[14b,10] Ἱστοροῦσι δὲ καὶ ταῦτα περὶ τῶν Ῥοδίων, ὅτι οὐ
μόνον ἀφ´ οὗ χρόνου συνῴκισαν τὴν νῦν πόλιν εὐτύχουν κατὰ θάλατταν, ἀλλὰ καὶ πρὸ τῆς Ὀλυμπικῆς θέσεως συχνοῖς ἔτεσιν ἔπλεον πόρρω τῆς οἰκείας ἐπὶ σωτηρίᾳ τῶν ἀνθρώπων· ἀφ´ οὗ καὶ μέχρι Ἰβηρίας ἔπλευσαν, κἀκεῖ μὲν τὴν Ῥόδην ἔκτισαν ἣν ὕστερον Μασσαλιῶται κατέσχον, ἐν δὲ τοῖς Ὀπικοῖς τὴν Παρθενόπην,
ἐν δὲ Δαυνίοις μετὰ Κῴων Ἐλπίας. τινὲς δὲ μετὰ τὴν
ἐκ Τροίας ἄφοδον τὰς Γυμνησίας νήσους ὑπ´ αὐτῶν
κτισθῆναι λέγουσιν, ὧν τὴν μείζω φησὶ Τίμαιος μεγίστην
εἶναι μετὰ τὰς ἑπτά, Σαρδὼ Σικελίαν Κύπρον
Κρήτην Εὔβοιαν Κύρνον Λέσβον, οὐ τἀληθῆ λέγων·
πολὺ γὰρ ἄλλαι μείζους. τινὲς δὲ τῶν Ῥοδίων καὶ περὶ
Σύβαριν ᾤκησαν κατὰ τὴν Χωνίαν. ἔοικε δὲ καὶ ὁ
ποιητὴς μαρτυρεῖν τὴν ἐκ παλαιοῦ παροῦσαν τοῖς Ῥοδίοις εὐδαιμονίαν εὐθὺς ἀπὸ τῆς πρώτης κτίσεως τῶν
τριῶν πόλεων „τριχθὰ δὲ ᾤκηθεν καταφυλαδόν, ἠδ´
„ἐφίληθεν ἐκ Διός, ὅστε θεοῖσι καὶ ἀνθρώποισιν ἀνάσσει,
καί σφιν θεσπέσιον πλοῦτον κατέχευε Κρονίων.“
οἱ δ´ εἰς μῦθον ἀνήγαγον τὸ ἔπος καὶ χρυσὸν ὑσθῆναί
φασιν ἐν τῇ νήσῳ κατὰ τὴν Ἀθηνᾶς γένεσιν ἐκ τῆς κεφαλῆς
τοῦ Διός, ὡς εἴρηκε Πίνδαρος. ἡ δὲ νῆσος
κύκλον ἔχει σταδίων ἐνακοσίων εἴκοσιν.
| [14b,10] L'histoire nous apprend encore cette particularité curieuse au sujet
des Rhodiens, que leur prépondérance maritime ne date pas seulement de la
fondation de leur ville actuelle, mais que, bien des années avant
l'institution des jeux Olympiques, ils entreprenaient déjà, pour opérer le
sauvetage des naufragés, des navigations lointaines : témoin ce voyage
d'Ibérie pendant lequel ils fondèrent la ville de Rhodé, devenue plus tard
possession massaliote ; témoin encore la double expédition pendant
laquelle ils bâtirent Parthénopé chez les Opiques, et, en compagnie
d'habitants de Cos, Elpies chez les Dauniens. Quelques auteurs prétendent
même que, postérieurement au Retour de Troie, les îles Gymnésies auraient
reçu un établissement rhodien. Timée range, sous le rapport de l'étendue,
la plus grande des îles Gymnésies tout de suite après les sept îles de
Sardaigne, de Sicile, de Cypre, de Crète, d'Eubée, de Cyrnos et de Lesbos,
mais ce qu'il dit là n'est pas vrai : on connaît d'autres îles beaucoup
plus grandes. Des colons rhodiens vinrent aussi s'établir en Chônie aux
environs de Sybaris. Ajoutons qu'Homère lui-même semble attester l'antique
prospérité des Rhodiens et la faire remonter au lendemain de la fondation
des trois villes, lorsqu'il dit (Il. II, 668) :
«Les peuples vivaient là répartis en trois cités d'après le nombre de
leurs tribus, et ils étaient chéris de Jupiter, qui règne à la fois sur
les dieux et sur les hommes. Et le fils de Saturne aimait à répandre sur
eux l'inépuisable richesse».
Ramènant ce dernier vers à une forme mythique, quelques auteurs
l'entendent d'une pluie d'or qui serait tombée sur l'île de Rhodes, le
jour où, pour parler comme Pindare (Olymp. VII, 61), Minerve naquit du
cerveau de Jupiter. - L'île de Rhodes a 920 stades de tour.
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