀδελφοὺς πεντεκαίδεκα ἐρῶντας αὐτῆς πάντας, καὶ
διὰ τοῦτ´ ἀδιαλείπτως ἄλλον ἐπ´ ἄλλῳ παριόντα ὡς
αὐτήν, κάμνουσα ἤδη παραδέδοται νοήματι χρήσασθαι
τοιούτῳ· ποιησαμένη ῥάβδους ὁμοίας ταῖς ἐκείνων,
ὅτ´ ἐξίοι παρ´ αὐτῆς τις, ἀεί τινα προὐτίθει τῆς θύρας
τὴν ὁμοίαν ἐκείνῃ, καὶ μικρὸν ὕστερον ἄλλην, εἶτ´
ἄλλην, στοχαζομένη ὅπως μὴ ἐκείνῃ τὴν παραπλησίαν
ἔχοι ὁ μέλλων προσιέναι· καὶ δὴ πάντων ποτὲ κατ´
ἀγορὰν ὄντων, ἕνα προσιόντα τῇ θύρᾳ καὶ ἰδόντα τὴν
ῥάβδον, ἐκ μὲν ταύτης εἰκάσαι διότι παρ´ αὐτήν τις
εἴη· ἐκ δὲ τοῦ τοὺς ἀδελφοὺς πάντας ἐν τῇ ἀγορᾷ καταλιπεῖν
ὑπονοῆσαι μοιχόν· δραμόντα δὲ πρὸς τὸν
πατέρα καὶ ἐπαγαγόντα ἐκεῖνον ἐλεγχθῆναι καταψευσάμενον
τῆς ἀδελφῆς.
|
|
Traduction française :
[16d,25] Le pays des Aromates forme, avons-nous dit, quatre divisions. Des
différents aromates auxquels il doit son nom, les uns, comme l'encens et
la myrrhe, sont recueillis sur des arbres proprement dits ; {tandis que le
cinnamôme l'est sur de simples} arbustes et que la casse vient sur le bord
des lacs, des étangs. Quelques auteurs toutefois prétendent que la plus
grande partie de la casse que les Arabes exportent leur vient de l'Inde,
de même qu'ils tirent leur meilleur encens de la frontière de Perse.
D'après une division différente, l'Arabie Heureuse formerait cinq Etats
comprenant, le premier les guerriers qui sont chargés de pourvoir à la
sûreté générale, le second les cultivateurs qui approvisionnent de blé le
reste du pays, le troisième les artisans, tandis que le quatrième et le
cinquième produisent, l'un la myrrhe, et l'autre l'encens, sans parler de
la casse, du cinnamôme et du nard communs à tous les deux. Personne ne
peut passer d'un état dans un autre et chacun doit rester attaché à la
profession paternelle. On ne boit guère d'autre vin dans le pays que du
vin de palmier. Les frères passent toujours avant les enfants. Et le droit
de primogéniture règle, non seulement la succession au trône, mais en
général la transmission de toutes les charges ou magistratures. La
communauté des biens existe entre tous les membres d'une même famille,
mais il n'y a qu'un maître, qui est toujours le plus âgé de la famille.
Ils n'ont aussi qu'une femme pour eux tous ; celui qui, prévenant les
autres, entre le premier chez elle, use d'elle après avoir pris la
précaution de placer son bâton en travers de la porte (l'usage veut que
chaque homme porte toujours un bâton). Jamais, en revanche, elle ne passe
la nuit qu'avec le plus âgé, avec le chef de la famille. Une semblable
promiscuité les fait tous frères les uns des autres. Ajoutons qu'ils ont
commerce avec leurs propres mères. En revanche l'adultère, c'est-à-dire le
commerce avec un amant qui n'est pas de la famille, est impitoyablement
puni de mort. La fille de l'un des rois du pays, merveilleusement belle,
avait quinze frères, tous éperdument amoureux d'elle, et qui, pour cette
raison, se succédaient auprès d'elle sans relâche. Fatiguée de leurs
assiduités, elle s'avisa, dit-on, du stratagème que voici : elle se
procura des bâtons exactement semblables à ceux de ses frères, et, quand
l'un d'eux sortait d'auprès d'elle, elle se hâtait de placer contre la
porte le bâton pareil à celui du frère qui venait de la quitter, puis, peu
de temps après, le remplaçait par un autre, et ainsi de suite, en ayant
toujours bien soin de ne pas y mettre le bâton pareil à celui du frère
dont elle prévoyait la visite. Or, un jour que tous les frères étaient
réunis sur la place publique, l'un d'eux s'approcha de sa porte et à la
vue du bâton comprit que quelqu'un était avec elle ; mais, comme il avait
laissé tous ses frères ensemble sur la place, il crut à un flagrant délit
d'adultère, courut chercher leur père et l'amena avec lui. Force lui fut
de reconnaître en sa présence qu'il avait calomnié sa soeur.
|
|