Texte grec :
[13c,1] Τοιαύτης δὲ τῆς πρὸς τοὺς Τρῶας οἰκειότητος
ὑπαρχούσης τοῖς τε Λέλεξι καὶ τοῖς Κίλιξι, ζητοῦσιν
αἰτίαν δι´ ἣν οὐ συγκαταλέγονται καὶ οὗτοι ἐν τῷ καταλόγῳ.
εἰκὸς δὲ διὰ τὴν τῶν ἡγεμόνων διαφθορὰν καὶ
τὴν τῶν πόλεων ἐκπόρθησιν ὀλίγους ὑπολειφθέντας
τοὺς Κίλικας ὑπὸ τῷ Ἕκτορι τάττεσθαι· ὅ τε γὰρ Ἠετίων
καὶ οἱ παῖδες αὐτοῦ λέγονται πρὸ τοῦ καταλόγου
διαφθαρῆναι „ἤτοι μὲν πατέρ´ ἀμὸν ἀπέκτανε δῖος
„Ἀχιλλεύς, ἐκ δὲ πόλιν πέρσεν Κιλίκων, Θήβην ὑψίπυλον.“
„οἳ δέ μοι ἑπτὰ κασίγνητοι ἔσαν ἐν μεγάροισιν,
οἱ μὲν πάντες ἰῷ κίον ἤματι Ἄιδος εἴσω· πάντας
γὰρ κατέπεφνε ποδάρκης δῖος Ἀχιλλεύς.“ ὡς δ´
αὕτως καὶ οἱ ὑπὸ Μύνητι τούς τε ἡγεμόνας ἀποβεβλήκασι
καὶ τὴν πόλιν „καδδὲ Μύνητ´ ἔβαλεν καὶ Ἐπίστροφον,
πέρσεν δὲ πόλιν θείοιο Μύνητος.“ τοὺς δὲ
Λέλεγας τοῖς μὲν ἀγῶσι παρόντας ποιεῖ, ὅταν οὕτω
λέγῃ „πρὸς μὲν ἁλὸς Κᾶρες καὶ Παίονες ἀγκυλότοξοι
„καὶ Λέλεγες καὶ Καύκωνες,“ καὶ πάλιν „Σάτνιον
„οὔτασε δουρὶ Οἰνοπίδην, ὃν ἄρα νύμφη τέκε Νηὶς
„ἀμύμων Οἴνοπι βουκολέοντι παρ´ ὄχθας Σατνιόεντος.“
οὐ γὰρ οὕτως ἐξελελοίπεσαν τελέως ὥστε μὴ
καὶ καθ´ αὑτοὺς ἔχειν τι σύστημα, ἅτε τοῦ βασιλέως
αὐτῶν ἔτι περιόντος „Ἄλτεω, ὃς Λελέγεσσι φιλοπτολέμοισιν
ἀνάσσει,“ καὶ τῆς πόλεως οὐ τελέως ἠφανισμένης·
ἐπιφέρει γὰρ „Πήδασον αἰπήεσσαν ἔχων ἐπὶ
„Σατνιόεντι.“ ἐν μέντοι τῷ καταλόγῳ παραλέλοιπεν
αὐτούς, οὐχ ἱκακὸν ἡγούμενος τὸ σύστημα ὥστ´ ἐν
καταλόγῳ τάττεσθαι, ἢ καὶ ὑπὸ τῷ Ἕκτορι καὶ τούτους
συγκαταλέγων οὕτως ὄντας οἰκείους. ὁ γὰρ Λυκάων
φησὶν ἀδελφὸς ὢν Ἕκτορος „μινυνθάδιον δέ με
„μήτηρ γείνατο Λαοθόη, θυγάτηρ Ἄλταο γέροντος,
„Ἄλτεω, ὃς Λελέγεσσι φιλοπτολέμοισιν ἀνάσσει.“
ταῦτα μὲν οὖν τοιαύτην τινὰ ἔχει τὴν εἰκοτολογίαν.
|
|
Traduction française :
[13c,1] 1. En voyant une parenté si étroite unir les Troyens aux Lélèges et aux
Ciliciens, on se demande quel motif a pu avoir Homère pour omettre les
noms de ces deux derniers peuples dans son Catalogue ou dénombrement des
Troyens. {En ce qui concerne les Ciliciens,} on peut croire que la mort de
leurs chefs et la destruction de leurs villes avaient décidé le peu
d'entre eux qui survivaient à se ranger sous les ordres d'Hector. Eétion,
en effet, et ses fils (Homère nous le dit formellement), étaient morts
avant qu'on procédât à ce dénombrement :
«Achille, hélas ! a tué mon père ; Achille a détruit la ville des
Ciliciens, Thèbe aux sublimes portes... Là, dans le palais de mon père,
j'avais sept frères. Tous, le même jour, descendirent chez Pluton, tous
étaient tombés sous les coups de l'irrésistible Achille» (Il. VI, 414).
Les Ciliciens de Mynès avaient, eux aussi, {bien avant le dénombrement,}
perdu leurs chefs et leur ville :
«{Lorsqu'il} eut couché dans la poussière et Mynès et Epistrophos et qu'il
eut détruit de ses mains la ville du divin Mynès» (Il. II, 692 ; XIX, 296).
Quant aux Lélèges, il est constant qu'Homère les fait figurer dans les
combats, ce passage-ci le prouve :
«Du côté de la mer campaient les Cariens, les Paeones à l'arc recourbé,
les Lélèges, les Caucones» (Il. X, 428) ; et cet autre également :
«De sa lance {Ajax } perce Satnios l'Enopide, que la nymphe Néïs, belle
entre toutes les nymphes, eut d'Enops, le royal berger des bords du
Satnioïs» (Il. XIV, 443).
C'est qu'en effet, à ce moment, les Lélèges n'étaient pas encore décimés
au point de ne plus former un corps de nation ; leur roi vivait encore,
«... D'Altès qui règne sur les belliqueux Lélèges» (Il. XXI, 86) ;
leur ville non plus n'avait pas été complètement anéantie, car le vers
suivant d'Homère ajoute :
«Dans la citadelle escarpée de Pédase, au-dessus des rives du Satnioïs»
(Il. XXI, 87).
Et cependant il ne les a point nommés dans son Catalogue. Apparemment, il
aura jugé que ce peuple ne formait plus un corps de nation assez important
pour figurer nominativement et à son rang dans un semblable dénombrement,
ou bien il les aura englobés parmi les Troyens sujets d'Hector, vu
l'étroite affinité des deux peuples attestée par ces paroles de Lycaon
{demi-} frère d'Hector :
«C'est une vie bien courte que j'aurai reçue de ma mère, Laothoé, fille du
vieil Altès, d'Altés qui règne sur les belliqueux Lélèges» (Il. XXI, 84).
Telle est, suivant nous, l'explication la plus vraisemblable à donner de
l'omission d'Homère.
|
|