Texte grec :
[13a,36] Καὶ μὴν τό γε ναύσταθμον τὸ νῦν ἔτι λεγόμενον
πλησίον οὕτως ἐστὶ τῆς νῦν πόλεως, ὥστε θαυμάζειν
εἰκότως ἄν τινα τῶν μὲν τῆς ἀπονοίας τῶν δὲ τοὐναντίον
τῆς ἀψυχίας· ἀπονοίας μέν, εἰ τοσοῦτον χρόνον
ἀτείχιστον αὐτὸ εἶχον, πλησίον οὔσης τῆς πόλεως καὶ
τοσούτου πλήθους τοῦ τ´ ἐν αὐτῇ καὶ τοῦ ἐπικουρικοῦ·
νεωστὶ γὰρ γεγονέναι φησὶ τὸ τεῖχος (ἢ οὐδ´ ἐγένετο,
ὁ δὲ πλάσας ποιητὴς ἠφάνισεν, ὡς Ἀριστοτέλης φησίν)·
ἀψυχίας δέ, εἰ γενομένου τοῦ τείχους ἐτειχομάχουν καὶ
εἰσέπεσον εἰς αὐτὸ τὸ ναύσταθμον καὶ προσεμάχοντο
ταῖς ναυσίν, ἀτείχιστον δὲ ἔχοντες οὐκ ἐθάρρουν προσιόντες
πολιορκεῖν μικροῦ τοῦ διαστήματος ὄντος· ἔστι
γὰρ τὸ ναύσταθμον πρὸς Σιγείῳ, πλησίον δὲ καὶ ὁ
Σκάμανδρος ἐκδίδωσι διέχων τοῦ Ἰλίου σταδίους εἴκοσιν.
εἰ δὲ φήσει τις τὸν νῦν λεγόμενον Ἀχαιῶν λιμένα
εἶναι τὸ ναύσταθμον, ἐγγυτέρω τινὰ λέξει τόπον ὅσον
δώδεκα σταδίους διεστῶτα τῆς πόλεως, {τὸ} ἐπὶ θαλάττῃ πεδίον
συμπροστιθείς ... διότι τοῦτο πᾶν πρόχωμα τῶν ποταμῶν ἐστι τὸ πρὸ τῆς πόλεως ἐπὶ θαλάττῃ πεδίον, ὥστε εἰ δωδεκαστάδιόν ἐστι νῦν τὸ μεταξύ, τότε καὶ τῷ ἡμίσει ἔλαττον ὑπῆρχε. καὶ ἡ διήγησις δ´ ἡ πρὸς τὸν Εὔμαιον
ὑπὸ τοῦ Ὀδυσσέως διασκευασθεῖσα μέγα ἐμφαίνει τὸ διάστημα τὸ μέχρι τῆς
πόλεως ἀπὸ τοῦ ναυστάθμου „ὡς ὅθ´ ὑπὸ Τροίῃ λό„χον ἤγομεν.“ φησὶ γὰρ
ὑποβάς „λίην γὰρ νηῶν ἑκὰς
„ἤλθομεν.“ ἐπί τε τὴν κατασκοπὴν πέμπονται γνωσόμενοι,
πότερον μενοῦσι παρὰ νηυσὶν ἀπόπροθεν
πολὺ ἀπεσπασμένοι τοῦ οἰκείου τείχους „ἠὲ πόλινδε
„ἂψ ἀναχωρήσουσι.“ καὶ ὁ Πολυδάμας „ἀμφὶ μάλα
„φράζεσθε, φίλοι· κέλομαι γὰρ ἔγωγε ἄστυδε νῦν ἰέ„ναι“
φησίν „ἑκὰς δ´ ἀπὸ τείχεός εἰμεν.“ παρατίθησι
δ´ ὁ Δημήτριος καὶ τὴν Ἀλεξανδρίνην Ἑστίαιαν μάρτυρα,
τὴν συγγράψασαν περὶ τῆς Ὁμήρου Ἰλιάδος,
πυνθανομένην εἰ περὶ τὴν νῦν πόλιν ὁ πόλεμος συνέστη,
καὶ ... τὸ Τρωικὸν πεδίον, ὃ μεταξὺ τῆς πόλεως
καὶ τῆς θαλάττης ὁ ποιητὴς φράζει· τὸ μὲν γὰρ πρὸ
τῆς νῦν πόλεως ὁρώμενον πρόχωμα εἶναι τῶν ποταμῶν
ὕστερον γεγονός.
