[11m,4] Ἐν αὐτῇ δὲ τῇ Ἀρμενίᾳ πολλὰ μὲν ὄρη πολλὰ δὲ ὀροπέδια, ἐν οἷς οὐδ' ἄμπελος φύεται ῥᾳδίως, πολλοὶ δ' αὐλῶνες οἱ μὲν μέσως οἱ δὲ καὶ σφόδρα εὐδαίμονες καθάπερ τὸ Ἀραξηνὸν πεδίον, δι' οὗ ὁ Ἀράξης ποταμὸς ῥέων εἰς τὰ ἄκρα τῆς Ἀλβανίας καὶ τὴν Κασπίαν ἐκπίπτει θάλατταν, καὶ μετὰ ταῦτα ἡ Σακασηνὴ καὶ αὐτὴ τῇ Ἀλβανίᾳ πρόσχωρος καὶ τῷ Κύρῳ ποταμῷ, εἶθ' ἡ Γωγαρηνή· πᾶσα γὰρ ἡ χώρα αὕτη καρποῖς τε καὶ τοῖς ἡμέροις δένδρεσι καὶ τοῖς ἀειθαλέσι πληθύει, φέρει δὲ καὶ ἐλαίαν. Ἔστι δὲ καὶ ἡ Φαυηνὴ τῆς Ἀρμενίας ἐπαρχία καὶ ἡ Κωμισηνὴ καὶ Ὀρχιστηνὴ πλείστην ἱππείαν παρέχουσα· ἡ δὲ Χορζηνὴ καὶ Καμβυσηνὴ προσβορρόταταί εἰσι καὶ νιφόβολοι μάλιστα, συνάπτουσαι τοῖς Καυκασίοις ὄρεσι καὶ τῇ Ἰβηρίᾳ καὶ τῇ Κολχίδι· ὅπου φασὶ κατὰ τὰς ὑπερβολὰς τῶν ὀρῶν πολλάκις καὶ συνοδίας ὅλας ἐν τῇ χιόνι καταπίνεσθαι νιφετῶν γινομένων ἐπὶ πλέον· ἔχειν δὲ καὶ βακτηρίας πρὸς τοὺς τοιούτους κινδύνους, {ἃς} παρεξαίροντας εἰς τὴν ἐπιφάνειαν ἀναπνοῆς τε χάριν καὶ τοῦ διαμηνύειν τοῖς ἐπιοῦσιν ὥστε βοηθείας τυγχάνειν, ἀνορύττεσθαι καὶ σώζεσθαι. Ἐν δὲ τῇ χιόνι βώλους πήγνυσθαί φασι κοίλας περιεχούσας χρηστὸν ὕδωρ ὡς ἐν χιτῶνι, καὶ ζῷα δὲ ἐν αὐτῇ γεννᾶσθαι· καλεῖ δὲ σκώληκας Ἀπολλωνίδης, Θεοφάνης δὲ θρῖπας· κἀν τούτοις ἀπολαμβάνεσθαι χρηστὸν ὕδωρ, περισχισθέντων δὲ τῶν χιτώνων πίνεσθαι· τὴν δὲ γένεσιν τῶν ζῴων τοιαύτην εἰκάζουσιν οἵαν τὴν τῶν κωνώπων ἐκ τῆς ἐν τοῖς μετάλλοις φλογὸς καὶ τοῦ φεψάλου.
| [11m,4] Si maintenant l'on pénètre dans l'intérieur du pays, on y trouve bien encore et beaucoup de montagnes et beaucoup de plateaux arides où la vigne elle-même ne vient qu'avec peine, mais on y rencontre aussi de nombreuses vallées, les unes, il est vrai, médiocrement fertiles, les autres, en revanche, d'une incomparable richesse. Telles sont, par exemple, et cette plaine Araxène que l'Araxe traverse dans toute sa longueur avant d'aller à l'extrémité de l'Albanie se jeter dans la mer Caspienne, et cette autre plaine à la suite qu'on nomme la Sacasène, plaine riveraine du Cyrus {et non de l'Araxe}, mais limitrophe aussi de l'Albanie. Nous pourrions même citer la Gogarène qui s'étend au delà de la Sacasène, car il est constant que toute cette plaine abonde en céréales, en arbres fruitiers, en arbres verts et qu'on y cultive avec succès jusqu'à l'olivier. La Phaunène compte également parmi les provinces {les plus fertiles} de l'Arménie, et l'on peut en dire autant de la Comisène, voire de l'Orchistène qui fournit le plus fort contingent de chevaux de guerre. Dans la Chorzène et dans la Cambysène, qui sont les provinces les plus septentrionales de l'Arménie, il tombe une énorme quantité de neige, par suite apparemment du voisinage de la chaîne du Caucase, de l'Ibérie et de la Colchide, et il n'est pas rare, à ce qu'on assure, que des caravanes entières y soient surprises dans les cols ou défilés des montagnes par de véritables avalanches de neige sous lesquelles elles demeurent ensevelies. Seulement, en prévision de ce danger, tous les voyageurs ont soin, dit-on, de se munir de longs bâtons {qu'} ils n'auraient, en cas d'accident, qu'à hausser au niveau des couches supérieures de neige pour donner accès à l'air respirable et pour avertir ceux qui viendraient à passer après eux, lesquels ne manqueraient pas de leur venir en aide et de leur sauver la vie en les retirant de dessous l'avalanche. On ajoute qu'il se forme dans la neige, par l'effet de la congélation, des boules creuses qui contiennent de l'eau bonne à boire et que les voyageurs n'ont qu'à fendre l'espèce de poche qui renferme cette eau pour pouvoir se désaltérer à leur aise. La neige aurait aussi, paraît-il, la propriété d'engendrer certains animalcules (nommés scolex dans Apollonidès et thripes dans Théophane), et on suppose que la génération de ces animalcules dans la neige se fait de la même manière que celle des moucherons ou conops engendrés par la flamme ou par les cendres chaudes des fourneaux de mines.
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