[12g,3] Τῶν δ' οὖν ὀρεινῶν οὓς εἶπον Πισιδῶν οἱ μὲν ἄλλοι κατὰ τυραννίδας μεμερισμένοι,
καθάπερ οἱ Κίλικες, λῃστρικῶς ἤσκηνται· φασὶ δ' αὐτοῖς τῶν Λελέγων συγκαταμιχθῆναι
τινὰς τὸ παλαιόν, πλάνητας ἀνθρώπους, καὶ συμμεῖναι διὰ τὴν ὁμοιοτροπίαν αὐτόθι. Σέλγη
δὲ ἐξ ἀρχῆς μὲν ὑπὸ Λακεδαιμονίων ἐκτίσθη πόλις, καὶ ἔτι πρότερον ὑπὸ Κάλχαντος·
ὕστερον δὲ καθ' αὑτὴν ἔμεινεν αὐξηθεῖσα ἐκ τοῦ πολιτεύεσθαι νομίμως, ὥστε καὶ
δισμυρίανδρός ποτε εἶναι. Θαυμαστὴ δ' ἐστὶν ἡ φύσις τῶν τόπων· ἐν γὰρ ταῖς ἀκρωρείαις
τοῦ Ταύρου χώρα μυριάδας τρέφειν δυναμένη σφόδρα εὔκαρπός ἐστιν, ὥστε καὶ
ἐλαιόφυτα εἶναι πολλὰ χωρία καὶ εὐάμπελα, νομάς τε ἀφθόνους ἀνεῖσθαι παντοδαποῖς
βοσκήμασι· κύκλῳ δ' ὑπέρκεινται δρυμοὶ ποικίλης ὕλης. Πλεῖστος δ' ὁ στύραξ φύεται παρ'
αὐτοῖς, δένδρον οὐ μέγα ὀρθηλόν, ἀφ' οὗ καὶ τὰ στυράκινα ἀκοντίσματα, ἐοικότα τοῖς
κρανεί̈νοις· ἐγγίνεται δ' ἐν τοῖς στελέχεσι ξυλοφάγου τι σκώληκος εἶδος, ὃ μέχρι τῆς
ἐπιφανείας διαφαγὸν τὸ ξύλον τὸ μὲν πρῶτον πιτύροις ἢ πρίσμασιν ἐοικός τι ψῆγμα
προχεῖ, καὶ σωρὸς συνίσταται πρὸς τῇ ῥίζῃ, μετὰ δὲ ταῦτα ἀπολείβεταί τις ὑγρασία
δεχομένη πῆξιν ῥᾳδίαν παραπλησίαν τῇ κόμμει· ταύτης δὲ τὸ μὲν ἐπὶ τὸ ψῆγμα πρὸς τῇ
ῥίζῃ κατενεχθὲν ἀναμίγνυται τούτῳ τε καὶ τῇ γῇ, πλὴν ὅσον ἐπιπολῆς συστὰν διαμένει
καθαρόν, τὸ δ' ἐν τῇ ἐπιφανείᾳ τοῦ στελέχους καθ' ἣν ῥεῖ πήττεται, καὶ τοῦτο καθαρόν·
ποιοῦσι δὲ καὶ ἐκ τοῦ μὴ καθαροῦ μῖγμα ξυλομιγές τι καὶ γεωμιγές, εὐωδέστερον τοῦ
καθαροῦ, τῇ δ' ἄλλῃ δυνάμει λειπόμενον ̔λανθάνει δὲ τοὺς πολλούσ̓, ᾧ πλείστῳ χρῶνται
θυμιάματι οἱ δεισιδαίμονες. Ἐπαινεῖται δὲ καὶ ἡ Σελγικὴ ἶρις καὶ τὸ ἀπ' αὐτῆς ἄλειμμα. Ἔχει
δ' ὀλίγας προσβάσεις {τὰ} περὶ τὴν πόλιν καὶ τὴν χώραν τὴν Σελγέων, ὀρεινὴν κρημνῶν καὶ
χαραδρῶν οὖσαν πλήρη, ἃς ποιοῦσιν ἄλλοι τε ποταμοὶ καὶ ὁ Εὐρυμέδων καὶ ὁ Κέστρος
ἀπὸ τῶν Σελγικῶν ὀρῶν εἰς τὴν Παμφυλίαν ἐκπίπτοντες θάλατταν· γέφυραι δ' ἐπίκεινται
ταῖς ὁδοῖς. Διὰ δὲ τὴν ἐρυμνότητα οὔτε πρότερον οὔθ' ὕστερον οὐδ' ἅπαξ οἱ Σελγεῖς ἐπ'
ἄλλοις ἐγένοντο, ἀλλὰ τὴν μὲν ἄλλην χώραν ἀδεῶς ἐκαρποῦντο, ὑπὲρ δὲ τῆς κάτω τῆς τε
ἐν τῇ Παμφυλίᾳ καὶ τῆς ἐντὸς τοῦ Ταύρου διεμάχοντο πρὸς τοὺς βασιλέας ἀεί· πρὸς δὲ
τοὺς Ῥωμαίους ἐπὶ τακτοῖς τισι κατεῖχον τὴν χώραν· πρὸς Ἀλέξανδρον δὲ πρεσβευσάμενοι
δέχεσθαι τὰ προστάγματα εἶπον κατὰ φιλίαν· νῦν δὲ ὑπήκοοι τελέως γεγόνασι, καί εἰσιν ἐν
τῇ ὑπὸ Ἀμύντᾳ τεταγμένῃ πρότερον.