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Traduction française :
[13a,36] 36. Telle est, en outre, la proximité du naustathme (comme on l'appelle
encore aujourd'hui) par rapport à la ville actuelle {d'Ilion}, qu'elle
donnerait lieu en vérité de se demander comment les Grecs, d'une part, ont
pu être si peu sages et les Troyens, de l'autre, si peu hardis : les
Grecs, si peu sages d'avoir tant attendu pour fortifier une position
pareille à portée de la ville ennemie et de l'immense agglomération de ses
défenseurs, indigènes et auxiliaires, puisque Homère confesse que le mur
du Naustathme ne fut élevé que très tard, si même il a jamais existé
ailleurs que dans l'imagination du poète, qui alors a bien pu se croire en
droit, pour nous servir de l'expression d'Aristote, de jeter par terre à
un moment donné ce que lui seul avait construit ; - et les Troyens, de
leur côté, si peu hardis d'avoir laissé bâtir un mur, qu'il leur fallut
plus tard forcer, quand ils se ruèrent enfin sur le Naustathme à l'attaque
des vaisseaux, et de n'avoir pas osé s'approcher du Naustathme ni en faire
le siége, quand la muraille n'était pas encore construite, bien qu'il y
eût pour cela si peu de distance à franchir, vu que le Naustathme touchait
à Sigée et à l'embouchure du Scamandre, laquelle n'est qu'à 20 stades
d'Ilion. Voulût-on même reconnaître {l'ancien} Naustathme dans ce qu'on
appelle aujourd'hui le Port des Achéens, qu'on ne ferait encore que
rapprocher la distance, car le Port des Achéens est à 12 stades seulement
de la Nouvelle Ilion, sans compter {qu'on se tromperait fort}, si l'on
faisait figurer dans cette distance l'étendue de la plaine qui borde
aujourd'hui la mer, toute cette plaine maritime située en avant de la
ville étant le produit récent des alluvions des deux fleuves, d'où il suit
que l'intervalle qui est actuellement de 12 stades était alors moindre de
moitié. Non, la distance du Naustathme à la ville était fort considérable,
c'est ce que prouvent et ce passage du faux récit que fait Ulysse à Eumée :
«Comme en ces jours où nous dressions sous Troie quelque adroite
embuscade» (Od. IV, 469), passage qui se termine un peu plus bas par ces mots :
«Car nous nous sommes par trop éloignés des vaisseaux» (Od. XIV, 496),
et cet autre passage relatif aux espions que les Grecs se proposent
d'envoyer à la découverte, pour apprendre d'eux si les Troyens comptent
demeurer près des vaisseaux à une si grande distance de leurs propres
remparts, «Ou s'ils doivent bientôt se replier sur leur ville » (Il. X, 208) ;
voire ce troisième passage dans lequel {le troyen} Polydamas s'écrie :
«Hâtez-vous, mes amis, délibérez ; mais moi, je vous invite à regagner la
ville... car nous sommes présentement loin, bien loin des remparts de
Troie» (Il. XVIII, 254).
Démétrius invoque même, à ce propos, le témoignage d'Hestiée, {cette
fameuse grammairienne,} native d'Alexandrie, qui, dans son Commentaire de
l'Iliade d'Homère, se demande si réellement les environs de la ville
actuelle d'Ilion ont pu être le théâtre des hostilités entre les Grecs et
les Troyens, et où, dans ce cas, il conviendrait de chercher cette plaine
de Troie, que le poète signale entre la ville et la mer, puisqu'il est
constant que tout le terrain qu'on voit en avant de la ville actuelle a
été formé à une époque postérieure des alluvions des fleuves.
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