Texte grec :
[16b,10] Ἡ δ´ Ἀπάμεια καὶ πόλιν ἔχει τὸ πλέον εὐερκῆ·
λόφος γάρ ἐστιν ἐν πεδίῳ κοίλῳ τετειχισμένος καλῶς,
ὃν ποιεῖ χερρονησίζοντα ὁ Ὀρόντης καὶ λίμνη περικειμένη
μεγάλη καὶ ἕλη πλατέα λειμῶνάς τε βουβότους
καὶ ἱπποβότους διαχεομένους ὑπερβάλλοντας τὸ μέγεθος·
ἥ τε δὴ πόλις οὕτως ἀσφαλῶς κεῖται (καὶ δὴ καὶ
Χερρόνησος ἐκλήθη διὰ τὸ συμβεβηκός) καὶ χώρας
εὐπορεῖ παμπόλλης εὐδαίμονος, δι´ ἧς ὁ Ὀρόντης ῥεῖ·
καὶ περιπόλια συχνὰ ἐν ταύτῃ. ἐνταῦθα δὲ καὶ ὁ Νικάτωρ
Σέλευκος τοὺς πεντακοσίους ἐλέφαντας ἔτρεφε
καὶ τὸ πλέον τῆς στρατιᾶς καὶ οἱ ὕστερον βασιλεῖς.
ἐκαλεῖτο δὲ καὶ Πέλλα ποτὲ ὑπὸ τῶν πρώτων Μακεδόνων
διὰ τὸ τοὺς πλείστους τῶν Μακεδόνων ἐνταῦθα
οἰκῆσαι τῶν στρατευομένων, τὴν δὲ Πέλλαν ὥσπερ
μητρόπολιν γεγονέναι τῶν Μακεδόνων τὴν Φιλίππου
καὶ Ἀλεξάνδρου πατρίδα. ἐνταῦθα δὲ καὶ τὸ λογιστήριον τὸ στρατιωτικὸν καὶ τὸ ἱπποτροφεῖον, θήλειαι
μὲν ἵπποι βασιλικαὶ πλείους τῶν τρισμυρίων, ὀχεῖα δὲ
τούτων τριακόσια· ἐνταῦθα δὲ καὶ πωλοδάμναι καὶ
ὁπλομάχοι καὶ ὅσοι παιδευταὶ τῶν πολεμικῶν
ἐμισθοδοτοῦντο. δηλοῖ δὲ τὴν δύναμιν ταύτην ἥ τε τοῦ
Τρύφωνος ἐπικληθέντος Διοδότου παραύξησις καὶ
ἐπίθεσις τῇ βασιλείᾳ τῶν Σύρων, ἐντεῦθεν ὁρμηθέντος.
ἐγεγένητο μὲν γὰρ ἐν Κασιανοῖς, φρουρίῳ τινὶ τῆς
Ἀπαμέων γῆς, τραφεὶς δ´ ἐν τῇ Ἀπαμείᾳ καὶ συσταθεὶς τῷ βασιλεῖ καὶ τοῖς περὶ αὐτόν, ἐπειδὴ νεωτερίζειν
ὥρμησεν, ἐκ τῆς πόλεως ταύτης ἔσχε τὰς ἀφορμὰς καὶ
τῶν περιοικίδων, Λαρίσης τε καὶ τῶν Κασιανῶν καὶ
Μεγάρων καὶ Ἀπολλωνίας καὶ ἄλλων τοιούτων, αἳ
συνετέλουν εἰς τὴν Ἀπάμειαν ἅπασαι· ἐκεῖνός τε δὴ
βασιλεὺς τῆσδε τῆς χώρας ἀνεδείχθη καὶ ἀντέσχε πολὺν
χρόνον, Βάσσος τε Καικίλιος μετὰ δυεῖν ταγμάτων
ἀποστήσας τὴν Ἀπάμειαν διεκαρτέρησε τοσοῦτον χρόνον πολιορκούμενος ὑπὸ δυεῖν στρατοπέδων μεγάλων
Ῥωμαϊκῶν ὥστ´ οὐ πρότερον εἰς τὴν ἐξουσίαν ἧκε πρὶν
ἑκὼν ἐνεχείρισεν ἑαυτὸν ἐφ´ οἷς ἐβεβούλητο· καὶ γὰρ
τὴν στρατιὰν ἀπέτρεφεν ἡ χώρα καὶ συμμάχων εὐπόρει τῶν πλησίον φυλάρχων ἐχόντων εὐερκῆ χωρία· ὧν
ἐστι καὶ ἡ Λυσιάς, ὑπὲρ τῆς λίμνης κειμένη τῆς πρὸς
Ἀπαμείᾳ, καὶ Ἀρέθουσα ἡ Σαμψικεράμου καὶ Ἰαμβλίχου τοῦ ἐκείνου παιδός, φυλάρχων τοῦ Ἐμισηνῶν
ἔθνους· οὐ πόρρω δ´ οὐδ´ Ἡλιούπολις καὶ Χαλκὶς ἡ
ὑπὸ Πτολεμαίῳ τῷ Μενναίου τῷ τὸν Μασσύαν κατέχοντι καὶ τὴν Ἰτουραίων ὀρεινήν. τῶν δὲ συμμαχούντων τῷ Βάσσῳ
ἦν καὶ Ἀλχαίδαμνος, ὁ τῶν Ῥαμβαίων
βασιλεὺς τῶν ἐντὸς τοῦ Εὐφράτου νομάδων· ἦν δὲ
φίλος Ῥωμαίων, ἀδικεῖσθαι δὲ νομίσας ὑπὸ τῶν ἡγεμόνων,
ἐκπεσὼν εἰς τὴν Μεσοποταμίαν ἐμισθοφόρει
τότε τῷ Βάσσῳ. ἐντεῦθεν δ´ ἐστὶ Ποσειδώνιος ὁ στωικός,
ἀνὴρ τῶν καθ´ ἡμᾶς φιλοσόφων πολυμαθέστατος.
