HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Strabon, Geographica, livre XIII-1

ὄχθαις



Texte grec :

[13a,53] Οἴεται δ´ ὁ Σκήψιος καὶ βασίλειον τοῦ Αἰνείου γεγονέναι τὴν Σκῆψιν, μέσην οὖσαν τῆς τε ὑπὸ τῷ Αἰνείᾳ καὶ Λυρνησσοῦ, εἰς ἣν φυγεῖν εἴρηται διωκόμενος ὑπὸ τοῦ Ἀχιλλέως· φησὶ γοῦν ὁ Ἀχιλλεύς „ἢ οὐ μέμνῃ, „ὅτε πέρ σε βοῶν ἄπο μοῦνον ἐόντα σεῦα κατ´ Ἰδαίων „ὀρέων ταχέεσσι πόδεσσι, κεῖθεν δ´ ἐς Λυρνησσὸν „ὑπέκφυγες· αὐτὰρ ἐγὼ τὴν πέρσα, μεθορμηθείς.“ οὐχ ὁμολογεῖ δὲ τῷ περὶ τῶν ἀρχηγετῶν τῆς Σκήψεως λόγῳ τῷ λεχθέντι νῦν τὰ περὶ τοῦ Αἰνείου θρυλούμενα. περιγενέσθαι γὰρ δὴ τοῦτόν φασιν ἐκ τοῦ πολέμου διὰ τὴν πρὸς Πρίαμον δυσμένειαν „ἀεὶ γὰρ Πριάμῳ ἐπε„μήνιε δίῳ, οὕνεκ´ ἄρ´ ἐσθλὸν ἐόντα μετ´ ἀνδράσιν οὔ „τι τίεσκε,“ τοὺς δὲ συνάρχοντας Ἀντηνορίδας καὶ αὐτὸν τὸν Ἀντήνορα διὰ τὴν Μενελάου παρ´ αὐτῷ ξενίαν. Σοφοκλῆς γοῦν ἐν τῇ ἁλώσει τοῦ Ἰλίου παρδαλέαν φησὶ πρὸ τῆς θύρας τοῦ Ἀντήνορος προτεθῆναι σύμβολον τοῦ ἀπόρθητον ἐαθῆναι τὴν οἰκίαν. τὸν μὲν οὖν Ἀντήνορα καὶ τοὺς παῖδας μετὰ τῶν περιγενομένων Ἑνετῶν εἰς τὴν Θρᾴκην περισωθῆναι κἀκεῖθεν διαπεσεῖν εἰς τὴν λεγομένην κατὰ τὸν Ἀδρίαν Ἑνετικήν, τὸν δὲ Αἰνείαν μετ´ Ἀγχίσου τοῦ πατρὸς καὶ τοῦ παιδὸς Ἀσκανίου λαὸν ἀθροίσαντα πλεῦσαι· καὶ οἱ μὲν οἰκῆσαι περὶ τὸν Μακεδονικὸν Ὄλυμπον φασίν, οἱ δὲ περὶ Μαντίνειαν τῆς Ἀρκαδίας κτίσαι Καπύας, ἀπὸ Κάπυος θέμενον τοὔνομα τῷ πολίσματι, οἱ δ´ εἰς Αἴγεσταν κατᾶραι τῆς Σικελίας σὺν Ἐλύμῳ Τρωὶ καὶ Ἔρυκα καὶ Λιλύβαιον κατασχεῖν, καὶ ποταμοὺς περὶ Αἴγεσταν προσαγορεῦσαι Σκάμανδρον καὶ Σιμόεντα· ἔνθεν δ´ εἰς τὴν Λατίνην ἐλθόντα μεῖναι κατά τι λόγιον τὸ κελεῦον μένειν ὅπου ἂν τὴν τράπεζαν καταφάγῃ· συμβῆναι δὲ τῆς Λατίνης περὶ τὸ Λαουίνιον τοῦτο, ἄρτου μεγάλου τεθέντος ἀντὶ τραπέζης κατὰ ἀπορίαν καὶ ἅμα ἀναλωθέντος τοῖς ἐπ´ αὐτῷ κρέασιν. Ὅμηρος μέντοι συνηγορεῖν οὐδετέροις ἔοικεν, οὐδὲ τοῖς περὶ τῶν ἀρχηγετῶν τῆς Σκήψεως λεχθεῖσιν· ἐμφαίνει γὰρ μεμενηκότα τὸν Αἰνείαν ἐν τῇ Τροίᾳ καὶ διαδεδεγμένον τὴν ἀρχὴν καὶ παραδεδωκότα παισὶ παίδων τὴν διαδοχὴν αὐτῆς, ἠφανισμένου τοῦ τῶν Πριαμιδῶν γένους· „ἤδη γὰρ Πριάμου γενεὴν ἤχθηρε Κρο„νίων. νῦν δὲ δὴ Αἰνείαο βίη Τρώεσσιν ἀνάξει καὶ παί„δων παῖδες, τοί κεν μετόπισθε γένωνται.“ οὕτω δ´ οὐδ´ ἡ τοῦ Σκαμανδρίου διαδοχὴ σώζοιτ´ ἄν. πολὺ δὲ μᾶλλον τοῖς ἑτέροις διαφωνεῖ τοῖς μέχρι καὶ Ἰταλίας αὐτοῦ τὴν πλάνην λέγουσι καὶ αὐτόθι ποιοῦσι τὴν καταστροφὴν τοῦ βίου. τινὲς δὲ γράφουσιν „Αἰνείαο γένος πάντεσσιν ἀνάξει, καὶ παῖδες παίδων,“ τοὺς Ῥωμαίους λέγοντες.

