Texte grec :
[16b,42] Ἡ δὲ Σιρβωνὶς λίμνη πολλὴ μέν ἐστι· καὶ γὰρ χιλίων
σταδίων εἰρήκασί τινες τὸν κύκλον· τῇ μέντοι
παραλίᾳ παρεκτέταται μικρῷ τι πλέον τῶν διακοσίων
σταδίων μῆκος ἐπιλαμβάνουσα, ἀγχιβαθής, βαρύτατον
ἔχουσα ὕδωρ, ὥστε μὴ δεῖν κολύμβου, ἀλλὰ τὸν
ἐμβάντα καὶ μέχρι ὀμφαλοῦ εὐθὺς ἐξαίρεσθαι· μεστὴ
δ´ ἐστὶν ἀσφάλτου· αὕτη δὲ ἀναφυσᾶται κατὰ καιροὺς
ἀτάκτους ἐκ μέσου τοῦ βάθους μετὰ πομφολύγων ὡς
ἂν ζέοντος ὕδατος· κυρτουμένη δ´ ἡ ἐπιφάνεια λόφου
φαντασίαν παρέχει· συναναφέρεται δὲ καὶ ἄσβολος
πολλή, καπνώδης μὲν πρὸς δὲ τὴν ὄψιν ἄδηλος, ὑφ´
ἧς κατιοῦται καὶ χαλκὸς καὶ ἄργυρος καὶ πᾶν τὸ στιλπνὸν
μέχρι καὶ χρυσοῦ· ἀπὸ δὲ τοῦ κατιοῦσθαι τὰ
σκεύη γνωρίζουσιν οἱ περιοικοῦντες ἀρχομένην τὴν
ἀναβολὴν τοῦ ἀσφάλτου, καὶ παρασκευάζονται πρὸς
τὴν μεταλλείαν αὐτοῦ, ποιησάμενοι σχεδίας καλαμίνας.
ἔστι δ´ ἡ ἄσφαλτος γῆς βῶλος, ὑγραινομένη μὲν
ὑπὸ θερμοῦ καὶ ἀναφυσωμένη καὶ διαχεομένη, πάλιν
δὲ μεταβάλλουσα εἰς πάγον ἰσχυρὸν ὑπὸ τοῦ ψυχροῦ
ὕδατος, οἷόν ἐστι τὸ τῆς λίμνης ὕδωρ, ὥστε τομῆς καὶ
κοπῆς δεῖσθαι· εἶτ´ ἐπιπολάζουσα διὰ τὴν φύσιν τοῦ
ὕδατος, καθ´ ἣν ἔφαμεν μηδὲ κολύμβου δεῖσθαι, μηδὲ
βαπτίζεσθαι τὸν ἐμβάντα ἀλλ´ ἐξαίρεσθαι· προσπλεύσαντες
δὲ ταῖς σχεδίαις κόπτουσι καὶ φέρονται τῆς
ἀσφάλτου ὅσον ἕκαστος δύναται.
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Traduction française :
[16b,42] Le lac Sirbonis est assurément fort grand, puisque certains auteurs
lui donnent jusqu'à 1000 stades de tour. Sa longueur cependant, mesurée
par rapport au littoral (sa direction générale est parallèle à celle de la
côte), ne dépasse guère 200 stades. Ses eaux sont très profondes même sur
le bord et tellement pesantes, qu'il n'y a pas possibilité pour un
plongeur d'y exercer ses talents, car celui qui y entre n'a pas plus tôt
enfoncé jusqu'à mi-corps qu'il se sent soulevé hors de l'eau. Ajoutons que
l'asphalte se trouve dans le lac en très grande quantité : à des époques
dont le retour n'a rien de régulier, on voit cette substance jaillir du
milieu, du plus profond du lac, avec une forte ébullition qui rappelle
tout à fait celle de l'eau bouillante. En retombant, elle forme une sorte
de monticule arrondi. Il se dégage en même temps beaucoup de suie, mais à
l'état de gaz, et, pour ne pas être visible, cette suie n'en atteste pas
moins sa présence en ternissant le cuivre, l'argent et tous les corps
brillants, jusqu'à l'or lui-même, et c'est en voyant leurs vases et autres
ustensiles se rouiller, que les riverains habituellement pressentent
l'approche d'une éruption. Ils se préparent alors à recueillir l'asphalte
et disposent à cet effet des radeaux faits de joncs tressés. L'asphalte
est une substance terreuse, qui, liquéfiée par la chaleur, jaillit et fait
expansion, mais pour changer d'état aussitôt, car au contact de l'eau,
d'une eau aussi froide que l'est celle du lac, elle se solidifie et arrive
à former une masse tellement dure, qu'il faut la couper, la briser en
morceaux. Par suite de la nature toute particulière des eaux du lac, dans
lesquelles, avons-nous dit, l'art du plongeur ne trouve absolument pas à
s'exercer, puisqu'à peine entré on s'y sent porté et soulevé sans pouvoir
enfoncer, l'asphalte y surnage, et les gens du pays, montés sur leurs
radeaux, se portent vers l'endroit où s'est faite l'éruption, coupent
l'asphalte et en emportent autant de morceaux qu'ils peuvent.
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