|
|
Traduction française :
[16b,10] Le canton d'Apamée contient une ville {de même nom}, qui, à en juger
par les défenses naturelles qu'elle présente sur presque tous les points,
paraît devoir être aussi une forteresse imprenable. Qu'on se figure en
effet une colline abrupte s'élevant du milieu d'une plaine très basse, et
qui, ceinte déjà de très belles et de très fortes murailles, se trouve
protégée en outre et convertie en une véritable presqu'île par le cours de
l'Oronte et par un immense lac dont les débordements forment des marécages
et des prairies à perte de vue où paissent en foule les chevaux et les
boeufs. On conçoit quelle sécurité offre une situation pareille. Mais ce
n'est pas là l'unique avantage d'Apamée : cette ville, qu'on appelle
quelquefois aussi Chersonesus à cause de sa configuration même, possède un
territoire à la fois très étendu et très fertile, traversé par l'Oronte et
où sont répandus de nombreux villages qui forment en quelque sorte sa
banlieue. Ajoutons que Séleucus Nicator et tous les rois ses successeurs
l'avaient choisie pour y loger leurs cinq cents éléphants et la plus
grande partie de leur armée; qu'au commencement de l'occupation
macédonienne elle avait reçu le nom de Pella, parce que la plupart des
vétérans s'étaient établis de préférence dans ses murs et que ce nom
rappelait la ville natale de Philippe et d'Alexandre devenue la métropole
de toute la Macédoine, et qu'enfin elle se trouvait posséder encore les
bureaux de recensement de l'armée, les haras royaux, c'est-à-dire plus de
30000 juments avec 300 étalons au moins, et tout un monde de dresseurs de
chevaux, de maîtres d'armes et d'instructeurs experts dans tous les
exercices militaires, nourris et entretenus à grands frais. Mais rien ne
prouve mieux les ressources infinies de cette ville que la fortune rapide
de Tryphon dit Diodote et que la tentative hardie de cet ambitieux pour
s'emparer du trône de Syrie en faisant d'elle sa place d'armes. Né dans
Casiana, l'une des forteresses du territoire d'Apamée, Tryphon avait été
élevé à Apamée même, sous la tutelle du roi et de ses ministres ; et,
quand il leva l'étendard de la révolte, c'est d'Apamée et des villes qui
l'entourent, à savoir de Larisa, de Casiana, de Mégara, d'Apollonie et
d'autres localités semblables, toutes tributaires d'Apamée, qu'il tira les
ressources et subsides qui lui permirent de se faire proclamer roi de
toute cette partie de la Syrie et de s'y maintenir si longtemps. Caecilius
Bassus, à son tour, à la tête de deux légions, entraîna Apamée dans son
insurrection, et soutint dans ses murs un siège opiniâtre contre deux
puissantes armées romaines, qui ne réussirent à le prendre que quand
lui-même se fut livré volontairement (encore avait-il au préalable obtenu
les conditions qu'il désirait). C'est qu'il avait trouvé abondamment de
quoi nourrir son armée dans tout le territoire d'Apamée, et qu'il avait pu
recruter aisément de nombreux auxiliaires en s'adressant aux phylarques
des environs, tous maîtres d'inexpugnables positions, au phylarque de
Lysias, par exemple (Lysias est ce château qui domine le lac d'Apamée), à
Sampsicéram aussi et à Iamblique, son fils, chefs émisènes cantonnés dans
Aréthuse, enfin à ses autres voisins, le phylarque d'Héliopolis, et le
phylarque de Chalcis Ptolémée, fils de Memmus, qui, de cette forteresse,
commande tout le Massyas a et le massif montagneux de l'Iturée. Au nombre
des alliés de Bassus avait figuré également Alchaedamnus, roi des
Rhambaei, l'un des peuples nomades de la rive citérieure de l'Euphrate.
Autrefois ami des Romains, Alchaedamnus s'était cru lésé dans ses intérêts
du fait de leurs préfets; il avait alors repassé l'Euphrate pour se jeter
en Mésopotamie, et c'était là que Bassus l'avait trouvé et pris à sa
solde. Disons, pour finir, qu'Apamée a vu naître le stoïcien Posidonius,
de tous les philosophes de notre temps assurément le plus érudit.
|
|