Texte grec :
[16d,20] Ἐρυθρὰν γὰρ λέγειν τινὰς τὴν θάλατταν ἀπὸ τῆς
χροιᾶς τῆς ἐμφαινομένης κατ´ ἀνάκλασιν, εἴτε ἀπὸ τοῦ
ἡλίου κατὰ κορυφὴν ὄντος εἴτε ἀπὸ τῶν ὀρῶν ἐρυθραινομένων ἐκ τῆς
ἀποκαύσεως· ἀμφοτέρως γὰρ εἰκάζειν·
Κτησίαν δὲ τὸν Κνίδιον πηγὴν ἱστορεῖν ἐκδιδοῦσαν
εἰς τὴν θάλατταν ἐρευθὲς καὶ μιλτῶδες ὕδωρ· Ἀγαθαρχίδην
δὲ τὸν ἐκείνου πολίτην παρά τινος Βόξου, {Πέρσου} τὸ γένος,
ἱστορῆσαι διότι Πέρσης τις Ἐρύθρας, ἱπποφορβίου τινὸς ὑπὸ λεαίνης οἴστρῳ κατασχομένης ἐξελαθέντος μέχρι θαλάττης
κἀκεῖθεν εἰς νῆσόν τινα διάραντος, σχεδίαν πηξάμενος πρῶτος
περαιωθείη πρὸς τὴν νῆσον· ἰδὼν δὲ καλῶς οἰκήσιμον
τὴν μὲν ἀγέλην εἰς τὴν Περσίδα ἀπαγάγοι πάλιν, ἀποίκους δ´ ἐκεῖ
στείλαι τε καὶ τὰς ἄλλας νήσους καὶ τὴν
παραλίαν, ἐπώνυμον δὲ ποιήσειεν ἑαυτοῦ τὸ πέλαγος.
τοὺς δὲ Περσέως υἱὸν ἀποφαίνεσθαι τὸν Ἐρύθραν,
ἡγήσασθαί τε τῶν τόπων. λέγεται δ´ ὑπό τινων τὰ
ἀπὸ τῶν στενῶν τοῦ Ἀραβίου κόλπου μέχρι τῆς κινναμωμοφόρου
τῆς ἐσχάτης πεντακισχιλίων σταδίων, οὐκ
εὐκρινῶς, εἴτ´ ἐπὶ νότον εἴτ´ ἐπὶ τὰς ἀνατολάς. λέγεται
δὲ καὶ διότι ὁ σμάραγδος καὶ ὁ βήρυλλος ἐν τοῖς
τοῦ χρυσίου μετάλλοις ἐγγίνεται. εἰσὶ δὲ καὶ ἅλες εὐώδεις
ἐν Ἄραψιν, ὥς φησι Ποσειδώνιος.
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Traduction française :
[16d,20] Après avoir cité par exemple l'opinion de certains auteurs qui
prétendent que la mer {Australe} a reçu le nom d'Erythrée {ou de mer
Rouge} parce que ses eaux semblent se colorer en rouge par l'effet de la
réfraction de la lumière, soit de la lumière qui vient directement du
soleil quand cet astre est parvenu au point le plus élevé de sa course,
soit de celle que dégagent les rochers du littoral chauffés et rougis par
les feux du jour, Artémidore cite encore l'opinion de Ctésias de Cnide,
lequel croit plutôt à l'existence d'une source déversant dans la mer une
eau rougeâtre et chargée de minium ; il cite de même tout au long ce
qu'Agatharchide, compatriote de Ctésias, dit avoir recueilli de la bouche
d'un certain Boxus, originaire de la Perse, au sujet du Perse Erythras,
{gardien} d'un des haras {royaux}. Une lionne, exaspérée par la piqûre
d'un taon, avait chassé devant elle jusqu'à la mer, voire plus loin,
jusque dans une île qu'un bras de mer sépare de la côte, toutes les bêtes
du haras. Erythras s'était alors construit un solide radeau, et il avait
passé dans l'île où jamais homme avant lui n'avait mis le pied. Il l'avait
trouvée pourvue de tous les avantages qui rendent une terre habitable, si
bien qu'après avoir ramené à terre le troupeau fugitif il s'était occupé
de réunir une colonie, et cette colonie avait peuplé, non seulement l'île
en question, mais plusieurs autres îles encore des mêmes parages, ainsi
que la côte qui leur fait face ; après quoi il avait donné son nom à la
mer elle-même. Artémidore mentionne aussi l'opinion qui fait d'Erythras un
fils de Persée et qui le fait régner sur toute cette contrée. A notre
tour, nous rappellerons que quelques géographes comptent depuis les passes
du golfe Arabique jusqu'à l'extrémité de la Cinnamômophore un trajet de
5000 stades, mais sans préciser si cette partie de la côte se dirige au
midi ou au levant. Un autre renseignement digne d'intérêt, que nous
fournissent quelques auteurs, c'est qu'on trouve l'émeraude et le béryl
dans les mines d'or du pays. Enfin, au dire de Posidonius, il y aurait en
Arabie jusqu'à du sel odoriférant.
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