[11h,5] Οἱ μὲν {οὖν} οὕτω λέγουσι περὶ τῶν Σακῶν, οἱ δ' ὅτι Κῦρος ἐπιστρατεύσας τοῖς Σάκαις ἡττηθεὶς τῇ μάχῃ φεύγει, στρατοπεδευσάμενος δ' ἐν ᾧ χωρίῳ τὰς παρασκευὰς ἀπολελοίπει πλήρεις ἀφθονίας ἁπάσης καὶ μάλιστα οἴνου, διαναπαύσας μικρὰ τὴν στρατιάν, ἤλαυνεν ἀφ' ἑσπέρας ὡς φεύγων, πλήρεις ἀφεὶς τὰς σκηνάς· προελθὼν δ' ὅσον ἐδόκει συμφέρειν ἱδρύθη· ἐπιόντες δ' ἐκεῖνοι καὶ καταλαβόντες ἔρημον ἀνδρῶν τὸ στρατόπεδον τῶν δὲ πρὸς ἀπόλαυσιν μεστόν, ἀνέδην ἐνεπίμπλαντο· ὁ δ' ὑποστρέψας ἐξοίνους κατέλαβε καὶ παραπλῆγας, ὥσθ' οἱ μὲν ἐν κάρῳ κείμενοι καὶ ὕπνῳ κατεκόπτοντο, οἱ δ' ὀρχούμενοι καὶ βακχεύοντες γυμνοὶ περιέπιπτον τοῖς τῶν πολεμίων ὅπλοις, ὀλίγου δ' ἀπώλοντο ἅπαντες. Ὁ δὲ θεῖον νομίσας τὸ εὐτύχημα, τὴν ἡμέραν ἐκείνην ἀνιερώσας τῇ πατρίῳ θεῷ προσηγόρευσε Σάκαια· ὅπου δ' ἂν ᾖ τῆς θεοῦ ταύτης ἱερόν, ἐνταῦθα νομίζεται καὶ ἡ τῶν Σακαίων ἑορτὴ βακχεία τις μεθ' ἡμέραν καὶ νύκτωρ, διεσκευασμένων σκυθιστί, πινόντων ἅμα καὶ πληκτιζομένων πρὸς ἀλλήλους ἅμα τε καὶ τὰς συμπινούσας γυναῖκας.
| [11h,5] Telle est l'origine, que certains auteurs attribuent aux {Sacées}, mais il en est d'autres qui {font honneur de cette institution à Cyrus}. Ils racontent qu'ayant entrepris une expédition contre les Saces Cyrus fut vaincu dans un premier combat et réduit à fuir ; qu'il se replia sur une position où il avait laissé des magasins remplis de provisions de toute nature et de vin surtout, y fit reposer un peu son armée puis décampa le soir avec la précipitation du général qui fuit, sans permettre qu'on pliât les tentes et qu'on emportât rien ; mais que, quand il crut s'être assez éloigné pour la réussite de son projet, il s'arrêta. Les Saces qui le poursuivaient, trouvant ce camp abandonné et rempli de tout ce qu'il fallait pour faire bonne chère, se laissèrent aller sans mesure à leur gourmandise, et, quand Cyrus, qui était revenu sur ses pas, rentra dans le camp, ils étaient tous ivres-morts et abrutis ; les uns furent frappés en plein engourdissement, en plein sommeil, les autres surpris au milieu de leurs danses et de leurs bacchanales se virent envelopper sans pouvoir se défendre par des bataillons armés et furent presque tous massacrés. Or Cyrus, suivant la tradition, se serait persuadé que cet événement ne pouvait être qu'une faveur divine et sous le nom de Fête des Sacées il aurait consacré cet heureux jour à la grande déesse des Perses. Le fait est que, partout où il y a un temple d'Anaïtis, l'usage veut qu'on célèbre aussi les Sacées, sorte d'orgie qui dure un jour et une nuit et pendant laquelle les hommes et les femmes, tous vêtus à la mode des Scythes, se réunissent et boivent à l'envi, les hommes se provoquant entre eux par des paroles mordantes et excitant qui plus est les femmes à imiter leurs exploits bachiques.
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