Texte grec :
[16d,10] Ἔτι δ´ ὑπὲρ τούτων ὡς πρὸς μεσημβρίαν οἱ κυναμολγοί,
ὑπὸ δὲ τῶν ἐντοπίων ἄγριοι καλούμενοι, κατάκομοι,
καταπώγωνες, κύνας ἐκτρέφοντες εὐμεγέθεις,
οἷς θηρεύουσι τοὺς ἐπερχομένους ἐκ τῆς πλησιοχώρου
βόας Ἰνδικούς, εἴθ´ ὑπὸ θηρίων ἐξελαυνομένους εἴτε
σπάνει νομῆς· ἡ δ´ ἔφοδος αὐτῶν ἀπὸ θερινῶν τροπῶν
μέχρι μέσου χειμῶνος. τῷ δ´ Ἀντιφίλου λιμένι
ἑξῆς ἔστι λιμὴν καλούμενος κολοβῶν ἄλσος καὶ Βερενίκη
πόλις ἡ κατὰ Σαβὰς καὶ Σαβαί, πόλις εὐμεγέθης,
εἶτα τὸ τοῦ Εὐμένους ἄλσος. ὑπέρκειται δὲ πόλις Δάραδα καὶ κυνήγιον
ἐλεφάντων τὸ πρὸς τῷ φρέατι καλούμενον· κατοικοῦσι
δ´ ἐλεφαντοφάγοι, τὴν θήραν ποιούμενοι τοιαύτην· ἀπὸ τῶν δένδρων
ἰδόντες ἀγέλην διὰ τοῦ δρυμοῦ φερομένην τῇ μὲν οὐκ ἐπιτίθενται,
τοὺς δ´ ἀποπλανηθέντας ἐκ τῶν ὄπισθεν λάθρᾳ προσιόντες
νευροκοποῦσι· τινὲς δὲ καὶ τοξεύμασιν ἀναιροῦσιν αὐτοὺς χολῇ
βεβαμμένοις ὄφεων· ἡ δὲ τοξεία
διὰ τριῶν ἀνδρῶν συντελεῖται, τῶν μὲν κατεχόντων
τὸ τόξον καὶ προβεβηκότων τοῖς ποσί, τοῦ δ´ ἕλκοντος
τὴν νευράν· ἄλλοι δὲ σημειωσάμενοι τὰ δένδρα οἷς
εἰώθασι προσαναπαύεσθαι, προσιόντες ἐκ θατέρου
μέρους τὸ στέλεχος ὑποκόπτουσιν· ἐπὰν οὖν προσιὸν
τὸ θηρίον ἀποκλίνῃ πρὸς αὐτό, πεσόντος τοῦ δένδρου
πίπτει καὶ αὐτό, ἀναστῆναι δὲ μὴ δυναμένου διὰ τὸ τὰ
σκέλη διηνεκὲς ὀστοῦν ἔχειν καὶ ἀκαμπές, καταπηδήσαντες
ἀπὸ τῶν δένδρων ἀνατέμνουσιν αὐτό·
τοὺς δὲ κυνηγοὺς οἱ νομάδες ἀκαθάρτους καλοῦσιν.
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Traduction française :
[16d,10] En s'avançant encore plus loin dans l'intérieur, mais plus dans la
direction du midi, on rencontre la tribu des Cynamolges, ou, comme on
l'appelle dans le pays même, la tribu des Agrii. Les hommes de cette tribu
laissent pousser leurs cheveux et portent toute leur barbe. Leurs chiens
sont de la plus grande taille et leur servent à chasser les troupeaux de
boeufs indiens qui de temps à autre font irruption des cantons voisins sur
leur territoire, soit pour fuir la dent des bêtes féroces, soit parce que
leurs pâturages ordinaires sont épuisés. C'est habituellement entre le
solstice d'été et le milieu de l'hiver que l'irruption de ces animaux a
lieu. Immédiatement après le port d'Antiphile, on relève : 1° un autre
port appelé le Colobônalsos ; 2° une ville connue sous le nom de
Bérénice-lez-Sabae ; 3° Sabae même, qui est une ville de très grande
étendue ; Eumenûsalsos. Juste au-dessus est la ville de Darada avec une
chasse d'éléphants dite la Chasse du puits. C'est la tribu des
Eléphantophages qui occupe tout ce canton, et, {comme son nom l'indique,}
son unique occupation est la chasse aux éléphants. Quand, du haut des
arbres où ils se postent, ils aperçoivent un troupeau d'éléphants qui
traverse la forêt, les Eléphantophages ne se hâtent pas de l'attaquer ;
mais, pour peu qu'un des éléphants qui forment l'arrière-garde s'écarte,
ils s'approchent de lui sans faire de bruit et lui coupent les jarrets.
Quelquefois aussi ils percent les éléphants de flèches qu'ils ont au
préalable trempées dans du fiel ou de la bave de serpent. Le maniement de
leurs arcs exige le concours de trois hommes : deux de ces hommes, la
jambe en avant, tiennent l'arc et le troisième tire la corde. D'autres
chasseurs marquent les arbres contre lesquels les éléphants ont coutume de
se reposer, puis passant de l'autre côté ils coupent l'arbre au pied.
Alors, quand la bête vient pour s'y appuyer, l'arbre tombe et l'entraîne
dans sa chute, et, comme il lui est impossible de se relever, l'os de la
jambe chez l'éléphant étant tout d'une pièce et ne pouvant se plier, les
chasseurs postés sur les arbres voisins se hâtent d'en descendre et
égorgent leur proie. Les Nomades n'appellent jamais les chasseurs
d'éléphants autrement que les Impurs.
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