| [12g,3] Dans la montagne, les peuples pisidiens que nous avons nommés sont, comme
les Ciliciens, divisés généralement en petits états sous des chefs ou tyrans nationaux et
ne vivent guère que de brigandages. On assure même qu'anciennement ils auraient reçu
parmi eux un certain nombre d'aventuriers Lélèges qui, séduits par la ressemblance des
moeurs, auraient voulu se fixer à tout jamais dans leurs montagnes. Au contraire, la ville
de Selgé qui avait commencé par être asservie à des colons lacédémoniens et plus
anciennement à Calchas finit, grâce à la sagesse de ses institutions et à l'accroissement
de sa population qui s'éleva un moment au chiffre de 20.000 habitants, par former une
république ou cité libre. Du reste, l'aspect des lieux aux environs de Selgé est quelque
chose d'admirable : qu'on se figure, en effet, sur les crêtes les plus élevées du Taurus,
des espaces de terrain assez fertiles pour nourrir plusieurs milliers d'hommes, semés ici
de plantations d'oliviers et de beaux vignobles, là de plantureux pâturages où sont
répandus des bestiaux de toute sorte, et enfermés dans une ceinture de beaux bois
contenant les essences les plus variées, et notamment une très grande quantité de
styraces, arbres médiocrement élevés, mais très droits, dont le bois sert à faire les
hampes des javelines dites styracines, analogues aux cranéines ou javelines faites de
bois de cormier. Il se forme dans le tronc de ces arbres une espèce de ver xylophage qui
ronge le bois jusqu'au bord externe de l'écorce, faisant tomber à terre une espèce de
poussière fine ou de râclure assez semblable à du son ou à de la sciure de bois et qui
s'amasse au pied de l'arbre, suivie bientôt de l'écoulement d'une liqueur gommeuse
prompte à se coaguler. De cette liqueur une partie dégoutte sur la sciure de bois
amassée au pied de l'arbre et la pénètre ainsi que la terre qui est au-dessous, ne
conservant naturellement sa pureté première qu'à la surface, tandis que le reste, qui
adhère à l'écorce du tronc et qui se coagule autour de l'orifice par où se fait l'écoulement,
conserve la sienne tout entière. De la partie moins pure on fait, avec une certaine quantité
de sciure de bois et de terre, un mélange plus odorant que le suc resté à l'état natif, mais
très inférieur à tous autres égards (ce qu'on ne sait pas assez généralement), et les
dévots l'emploient en guise d'encens et en font une très grande consommation. On prise
beaucoup aussi l'iris de Selgé et le liniment fait avec le suc de cette plante. Un petit
nombre de routes donnent accès jusqu'à la ville et aux environs de Selgé, ce qui
s'explique par la nature montagneuse de ce pays, coupé partout de précipices et
profondément raviné par le cours de torrents tels que l'Eurymédon et le Cestrus, qui, du
haut des montagnes de Selgé, se précipitent vers la mer de Pamphylie. Au moyen de
ponts lesdites routes franchissent ces torrents. Protégés par la force exceptionnelle de
leur position, les Selgiens n'avaient jamais, ni anciennement ni depuis, perdu leur
indépendance, ils avaient toujours pu cultiver la plus grande partie de leurs terres avec
une pleine et entière sécurité ; seule, la partie basse du Taurus (tant celle du versant
pamphylien que celle du versant intérieur) leur avait été contestée par les rois leurs
voisins, mais ils la leur avaient disputée sans relâche les armes à la main, et avaient fini
par obtenir des Romains, à de certaines conditions, la reconnaissance de leurs droits, de
même qu'au temps d'Alexandre, lorsqu'ils avaient député vers le conquérant, c'est à titre
d'amis seulement qu'ils s'étaient dits prêts à recevoir ses ordres. Aujourd'hui en revanche
{tout est bien changé,} et les Selgiens, qui ont dû faire aux Romains une soumission
pleine et entière, ont vu réunir leur territoire à l'ancien royaume d'Amyntas.
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