Texte grec :
[12d,6] Καὶ τὸν Αἴσηπον δὲ τῶν Μυσῶν ὅριον παραδίδωσιν αὐτὸς ὁ ποιητής· τὴν γὰρ
ὑπὲρ τοῦ Ἰλίου παρώρειαν τῆς Τροίας καταλέξας τὴν ὑπ' Αἰνείᾳ ἣν Δαρδανίαν ἐκάλεσε,
τίθησιν ἐφεξῆς πρὸς ἄρκτον καὶ τὴν Λυκίαν τὴν ὑπὸ Πανδάρῳ ἐν ᾗ ἡ Ζέλεια· καὶ φησίν
Οἳ δὲ Ζέλειαν ἔναιον ὑπαὶ πόδα νείατον Ἴδης,
ἀφνειοί, πίνοντες ὕδωρ μέλαν Αἰσήποιο Τρῶες.
ῇ δὲ Ζελείᾳ ὑποπέπτωκε πρὸς θαλάττῃ ἐπίταδε τοῦ Αἰσήπου τὸ τῆς Ἀδραστείας
πεδίον καὶ Τήρεια καὶ ἡ Πιτύα καὶ καθόλου ἡ νῦν Κυζικηνὴ ἡ πρὸς Πριάπῳ ἣν ἐφεξῆς
καταλέγει, εἶτα ἀνακάμπτει πάλιν ἐπὶ τὰ πρὸς ἕω μέρη καὶ τὰ ἐπέκεινα, ὥστε ἐμφαίνει τὴν
μέχρι Αἰσήπου πέρας ἡγούμενος τῆς Τρῳάδος τὸ ἀρκτικὸν καὶ ἑῷον. Ἀλλὰ μὴν μετά γε τὴν
Τρῳάδα ἡ Μυσία ἐστὶ καὶ ὁ Ὄλυμπος. Ἡ μὲν οὖν παλαιὰ μνήμη τοιαύτην τινὰ ὑπαγορεύει
τὴν τῶν ἐθνῶν θέσιν. Αἱ δὲ νῦν μεταβολαὶ τὰ πολλὰ ἐξήλλαξαν, ἄλλοτ' ἄλλων
ἐπικρατούντων καὶ τὰ μὲν συγχεόντων τὰ δὲ διασπώντων. Καὶ γὰρ Φρύγες ἐπεκράτησαν
καὶ Μυσοὶ μετὰ τὴν Τροίας ἅλωσιν, εἶθ' ὕστερον Λυδοὶ καὶ μετ' ἐκείνων Αἰολεῖς καὶ Ἴωνες,
ἔπειτα Πέρσαι καὶ Μακεδόνες, τελευταῖοι δὲ Ῥωμαῖοι, ἐφ' ὧν ἤδη καὶ τὰς διαλέκτους καὶ τὰ
ὀνόματα ἀποβεβλήκασιν οἱ πλεῖστοι, γεγονότος ἑτέρου τινὸς μερισμοῦ τῆς χώρας, οὗ
μᾶλλον φροντίσαι δεῖ τὰ νῦν οἷ' ἔστι λέγοντας, τῇ δὲ ἀρχαιολογίᾳ μετρίως προσέχοντας.
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Traduction française :
[12d,6] L'Aesépus, du reste, nous est présenté comme limite de la Mysie par le poète
lui-même. En voici la preuve : après avoir {dans le Diacosme ou Catalogue troyen} fait figurer
sous le nom de Dardanie, et comme formant sous Enée un royaume à part, la partie de la
Troade située au-dessus d'Ilion qui borde le pied des montagnes, Homère place à la suite
et au N. de ce pays le royaume de Pandarus, autrement dit la Lycie {septentrionale} dont
Zélia était le chef-lieu,
«Et ceux qui habitaient Zélia vers les dernières pentes de l'Ida, riches entre tous les Troyens
buveurs des eaux noirâtres de l'Aesépus».
Il nomme encore, comme faisant suite au district de Zélia et comme s'étendant vers
la mer, mais toujours en deçà de l'Aesépus, la plaine d'Adrastée avec Térée et Pitye,
c'est-à-dire toute la partie de la Cyzicène actuelle qui forme le canton de Priapus ; après
quoi il se détourne brusquement vers la Troade orientale et les contrées ultérieures, d'où
l'on peut inférer, ce me semble, qu'il considérait le cours de l'Aesépus comme la limite N.
E. de la Troade. Or, après la Troade, de ce côté, c'est bien la Mysie avec le mont Olympe
qui s'offre à nous d'abord. Telle est la situation relative que l'antique tradition semble
assigner aux différents peuples que nous avons nommés plus haut. Mais aujourd'hui,
après tant de révolutions survenues coup sur coup dans le pays, après tant de
dominations qui s'y sont succédé en réunissant tour à tour ou en séparant ces mêmes
peuples, leur situation naturellement a bien changé. Immédiatement après la guerre de
Troie, Phrygiens et Mysiens s'étaient disputé la prééminence ; la domination des Lydiens
avait commencé ensuite, et après celle-ci la domination des Aeoliens et des Ioniens ; puis
étaient venus les Perses, suivis à leur tour des Macédoniens, et, en dernier lieu, des
Romains ; et, sous ces différents maîtres, la plupart des peuples avaient perdu leurs
dialectes et leurs noms en même temps que leur pays subissait de nouvelles divisions.
Ces divisions subsistent encore aujourd'hui et méritent par cela même que nous y
insistions davantage, au lieu de nous étendre démesurément sur les divisions plus
anciennes lesquelles n'offrent plus qu'un intérêt archéologique.
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