Texte grec :
[13a,63] Ἡ δὲ Χρῦσα ἐπὶ θαλάττῃ πολίχνιον ἦν ἔχον λιμένα,
πλησίον δὲ ὑπέρκειται ἡ Θήβη· ἐνταῦθα δ´ ἦν
καὶ τὸ ἱερὸν τοῦ Σμινθέως Ἀπόλλωνος καὶ ἡ Χρυσηίς·
ἠρήμωται δὲ νῦν τὸ χωρίον τελέως· εἰς δὲ τὴν νῦν
Χρῦσαν τὴν κατὰ Ἁμαξιτὸν μεθίδρυται τὸ ἱερόν, τῶν
Κιλίκων τῶν μὲν εἰς τὴν Παμφυλίαν ἐκπεσόντων τῶν
δὲ εἰς Ἁμαξιτόν. οἱ δ´ ἀπειρότεροι τῶν παλαιῶν ἱστοριῶν
ἐνταῦθα τὸν Χρύσην καὶ τὴν Χρυσηίδα γεγονέναι φασὶ καὶ τὸν Ὅμηρον
τούτου τοῦ τόπου μεμνῆσθαι. ἀλλ´ οὔτε λιμήν ἐστιν ἐνταῦθα,
ἐκεῖνος δέ φησιν „οἱ δ´ ὅτε δὴ λιμένος πολυβενθέος ἐντὸς ἵκοντο,“
οὔτ´ ἐπὶ θαλάττῃ τὸ ἱερόν ἐστιν, ἐκεῖνος δ´ ἐπὶ θαλάττῃ ποιεῖ τὸ ἱερόν „ἐκ δὲ
Χρυσηὶς νηὸς βῆ ποντο„πόροιο· τὴν μὲν ἔπειτ´ ἐπὶ βωμὸν ἄγων πολύμητις
„Ὀδυσσεὺς πατρὶ φίλῳ ἐν χερσὶ τίθει,“ οὔτε Θήβης
πλησίον, ἐκεῖνος δὲ πλησίον· ἐκεῖθεν γοῦν ἁλοῦσαν
λέγει τὴν Χρυσηίδα. ἀλλ´ οὐδὲ Κίλλα τόπος οὐδεὶς ἐν
τῇ Ἀλεξανδρέων χώρᾳ δείκνυται, οὐδὲ Κιλλαίου Ἀπόλλωνος ἱερόν·
ὁ ποιητὴς δὲ συζεύγνυσιν „ὃς Χρύσην
ἀμφιβέβηκας Κίλλαν τε ζαθέην.“ ἐν δὲ τῷ Θήβης πεδίῳ δείκνυται πλησίον· ὅ τε
πλοῦς ἀπὸ μὲν τῆς Κιλικίου Χρύσης ἐπὶ τὸ ναύσταθμον ἑπτακοσίων που σταδίων ἐστὶν ἡμερήσιός πως, ὅσον φαίνεται πλεύσας ὁ
Ὀδυσσεύς. ἐκβὰς γὰρ εὐθὺς παρίστησι τὴν θυσίαν τῷ
θεῷ καὶ τῆς ἑσπέρας ἐπιλαβούσης μένει αὐτόθι, πρωὶ
δὲ ἀποπλεῖ· ἀπὸ δὲ Ἁμαξιτοῦ τὸ τρίτον μόλις τοῦ λεχθέντος
διαστήματός ἐστιν, ὥστε παρῆν τῷ Ὀδυσσεῖ
αὐθημερὸν ἀναπλεῖν ἐπὶ τὸ ναύσταθμον τελέσαντι τὴν
θυσίαν. ἔστι δὲ καὶ Κίλλου μνῆμα περὶ τὸ ἱερὸν τοῦ
Κιλλαίου Ἀπόλλωνος, χῶμα μέγα· ἡνίοχον δὲ τοῦτον
Πέλοπός φασιν ἡγησάμενον τῶν τόπων, ἀφ´ οὗ ἴσως
ἡ Κιλικία ἢ ἔμπαλιν.
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Traduction française :
[13a,63] 63. Chrysa était une petite ville située près de la mer et possédant un
port ; dans son voisinage, et juste au-dessus d'elle, était la ville de
Thébé. C'est dans Chrysa qu'était le temple d'Apollon Sminthien et
qu'habitait Chryséis. Aujourd'hui cette première Chrysa se trouve
complétement abandonnée. Quant à son temple, il a été transporté dans la
nouvelle ville bâtie auprès d'Hamaxitos, lorsque les Ciliciens émigrèrent,
les uns en Pamphylie, les autres à Hamaxitos. Certains grammairiens, trop
peu au fait des anciennes traditions, assignent cette nouvelle Chrysa pour
demeure à Chrysès et à Chryséis, soutenant qu'elle est la même qu'Homère a
eue en vue et dont il a parlé. Malheureusement il ne s'y trouve point de
port, et Homère mentionne expressément la présence d'un port à Chrysa :
«Lorsqu'ils eurent pénétré dans l'intérieur du port sinueux et profond» (Il. I, 432).
Le temple n'y est pas non plus bâti sur le rivage même, contrairement à
l'indication du poète qui l'y place formellement :
«Chryséis sort alors du vaisseau qui l'a ramenée ; le sage Ulysse la
conduit aussitôt jusqu'à l'autel et la remet aux mains de son père» (Il. I, 439) ;
et, tandis que la moderne Chrysa est loin de Thébé, Homère nous montre les
deux villes, Chrysa et Thébé, comme étant fort rapprochées l'une de
l'autre, notamment quand il rappelle que c'est dans le sac de Thébé que
Chryséis fut prise. Ajoutons que, dans tout le territoire dépendant
aujourd'hui d'Alexandria, il n'y a pas de lieu appelé Cilla ni de temple
dédié à Apollon Cilléen, tandis que dans la plaine de Thébé, conformément
au témoignage du poète qui unit les deux noms,
«Toi qui protèges Chryse et Cilla la divine» (Il. I, 37),
on retrouve les deux emplacements attenants pour ainsi dire l'un à
l'autre. Enfin le trajet par mer de la Chrysa cilicienne au Naustathme est
de 700 stades, ce qui représente à peu de chose près une journée de
navigation, juste le temps qu'Ulysse semble avoir employé. Ulysse en
effet, dès en débarquant, se met en mesure de sacrifier au dieu, et, comme
le jour touche à sa fin, il prend le parti de rester et ne se rembarque
que le lendemain matin. Mais d'Hamaxitos la distance étant, tout au plus,
le tiers de celle que nous venons d'indiquer, Ulysse, on le voit, aurait
eu tout le temps, son sacrifice fini, de regagner le Naustathme le même
jour. Dans le voisinage du temple d'Apollon Cilléen il y a encore à
signaler un grand tumulus, dit le tombeau de Cillus. On croit que ce
Cillus, après avoir été le conducteur du char de Pélops, régna sur tout ce
canton : or il pourrait se faire qu'il eût donné son nom à la Cilicie.
Peut-être bien aussi est-ce l'inverse qui a eu lieu.
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