Texte grec :
[13d,1] Ἔχει δέ τινα ἡγεμονίαν πρὸς τοὺς τόπους τούτους
τὸ Πέργαμον, ἐπιφανὴς πόλις καὶ πολὺν συνευτυχήσασα χρόνον τοῖς Ἀτταλικοῖς βασιλεῦσι· καὶ δὴ καὶ ἐντεῦθεν ἀρκτέον τῆς ἑξῆς περιοδείας, καὶ πρῶτον περὶ τῶν βασιλέων ὁπόθεν ὡρμήθησαν καὶ εἰς ἃ κατέστρεψαν ἐν βραχέσι δηλωτέον. ἦν μὲν δὴ τὸ Πέργαμον Λυσιμάχου γαζοφυλάκιον τοῦ Ἀγαθοκλέους, ἑνὸς τῶν Ἀλεξάνδρου διαδόχων, αὐτὴν τὴν ἄκραν τοῦ
ὄρους συνοικουμένην ἔχον· ἔστι δὲ στροβιλοειδὲς τὸ
ὄρος εἰς ὀξεῖαν κορυφὴν ἀπολῆγον. ἐπεπίστευτο δὲ
τὴν φυλακὴν τοῦ ἐρύματος τούτου καὶ τῶν χρημάτων
(ἦν δὲ τάλαντα ἐνακισχίλια) Φιλέταιρος, ἀνὴρ Τιανός,
θλιβίας ἐκ παιδός· συνέβη γὰρ ἔν τινι ταφῇ θέας οὔσης
καὶ πολλῶν παρόντων ἀποληφθεῖσαν ἐν τῷ ὄχλῳ
τὴν κομίζουσαν τροφὸν τὸν Φιλέταιρον ἔτι νήπιον
συνθλιβῆναι μέχρι τοσοῦδε ὥστε πηρωθῆναι τὸν παῖδα.
ἦν μὲν δὴ εὐνοῦχος, τραφεὶς δὲ καλῶς ἐφάνη τῆς
πίστεως ταύτης ἄξιος. τέως μὲν οὖν εὔνους διέμεινε
τῷ Λυσιμάχῳ, διενεχθεὶς δὲ πρὸς Ἀρσινόην τὴν γυναῖκα
αὐτοῦ διαβάλλουσαν αὐτὸν ἀπέστησε τὸ χωρίον
καὶ πρὸς τοὺς καιροὺς ἐπολιτεύετο ὁρῶν ἐπιτηδείους
πρὸς νεωτερισμόν· ὅ τε γὰρ Λυσίμαχος κακοῖς οἰκείοις
περιπεσὼν ἠναγκάσθη τὸν υἱὸν ἀνελεῖν Ἀγαθοκλέα,
Σέλευκός τε ἐπελθὼν ὁ Νικάτωρ ἐκεῖνόν τε κατέλυσε
καὶ αὐτὸς κατελύθη δολοφονηθεὶς ὑπὸ Πτολεμαίου
τοῦ Κεραυνοῦ. τοιούτων δὲ θορύβων ὄντων διεγένετο
μένων ἐπὶ τοῦ ἐρύματος ὁ εὐνοῦχος, καὶ πολιτευόμενος
δι´ ὑποσχέσεων καὶ τῆς ἄλλης θεραπείας ἀεὶ πρὸς
τὸν ἰσχύοντα καὶ ἐγγὺς παρόντα· διετέλεσε γοῦν ἔτη
εἴκοσι κύριος ὢν τοῦ φρουρίου καὶ τῶν χρημάτων.
|
|
Traduction française :
[13d,1] 1. C'est une sorte d'hégémonie qu'exerce sur toute cette contrée la cité
de Pergame, cité illustre à tous égards et qui partagea la longue
prospérité de la dynastie des Attales : il est donc juste que nous
commencions par elle notre description méthodique du pays, en donnant au
préalable sur les Attales, sur l'origine et la fin de leur maison,
quelques indications sommaires. Lysimaque, fils d'Agathocle et l'un des
successeurs d'Alexandre, avait fait de Pergame son trésor, par la raison
que cette ville est bâtie tout au haut d'une montagne, et d'une montagne
de forme conique, c'est-à-dire terminée en pointe. La garde de cette
forteresse et des trésors qui y étaient renfermés (trésors évalués à 9000
talents) avait été confiée à un certain Philétaeros de Tiane, qu'un
accident avait réduit à l'état d'eunuque dès sa plus tendre enfance. Dans
des jeux funèbres qui avaient attiré un grand concours de curieux, la
nourrice qui portait Philétaeros, alors tout petit enfant, fut prise dans
la foule et tellement pressée que l'enfant sortit de là mutilé. Malgré
cette infirmité, on lui fit donner la plus brillante éducation, et c'est
ce qui plus tard le désigna au choix de Lysimaque pour remplir ce poste de
confiance. Longtemps il demeura fidèle et sincèrement attaché à son roi,
mais, irrité des efforts que faisait pour le perdre Arsinoé, épouse de
Lysimaque, il provoqua la défection de Pergame, et, comme les événements
prenaient un tour éminemment favorable aux révolutions, il manoeuvra en
conséquence : il venait de voir en effet coup sur coup Lysimaque forcé,
pour sortir des embarras domestiques qui lui liaient les mains, d'envoyer
à la mort son fils Agathocle ; le même Lysimaque, surpris par une
agression de Séleucus Nicator, succombant à son tour, et Séleucus enfin
tombant, victime d'un guet-apens, sous le poignard de Ptolémée Céraunus.
Or l'habile eunuque sut traverser heureusement toute cette période de
troubles, et il se maintint dans sa forteresse, ayant eu soin, par ses
promesses et ses protestations d'amitié, de se concilier toujours le parti
le plus fort ou le plus menaçant. Il vécut ainsi vingt ans sans avoir été
inquiété dans la possession de Pergame et de ses trésors.
|
|