| [16d,12] Πλησιόχωροι δὲ τούτοις εἰσὶ μελανώτεροί τε τῶν
ἄλλων καὶ βραχύτεροι καὶ βραχυβιώτατοι ἀκριδοφάγοι·
τὰ γὰρ τετταράκοντα ἔτη σπανίως ὑπερτιθέασιν, ἀποθηριουμένης 
αὐτῶν τῆς σαρκός· ζῶσι δ´ ἀπὸ ἀκρίδων,
ἃς οἱ ἐαρινοὶ λίβες καὶ ζέφυροι πνέοντες μεγάλοι
συνελαύνουσιν εἰς τοὺς τόπους τούτους· ἐν ταῖς χαράδραις 
δὲ ἐμβαλόντες ὕλην καπνώδη καὶ ὑφάψαντες
μικρὸν ... ὑπερπετάμεναι γὰρ τὸν καπνὸν σκοτοῦνται 
καὶ πίπτουσι· συγκόψαντες δ´ αὐτὰς μεθ´ ἁλμυρίδος 
μάζας ποιοῦνται καὶ χρῶνται. τούτων δ´ ἔρημος 
ὑπέρκειται μεγάλη, νομὰς δαψιλεῖς ἔχουσα, ἐκλειφθεῖσα 
δ´ ὑπὸ πλήθους σκορπίων καὶ φαλαγγίων τῶν
τετραγνάθων καλουμένων, ἐπιπολάσαντός ποτε καὶ
ἀπεργασαμένου τοῖς ἀνθρώποις φυγὴν παντελῆ.
 | [16d,12] Dans le voisinage des peuples que nous venons de nommer habitent les 
Acridophages. Plus noirs de peau que les autres, les Acridophages sont 
beaucoup plus petits de taille et vivent aussi comparativement très peu de 
temps ; il est rare en effet qu'ils dépassent quarante ans, circonstance 
qu'on attribue à ce qu'ils ont le corps rongé de vermine. Ils vivent de 
sauterelles que les vents du sud-ouest et de l'ouest, toujours très forts 
au printemps dans ces régions, emportent et chassent vers leur pays. Pour 
les prendre, ils entassent au fond des vallées du bois qui a la propriété 
de faire beaucoup de fumée en brûlant, puis ils l'allument lentement. En 
passant au-dessus, les sauterelles sont aveuglées et suffoquées par la 
fumée, elles tombent, et, après qu'on les a ramassées, on les écrase, on 
les pile dans de la saumure, pour en faire des espèces de gâteaux qui 
forment le fond de la nourriture des Acridophages. Derrière le territoire 
de ce peuple s'étend une vaste contrée, entièrement déserte, bien que 
renfermant de gras pâturages : on donne pour cause de cet abandon la 
présence d'une quantité infinie de scorpions et de phalanges dites à 
quatre mâchoires, qui, à force de pulluler, ont fini par mettre en pleine 
déroute tous les habitants du pays.
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