Texte grec :
[16d,23] Ἐπὶ τούτοις μὲν οὖν ἔστειλε τὴν στρατείαν ὁ Γάλλος.
ἐξηπάτησε δ´ αὐτὸν ὁ τῶν Ναβαταίων ἐπίτροπος
Συλλαῖος, ὑποσχόμενος μὲν ἡγήσεσθαι τὴν ὁδὸν καὶ
χορηγήσειν ἅπαντα καὶ συμπράξειν, ἅπαντα δ´ ἐξ ἐπιβουλῆς πράξας,
καὶ οὔτε παράπλουν ἀσφαλῆ μηνύων οὔθ´ ὁδόν, ἀλλὰ ἀνοδίαις καὶ κυκλοπορίαις καὶ πάντων ἀπόροις χωρίοις ἢ ῥαχίαις ἀλιμένοις
παραβάλλων ἢ χοιράδων ὑφάλων μεσταῖς ἢ τεναγώδεσι· πλεῖστον
δὲ αἱ πλημμυρίδες ἐλύπουν ἐν τοιούτοις καὶ ταῦτα
χωρίοις καὶ αἱ ἀμπώτεις. πρῶτον μὲν δὴ τοῦθ´ ἁμάρτημα συνέβη τὸ μακρὰ
κατασκευάσασθαι πλοῖα, μηδενὸς ὄντος μηδ´ ἐσομένου κατὰ θάλατταν
πολέμου. οὐδὲ γὰρ κατὰ γῆν σφόδρα πολεμισταί εἰσιν ἀλλὰ κάπηλοι μᾶλλον οἱ Ἄραβες καὶ ἐμπορικοί, μήτι γε κατὰ θάλατταν· ὁ δ´ οὐκ ἔλαττον ὀγδοήκοντα ἐναυπηγήσατο δίκροτα καὶ τριήρεις καὶ φασήλους κατὰ Κλεοπατρίδα τὴν πρὸς τῇ παλαιᾷ διώρυγι τῇ ἀπὸ τοῦ Νείλου.
γνοὺς δὲ διεψευσμένος ἐναυπηγήσατο σκευαγωγὰ
ἑκατὸν καὶ τριάκοντα, οἷς ἔπλευσεν ἔχων περὶ μυρίους
πεζοὺς τῶν ἐκ τῆς Αἰγύπτου Ῥωμαίων καὶ τῶν συμμάχων,
ὧν ἦσαν Ἰουδαῖοι μὲν πεντακόσιοι Ναβαταῖοι δὲ
χίλιοι μετὰ τοῦ Συλλαίου. πολλὰ δὲ παθὼν καὶ ταλαιπωρηθεὶς
πεντεκαιδεκαταῖος ἧκεν εἰς Λευκὴν κώμην
τῆς Ναβαταίων γῆς, ἐμπόριον μέγα, πολλὰ τῶν πλοίων
ἀποβαλὼν (ὧν ἔνια καὶ αὔτανδρα) ὑπὸ δυσπλοίας, πολεμίου
δ´ οὐδενός· τοῦτο δ´ ἀπειργάσατο ἡ τοῦ Συλλαίου κακία τοῦ πεζῇ φήσαντος ἀνόδευτα εἶναι στρατοπέδοις εἰς τὴν Λευκὴν κώμην, εἰς ἣν καὶ ἐξ ἧς οἱ
καμηλέμποροι τοσούτῳ πλήθει ἀνδρῶν καὶ καμήλων
ὁδεύουσιν ἀσφαλῶς καὶ εὐπόρως εἰς Πέτραν {καὶ} ἐκ
Πέτρας, ὥστε μὴ διαφέρειν μηδὲν στρατοπέδου.
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Traduction française :
[16d,23] Voilà sur quelles assurances Auguste fit partir l'expédition de Gallus
; mais celui-ci se laissa tromper par le ministre du roi nabatéen
Syllicus, qui, après lui avoir promis de lui servir de guide en personne,
d'assurer ses approvisionnements et de lui prêter en tout un loyal
concours, ne fit, au contraire, que le trahir, ne lui indiquant jamais la
route la plus sûre, soit pour sa flotte le long des côtes, soit pour son
armée dans l'intérieur des terres, engageant l'armée dans des chemins
impraticables par exemple, ou bien l'amenant, après d'interminables
détours, dans des lieux où tout manquait, engageant de même la flotte, au
bout d'une longue côte droite et dépourvue d'abris, au milieu de bas-fonds
hérissés de rochers à fleur d'eau, où le danger du flux et du reflux,
toujours si redoutable pour les vaisseaux romains, se trouvait
singulièrement aggravé. La première faute avait été de construire des
vaisseaux longs, alors qu'il n'y avait point de guerre maritime engagée et
qu'on ne pouvait guère s'attendre à en voir éclater une : car les Arabes,
qui ne sont rien moins que belliqueux sur terre en leur qualité de
marchands et de trafiquants, sont naturellement sur mer encore moins
hardis. Gallus n'y avait pas songé et avait fait construire jusqu'à
quatre-vingts birèmes, trirèmes et phasèles à Cléopatris, sur le vieux
canal du Nil. Plus tard seulement il reconnut son erreur, et, s'étant
commandé cent trente transports, il s'y embarqua avec dix mille hommes
environ, tous fantassins, tirés des légions romaines et des troupes
auxiliaires d'Egypte, lesquelles lui avaient fourni notamment cinq cents
Juifs et mille Nabatéens aux ordres de Syllaeus. Après quinze jours d'une
traversée pénible et malheureuse, il arriva à Leucécômé, qui est le grand
marché des Nabatéens : il avait perdu une bonne partie de ses embarcations
(quelques-unes même avec leur équipage), mais du fait de la mer uniquement
et à cause des difficultés de la navigation ; l'ennemi n'y avait été pour
rien, et la responsabilité de ce désastre incombait tout entière à
Syllaeus, qui, méchamment, avait affirmé que la route de terre jusqu'à
Leucécômé n'était point praticable pour une armée, quand les caravanes
exécutent sans cesse entre Pétra et Leucécômé le voyage d'aller et retour
sans accident et en toute sécurité, et cela avec un nombre d'hommes et de
chameaux qui ne diffère en rien de l'attirail d'une armée véritable.
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