[16d,26] Σώφρονες δ´ εἰσὶν οἱ Ναβαταῖοι καὶ κτητικοί,
ὥστε καὶ δημοσίᾳ τῷ μὲν μειώσαντι τὴν οὐσίαν ζημία
κεῖται, τῷ δ´ αὐξήσαντι τιμαί. ὀλιγόδουλοι δ´ ὄντες
ὑπὸ τῶν συγγενῶν διακονοῦνται τὸ πλέον ἢ ὑπ´ ἀλλήλων
ἢ αὐτοδιάκονοι, ὥστε καὶ μέχρι τῶν βασιλέων
διατείνειν τὸ ἔθος. συσσίτια δὲ ποιοῦνται κατὰ τρισκαίδεκα ἀνθρώπους,
μουσουργοὶ δὲ δύο τῷ συμποσίῳ ἑκάστῳ. ὁ δὲ βασιλεὺς ἐν οἴκῳ μεγάλῳ πολλὰ συνέχει συμπόσια· πίνει δ´ οὐδεὶς πλέον τῶν ἕνδεκα ποτηρίων ἄλλῳ καὶ ἄλλῳ χρυσῷ ἐκπώματι. οὕτω δ´ ὁ βασιλεύς ἐστι δημοτικὸς ὥστε πρὸς τῷ αὐτοδιακόνῳ καί ποτ´ ἀντιδιάκονον τοῖς ἄλλοις καὶ αὐτὸν γίνεσθαι·
πολλάκις δὲ καὶ ἐν τῷ δήμῳ δίδωσιν εὐθύνας, ἔσθ´ ὅτε καὶ ἐξετάζεται
τὰ περὶ τὸν βίον· οἰκήσεις δὲ διὰ λίθου πολυτελεῖς, αἱ δὲ πόλεις ἀτείχιστοι
δι´ εἰρήνην· εὔκαρπος ἡ πολλὴ πλὴν ἐλαίου, χρῶνται δὲ σησαμίνῳ.
πρόβατα λευκότριχα, βόες μεγάλοι, ἵππων ἄφορος ἡ χώρα· κάμηλοι δὲ τὴν ὑπουργίαν ἀντ´ ἐκείνων παρέχονται·
ἀχίτωνες δ´ ἐν περιζώμασι καὶ βλαυτίοις προΐασι καὶ
οἱ βασιλεῖς, ἐν πορφύρᾳ δ´ οὗτοι· εἰσαγώγιμα δ´ ἐστὶ
τὰ μὲν τελέως τὰ δ´ οὐ παντελῶς, ἄλλως τε καὶ ἐπιχωριάζει,
καθάπερ χρυσὸς καὶ ἄργυρος καὶ τὰ πολλὰ
τῶν ἀρωμάτων· χαλκὸς δὲ καὶ σίδηρος καὶ ἔτι πορφυρᾶ ἐσθὴς
στύραξ κρόκος κοστάρια τόρευμα γραφὴ
πλάσμα οὐκ ἐπιχώρια· ἴσα κοπρίαις ἡγοῦνται τὰ νεκρὰ σώματα, καθάπερ
Ἡράκλειτός φησι νέκυες κοπρίων ἐκβλητότεροι. διὸ καὶ παρὰ τοὺς κοπρῶνας
κατορύττουσι καὶ τοὺς βασιλεῖς. ἥλιον τιμῶσιν ἐπὶ τοῦ
δώματος ἱδρυσάμενοι βωμόν, σπένδοντες ἐν αὐτῷ
καθ´ ἡμέραν καὶ λιβανωτίζοντες.
| [16d,26] Les Nabatéens sont sobres et parcimonieux au point que la loi chez eux
frappe d'une amende celui qui a écorné son bien et décerne au contraire
des honneurs à celui qui l'a augmenté. Comme ils ont peu d'esclaves, ils
sont servis habituellement par des parents, à charge de revanche bien
entendu; bien souvent il leur arrive aussi de se servir eux-mêmes, et
cette nécessité s'étend jusqu'aux rois. Ils prennent leurs repas par
tables de treize, et à chaque table sont attachés deux musiciens. Le roi a
une grande salle qui lui sert à donner de fréquents banquets. Dans ces
banquets personne ne vide plus de onze coupes (l'usage est, chaque fois
qu'on a bu, d'échanger contre une autre la coupe d'or que l'on vient de
vider). Le roi, ici, est si mêlé à la vie commune, que, non content de se
servir souvent lui-même, il sert parfois les autres de ses propres mains.
Quelquefois aussi il est tenu de rendre des comptes à son peuple et voit
alors toute sa conduite soumise à une sorte d'examen public. Les
habitations, construites en très belle pierre, sont magnifiques, mais les
villes n'ont pas de mur d'enceinte par la raison que la paix est l'état
habituel du pays. Le sol de la Nabatée est généralement fertile et
productif, l'olivier est le seul arbre auquel il ne convienne pas, aussi
{à défaut d'huile d'olive} ne se sert-on que d'huile de sésame. Les
moutons ont tous la laine blanche ; les boeufs sont grands ; le pays ne
nourrit pas de chevaux, mais les chameaux en tiennent lieu et les
suppléent en tout. Les Nabatéens ne portent pas de tunique et vont vêtus
de simples caleçons et chaussés de babouches, même les rois ; seulement
pour les rois, caleçons et babouches sont teints en pourpre. Il est
certains articles que les Nabatéens tirent complètement du dehors et
d'autres qu'ils n'en tirent qu'en partie, vu que leur propre pays leur en
fournit déjà, tel est le cas pour l'or, l'argent et la plupart des
aromates; pour ce qui est du cuivre, du fer, des tissus de pourpre, du
styrax, du safran, des costaries, de l'orfèvrerie, des tableaux, des
sculptures, l'industrie indigène ne fournissant rien, ils tirent tout de
l'étranger. Aux yeux du Nabatéen, les restes mortels n'ont pas plus de
prix que du fumier, croyance analogue à cette pensée d'Héraclite :
«L'homme mort ne vaut pas le fumier qu'on jette dans les rues».
Conséquemment, ils enterrent leurs rois eux-mêmes à côté de leurs trous à
fumier. Le soleil est pour les Nabatéens l'objet d'un culte particulier,
ils lui dressent des autels sur les terrasses de leurs maisons, et là
chaque jour, pour l'honorer, ils font des libations et ils brûlent de l'encens.
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