[11e,5] <5> Καὶ τὰ πρὸς τὸ ἔνδοξον θρυληθέντα οὐκ ἀνωμολόγηται παρὰ πάντων, οἱ δὲ πλάσαντες ἦσαν οἱ κολακείας μᾶλλον ἢ ἀληθείας φροντίζοντες· οἷον τὸ τὸν Καύκασον μετενεγκεῖν εἰς τὰ Ἰνδικὰ ὄρη καὶ τὴν πλησιάζουσαν ἐκείνοις ἑῴαν θάλατταν ἀπὸ τῶν ὑπερκειμένων τῆς Κολχίδος καὶ τοῦ Εὐξείνου ὀρῶν· ταῦτα γὰρ οἱ Ἕλληνες καὶ Καύκασον ὠνόμαζον, διέχοντα τῆς Ἰνδικῆς πλείους ἢ τρισμυρίους σταδίους, καὶ ἐνταῦθα ἐμύθευσαν τὰ περὶ Προμηθέα καὶ τὸν δεσμὸν αὐτοῦ· ταῦτα γὰρ τὰ ὕστατα πρὸς ἕω ἐγνώριζον οἱ τότε. Ἡ δὲ ἐπὶ Ἰνδοὺς στρατεία Διονύσου καὶ Ἡρακλέους ὑστερογενῆ τὴν μυθοποιίαν ἐμφαίνει, ἅτε τοῦ Ἡρακλέους καὶ τὸν Προμηθέα λῦσαι λεγομένου χιλιάσιν ἐτῶν ὕστερον. Καὶ ἦν μὲν ἐνδοξότερον τὸ τὸν Ἀλέξανδρον μέχρι τῶν Ἰνδικῶν ὀρῶν καταστρέψασθαι τὴν Ἀσίαν ἢ μέχρι τοῦ μυχοῦ τοῦ Εὐξείνου καὶ τοῦ Καυκάσου· ἀλλ' ἡ δόξα τοῦ ὄρους καὶ τοὔνομα καὶ τὸ τοὺς περὶ Ἰάσονα δοκεῖν μακροτάτην στρατείαν τελέσαι τὴν μέχρι τῶν πλησίον Καυκάσου καὶ τὸ τὸν Προμηθέα παραδεδόσθαι δεδεμένον ἐπὶ τοῖς ἐσχάτοις τῆς γῆς ἐν τῷ Καυκάσῳ . . . χαριεῖσθαί τι τῷ βασιλεῖ ὑπέλαβον τοὔνομα τοῦ ὄρους μετενέγκαντες εἰς τὴν Ἰνδικήν.
| [11e,5] Au surplus, s'accordassent-ils de tout point, les auteurs de ces relations écrites pour glorifier Alexandre {ne mériteraient encore aucune confiance,} puisqu'il est notoire qu'ils avaient bien moins à coeur de se montrer historiens véridiques que flatteurs ingénieux. N'est-ce pas en effet une pure flatterie que d'avoir transporté le Caucase des confins de la Colchide et des rivages de l'Euxin dans le voisinage de la mer Orientale là où s'élèvent les montagnes de l'Inde ? Certes ils n'ignoraient pas que c'est à la chaîne de montagnes située près de la Colchide et de l'Euxin et distante de l'Inde par conséquent de plus de 30.000 stades que les Grecs avaient donné le nom de Caucase, les Grecs n'ayant même fait de cette chaîne le théâtre du mythe de Prométhée et de son long supplice, que parce qu'ils ne connaissaient pas alors de contrée plus reculée vers l'E. (et en effet les expéditions de Bacchus et d'Hercule dans l'Inde doivent appartenir à une mythologie plus récente, puisqu'Hercule est censé n'avoir délivré Prométhée de ses chaînes qu'après trois mille ans) ; ils n'ignoraient pas non plus qu'au fond pour Alexandre la gloire était plus grande d'avoir conquis l'Asie jusqu'aux montagnes de l'Inde que de s'être avancé seulement jusqu'au fond de l'Euxin et au pied du Caucase ; mais la grande célébrité du Caucase l'emporta apparemment à leurs yeux, et, considérant d'autre part que l'expédition des Argonautes réputée jusque-là l'expédition la plus lointaine s'était arrêtée au pied du Caucase même et que tous les mythographes nous représentent Prométhée enchaîné aux extrémités de la terre sur la plus haute cime du Caucase, ils crurent faire une chose agréable au conquérant en transportant ce nom fameux aux montagnes de l'Inde.
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