Texte grec :
[16b,14] Τὸ παλαιὸν μὲν οὖν οἱ Ἀράδιοι καθ´ αὑτοὺς ἐβασιλεύοντο παραπλησίως ὥσπερ καὶ τῶν ἄλλων ἑκάστη
πόλεων τῶν Φοινικίδων· ἔπειτα τὰ μὲν οἱ Πέρσαι τὰ
δ´ οἱ Μακεδόνες τὰ δὲ νῦν Ῥωμαῖοι μετέθηκαν εἰς τὴν
παροῦσαν τάξιν. οἱ δ´ οὖν Ἀράδιοι μετὰ τῶν ἄλλων
Φοινίκων ὑπήκουον τῶν Συριακῶν βασιλέων ἅτε φίλων·
ἔπειτα στασιασάντων ἀδελφῶν δυεῖν τοῦ τε
Καλλινίκου Σελεύκου καὶ Ἀντιόχου τοῦ Ἱέρακος
προσαγορευθέντος, προσθέμενοι τῷ Καλλινίκῳ ποιοῦνται
συμβάσεις ὥστ´ ἐξεῖναι δέχεσθαι τοὺς καταφεύγοντας
ἐκ τῆς βασιλείας παρ´ αὐτούς, καὶ μὴ ἐκδιδόναι ἄκοντας· μὴ μέντοι μηδ´ ἐκπλεῖν ἐᾶν ἄνευ τοῦ ἐπιτρέψαι βασιλέα. συνέβη
δὲ ἐκ τούτου μεγάλα αὐτοῖς πλεονεκτήματα· οἱ γὰρ
καταφεύγοντες ἐπ´ αὐτοὺς οὐχ οἱ τυχόντες ἦσαν
ἀλλ´ οἱ τὰ μέγιστα πεπιστευμένοι καὶ
περὶ τῶν μεγίστων δεδιότες· ἐπιξενούμενοι δ´ αὐτοῖς
εὐεργέτας ἡγοῦντο καὶ σωτῆρας τοὺς ὑποδεξαμένους,
ἀπεμνημόνευόν τε τὴν χάριν καὶ μάλιστα ἐπανελθόντες
εἰς τὴν οἰκείαν· ὥστ´ ἐκ τούτου χώραν τε ἐκτήσαντο τῆς περαίας πολλήν, ἧς τὴν πλείστην ἔχουσι καὶ
νῦν, καὶ τἆλλα εὐθήνουν. προσέθεσαν δὲ τῇ εὐτυχίᾳ
ταύτῃ καὶ πρόνοιαν καὶ φιλοπονίαν πρὸς τὴν θαλαττουργίαν·
ὁρῶντές τε τοὺς γειτονεύοντας Κίλικας τὰ
πειρατήρια συνισταμένους οὐδ´ ἅπαξ ἐκοινώνουν αὐτοῖς
τῆς τοιαύτης ἐπιτηδεύσεως.
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Traduction française :
[16b,14] Anciennement, et comme toutes les autres villes phéniciennes, Aradus
avait ses rois particuliers ; mais plus tard l'influence étrangère (celle
des Perses d'abord, celle des Macédoniens ensuite et de nos jours celle
des Romains) a modifié sa constitution et lui a donné la forme que nous
lui voyons actuellement. Comme tout le reste de la Phénicie, elle avait dû
accepter l'amitié soi-disant, en réalité le joug des rois de Syrie, quand
la discorde éclata entre les deux frères Séleucus Callinicus et Antiochus
dit Hiérax. Les Aradiens se rangèrent du côté de Callinicus et passèrent
avec lui un traité, dans lequel ils stipulaient qu'ils auraient le droit
d'accueillir dans leurs murs tous les Syriens fugitifs et de refuser de
les livrer si eux-mêmes ne consentaient à leur extradition, s'engageant en
revanche à ne pas les laisser se rembarquer ni sortir de l'île sans la
permission expresse du roi. Or ils retirèrent de cette convention de très
grands avantages, car les fugitifs qui vinrent leur demander asile
n'étaient pas les premiers venus, c'étaient en général d'illustres
personnages qui avaient pu craindre pour eux-mêmes les derniers dangers,
et qui, reconnaissants de l'hospitalité qu'on leur avait accordée,
considérèrent leurs hôtes comme des bienfaiteurs, des sauveurs, et
cherchèrent, surtout après être rentrés dans leurs foyers, tous les moyens
de s'acquitter envers eux. A partir de ce moment en effet, les Aradiens
eurent toute facilité pour s'annexer une bonne partie de la côte qui leur
fait face et qu'ils possèdent aujourd'hui presque en totalité, et ils
virent leurs autres entreprises réussir tout aussi heureusement. Il est
vrai qu'ils avaient aidé cette heureuse chance par leur prévoyance et leur
zèle à développer leur marine, sans que l'exemple des Ciliciens leurs
voisins et les efforts faits par eux pour organiser la piraterie eussent
pu les entraîner, même un jour, à s'associer à une aussi coupable industrie.
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