Traduction française :

[13a,53] 53. Démétrius croit que Scepsis servait déjà de résidence royale à Enée : il se fonde sur ce qu'elle était située juste entre les Etats de ce prince et cette ville de Lyrnesse où Homère nous montre le héros troyen cherchant un refuge contre la poursuite furieuse d'Achille. Ecoutons les paroles mêmes d'Achille : «Ne te souvient-il plus du jour où, t'apercevant seul et loin de tes troupeaux, je m'élançai à ta poursuite de toute la vitesse de mes jambes et te forçai à te précipiter des hauteurs de l'Ida pour fuir jusque dans Lyrnesse... ? J'y pénétrais bientôt après toi, y portant le deuil et la dévastation» (Il. XX, 188). Malheureusement, il est difficile de concilier ce que nous venons de dire des premiers fondateurs de Scepsis avec les différentes traditions qui ont cours sur Enée. On prétend, en effet, que, si ce prince survécut à la guerre de Troie, il le dut uniquement à la haine ouverte qu'il professait pour le roi Priam. «Car il frémissait, indigné dès longtemps contre le divin Priam, qui ne faisait rien pour honorer sa mâle bravoure dans les combats» (Il. XIII, 460), de même que les Anténorides, qui s'étaient partagé avec Enée la souveraineté de la Dardanie, voire Anténor lui-même, ne durent leur salut, paraît-il, qu'au souvenir de l'hospitalité que Ménélas avait reçue d'Anténor. Sophocle rappelle le fait, dans sa Prise d'Ilion, quand il dit qu'on avait placé la dépouille d'une panthère devant la porte d'Anténor pour indiquer que sa demeure devait être respectée. De Troie, Anténor et ses fils, à la tête des Hénètes qui avaient survécu, se sauvèrent, dit-on, en Thrace, d'où ils finirent par gagner l'Hénétie actuelle, au fond de l'Adriatique. Dans le même temps, Enée, après avoir rallié une petite armée, s'embarquait avec son père Anchise et le jeune Ascagne, son fils, et allait s'établir, suivant les uns, en Macédoine, non loin du mont Olympe ; suivant les autres, en Arcadie, près de Mantinée, où il fondait la petite ville de Capyes, ainsi nommée par lui en l'honneur de Capys {son aïeul} ; et, suivant d'autres encore, en Sicile, aux environs d'Egeste, où il aurait débarqué en compagnie du troyen Elymus, aurait occupé Eryx et Lilybée et donné aux cours d'eau qui arrosent le territoire d'Egeste les noms de Scamandre et de Simoïs, pour passer de là dans le Latium et s'y fixer sur la foi d'un oracle : cet oracle lui avait prescrit de s'arrêter dans sa course errante au lieu où lui et ses compagnons en auraient été réduits à manger leur table : or la chose s'était vérifiée dans le Latium, précisément aux environs de Lavinium, un jour que, faute de mieux, ils s'étaient servis d'un grand pain en guise de table et l'avaient {sans y penser} dévoré du même coup que les viandes posées dessus. Mais Homère, il faut bien le dire, ne s'accorde pas plus avec l'une ou l'autre des deux premières traditions qu'avec ce qu'on rapporte des premiers fondateurs de Scepsis, car il nous montre Enée demeurant à Troie, y succédant au roi Priam, et, par suite de l'extinction de la famille des Priamides, transmettant le pouvoir aux fils de ses fils : «Depuis longtemps déjà Jupiter a pris en haine la race de Priam, et désormais c'est Enée en personne qui régnera sur les Troyens, pour transmettre ensuite le sceptre à ses fils et aux fils de ses fils» (Il. XX, 306). On voit même que le fait de la succession de Scamandrius ne saurait tenir contre ce témoignage d'Homère. Mais la tradition la plus inconciliable de beaucoup avec le témoignage du poète est celle qui conduit Enée à travers les mers jusqu'en Italie et l'y fait terminer ses jours. Aussi quelques grammairiens ont-ils proposé cette variante : «Et désormais c'est Enée en personne qui régnera sur la terre, pour transmettre ensuite aux fils de ses fils le sceptre de l'univers», voulant que la prédiction pût s'appliquer aux Romains.





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Dernière mise à jour : 12/03/2009