Texte grec :
[16d,21] Πρῶτοι δ´ ὑπὲρ τῆς Συρίας Ναβαταῖοι καὶ Σαβαῖοι
τὴν εὐδαίμονα Ἀραβίαν νέμονται, καὶ πολλάκις
κατέτρεχον αὐτῆς πρὶν ἢ Ῥωμαίων γενέσθαι· νῦν δὲ
κἀκεῖνοι Ῥωμαίοις εἰσὶν ὑπήκοοι καὶ Σύροι. μητρόπολις
δὲ τῶν Ναβαταίων ἐστὶν ἡ Πέτρα καλουμένη·
κεῖται γὰρ ἐπὶ χωρίου τἆλλα ὁμαλοῦ καὶ ἐπιπέδου, κύκλῳ δὲ πέτρᾳ
φρουρουμένου τὰ μὲν ἐκτὸς ἀποκρήμνου
καὶ ἀποτόμου τὰ δ´ ἐντὸς πηγὰς ἀφθόνους ἔχοντος εἴς
τε ὑδρείαν καὶ κηπείαν. ἔξω δὲ τοῦ περιβόλου χώρα
ἔρημος ἡ πλείστη καὶ μάλιστα ἡ πρὸς Ἰουδαίᾳ· ταύτῃ
δὲ καὶ ἐγγυτάτω ἐστὶ τριῶν ἢ τεττάρων ὁδὸς ἡμερῶν
εἰς Ἱερικοῦντα, εἰς δὲ τὸν φοινικῶνα πέντε. βασιλεύεται μὲν οὖν
ὑπό τινος ἀεὶ τῶν ἐκ τοῦ βασιλικοῦ γένους,
ἔχει δ´ ὁ βασιλεὺς ἐπίτροπον τῶν ἑταίρων τινὰ καλούμενον
ἀδελφόν· σφόδρα δ´ εὐνομεῖται· γενόμενος
γοῦν παρὰ τοῖς Πετραίοις Ἀθηνόδωρος, ἀνὴρ φιλόσοφος καὶ ἡμῖν
ἑταῖρος, διηγεῖτο θαυμάζων· εὑρεῖν γὰρ
ἐπιδημοῦντας ἔφη πολλοὺς μὲν Ῥωμαίων πολλοὺς δὲ
καὶ τῶν ἄλλων ξένων· τοὺς μὲν οὖν ξένους ὁρᾶν κρινομένους
πολλάκις καὶ πρὸς ἀλλήλους καὶ πρὸς τοὺς
ἐπιχωρίους, τῶν δ´ ἐπιχωρίων οὐδένας ἀλλήλοις ἐγκαλοῦντας,
ἀλλὰ τὴν πᾶσαν εἰρήνην ἄγοντας πρὸς ἑαυτούς.
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Traduction française :
[16d,21] Les Nabatéens et les Sabéens, qui sont les premiers peuples qu'on
rencontre dans l'Arabie Heureuse au-dessus de la Syrie, faisaient de
fréquentes incursions dans cette dernière contrée avant que les Romains
l'eussent rangée au nombre de leurs provinces ; mais aujourd'hui Nabatéens
et Sabéens, à l'imitation des Syriens, ont fait leur soumission aux
Romains. La capitale des Nabatéens, Pétra, tire son nom de cette
circonstance particulière, que, bâtie sur un terrain généralement plat et
uni, elle a tout autour d'elle comme un rempart de rochers (petra), qui,
escarpé et abrupt du côté extérieur, contient sur son versant intérieur
d'abondantes sources, précieuses pour l'alimentation de la ville et
l'arrosage des jardins. Hors de cette enceinte de rochers, le pays n'est
plus guère qu'un désert, surtout dans la partie qui avoisine la Judée.
Depuis Pétra jusqu'à Hiéricho, qui est de ce côté la ville la plus proche,
on compte trois ou quatre journées ; on en compte cinq {dans la direction
opposée} jusqu'au Phoenicôn. Pétra a un roi particulier toujours issu du
sang royal nabatéen, mais celui-ci délègue ses pouvoirs à un des
compagnons de son enfance, qui a le titre de ministre et qu'il appelle son
frère. Il règne à Pétra un ordre parfait, j'en ai pour preuve ce que le
philosophe Athénodore, mon ami, qui avait visité Pétra, me contait avec
admiration : il avait trouvé fixés et domiciliés dans Pétra un grand
nombre de Romains parmi d'autres émigrants étrangers, et, tandis que les
étrangers étaient perpétuellement en procès soit entre eux soit avec les
gens du pays, jamais ceux-ci ne s'appelaient en justice, vivant toujours
en parfaite intelligence les uns avec les autres.
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