[14b,3] Ἔχει δ´ ἡ πόλις νεώρια καὶ λιμένα κλειστόν· ὑπέρκειται
δὲ τῆς πόλεως ἐν ὕψει φρούριον Ἴμβρος. τῆς δὲ
χώρας εὐδαίμονος οὔσης ἡ πόλις τοῦ θέρους ὁμολογεῖται παρὰ πάντων εἶναι δυσάερος καὶ τοῦ μετοπώρου ... διὰ τὰ καύματα
καὶ τὴν ἀφθονίαν τῶν ὡραίων· καὶ δὴ καὶ τὰ τοιαῦτα διηγημάτια θρυλεῖται, ὅτι Στρατόνικος ὁ κιθαριστὴς ἰδὼν ἐπιμελῶς χλωροὺς τοὺς Καυνίους, τοῦτ´ εἶναι ἔφη τὸ τοῦ ποιητοῦ
„οἵη περ φύλλων γενεή, τοιήδε καὶ ἀνδρῶν.“ μεμφομένων δὲ ὡς σκώπτοιτο αὐτῷ ἡ πόλις ὡς νοσερά „ἐγώ“
ἔφη „ταύτην θαρρήσαιμ´ ἂν λέγειν νοσεράν, ὅπου καὶ
„οἱ νεκροὶ περιπατοῦσιν;“ ἀπέστησαν δέ ποτε Καύνιοι τῶν Ῥοδίων· κριθέντες δ´ ἐπὶ τῶν Ῥωμαίων ἀπελήφθησαν πάλιν· καὶ ἔστι λόγος Μόλωνος κατὰ Καυνίων. φασὶ δ´ αὐτοὺς ὁμογλώττους μὲν εἶναι τοῖς
Καρσίν, ἀφῖχθαι δ´ ἐκ Κρήτης καὶ χρῆσθαι νόμοις ἰδίοις.
| [14b,3] La ville de Caunus possède un arsenal maritime et un port fermé ; elle
est dominée de très haut par le fort d'Imbrus. Bien que le pays aux
alentours soit d'une extrême fertilité, tout le monde convient que le
séjour de la ville est malsain, non seulement en été à cause de la
chaleur, mais en automne aussi à cause de la trop grande abondance des
fruits. On a même fait à ce propos plusieurs bons contes qu'on se plaît à
répéter, celui-ci entre autres, que le cithariste Stratonicus, frappé du
teint jaune des Cariens, se serait écrié : «Ah ! que le poète a donc eu
raison de comparer les hommes à des feuilles ! (Il. VI, 146)
«Et, comme on voit les feuilles remplacer les feuilles, ainsi se succèdent
entre elles les générations des hommes».
Là-dessus de vifs reproches de cette allusion ironique à l'insalubrité de
leur ville. - Et lui de reprendre aussitôt : «Qui moi ! j'aurais eu le
front de qualifier d'insalubre une ville où je vois se promener dans les
rues jusqu'à des cadavres !» Les Cauniens naguère avaient prétendu se
séparer des Rhodiens, mais un jugement des Romains remit les Rhodiens en
possession de Caunus. Il existe un Discours de Molon prononcé à cette
occasion contre les Cauniens. Bien que ce peuple parle une langue
identique au carien, on assure qu'il est venu de Crète et qu'il se
gouverne d'après des lois particulières.
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