Texte grec :
[13a,69] Μεταξὺ δὲ Ἐλαίας τε καὶ Πιτάνης καὶ Ἀταρνέως
καὶ Περγάμου Τευθρανία ἐστί, διέχουσα οὐδεμιᾶς αὐτῶν
ὑπὲρ ἑβδομήκοντα σταδίους ἐντὸς τοῦ Καΐκου, καὶ
ὁ Τεύθρας Κιλίκων καὶ Μυσῶν ἱστόρηται βασιλεύς.
Εὐριπίδης δ´ ὑπὸ Ἀλέου φησὶ τοῦ τῆς Αὔγης πατρὸς
εἰς λάρνακα τὴν Αὔγην κατατεθεῖσαν ἅμα τῷ παιδὶ
Τηλέφῳ καταποντωθῆναι, φωράσαντος τὴν ἐξ Ἡρακλέους φθοράν· Ἀθηνᾶς δὲ
προνοίᾳ τὴν λάρνακα περαιωθεῖσαν ἐκπεσεῖν εἰς τὸ στόμα τοῦ Καΐκου, τὸν δὲ
Τεύθραντα ἀναλαβόντα τὰ σώματα τῇ μὲν ὡς γαμετῇ
χρήσασθαι τῷ δ´ ὡς ἑαυτοῦ παιδί. τοῦτο μὲν οὖν μῦθος,
ἄλλην δέ τινα δεῖ γεγονέναι συντυχίαν, δι´ ἣν ἡ
τοῦ Ἀρκάδος θυγάτηρ τῷ Μυσῶν βασιλεῖ συνῆλθε καὶ
ὁ ἐξ αὐτῆς διεδέξατο τὴν ἐκείνου βασιλείαν. πεπίστευται δ´ οὖν ὅτι καὶ ὁ Τεύθρας καὶ ὁ Τήλεφος ἐβασίλευσαν τῆς χώρας τῆς περὶ τὴν Τευθρανίαν καὶ τὸν Κάικον, ὁ δὲ ποιητὴς ἐπὶ τοσοῦτον μέμνηται μόνον τῆς
ἱστορίας ταύτης „ἀλλ´ οἷον τὸν Τηλεφίδην κατενήρατο
„χαλκῷ ἥρω Εὐρύπυλον, πολλοὶ δ´ ἀμφ´ αὐτὸν ἑταῖροι
Κήτειοι κτείνοντο γυναίων εἵνεκα δώρων,“ αἴνιγμα
τιθεὶς ἡμῖν μᾶλλον ἢ λέγων τι σαφές. οὔτε γὰρ
τοὺς Κητείους ἴσμεν οὕστινας δέξασθαι δεῖ, οὔτε τὸ
„γυναίων εἵνεκα δώρων.“ ἀλλὰ καὶ οἱ γραμματικοὶ
μυθάρια παραβάλλοντες εὑρεσιλογοῦσι μᾶλλον ἢ λύουσι
τὰ ζητούμενα.
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Traduction française :
[13a,69] 69. Entre Elée, Pitané, Atarnée et Pergame, à 70 stades au plus de chacune
de ces villes et en deçà du Caïcus, est Teuthranie, {dont le fondateur}
Teuthras passe pour avoir régné sur les Ciliciens et les Mysiens. Euripide
raconte qu'Iléus, père d'Augé, ayant découvert que sa fille avait été
séduite et mise à mal par Hercule, fit enfermer dans un coffre et jeter à
la mer l'infortunée Augé avec Télèphe, l'enfant qu'elle avait eu d'Hercule
; que, grâce à l'intervention providentielle de Minerve, le coffre, après
avoir traversé heureusement toute la mer, était venu s'échouer à
l'embouchure du Caïcus, où la mère et son enfant avaient été recueillis
encore vivants par Teuthras, qui n'avait pas tardé à faire d'Augé sa femme
et de Télèphe son fils adoptif. Mais ce n'est là qu'une fable, et il est
évident qu'un autre concours de circonstances a dû amener cette union de
la fille d'un roi d'Arcadie avec le roi des Mysiens et la transmission du
sceptre de celui-ci au fils de cette princesse. Quoi qu'il en soit, s'il
est un fait généralement admis, c'est que Teuthras et Télèphe ont régné
sur tout le canton qui dépend de Teuthranie et qu'arrose le Caïcus. Quant
au témoignage d'Homère sur cette même tradition, il se réduit au peu que
voici : «Tel était le fils de Télèphe, le héros Eurypyle ; et quand le fer {de
Néoptolème} trancha le fil de ses jours, les Cétéens, ses compagnons,
tombèrent en foule autour de lui, victimes eux aussi de la tentation d'une femme»
(Od. XI, 519), sans compter qu'en s'exprimant comme il fait le poète nous pose une énigme plutôt qu'il ne nous instruit de rien de positif. Car nous ne savons ni
quel peuple il a voulu désigner sous ce nom de Cétéens, ni à quoi font
allusion ces derniers mots «victimes de la tentation d'une femme» ; et les
grammairiens, de leur côté, en multipliant les citations et les
rapprochements, font plutôt étalage d'érudition mythologique qu'ils
n'éclaircissent et ne résolvent la question.
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