[11e,3] <3> Ἴδιον δέ τι συμβέβηκε τῷ λόγῳ <τῷ> περὶ τῶν Ἀμαζόνων· οἱ μὲν γὰρ ἄλλοι τὸ μυθῶδες καὶ τὸ ἱστορικὸν διωρισμένον ἔχουσι· τὰ γὰρ παλαιὰ καὶ ψευδῆ καὶ τερατώδη μῦθοι καλοῦνται, ἡ δ' ἱστορία βούλεται τἀληθές, ἄν τε παλαιὸν ἄν τε νέον, καὶ τὸ τερατῶδες ἢ οὐκ ἔχει ἢ σπάνιον· περὶ δὲ τῶν Ἀμαζόνων τὰ αὐτὰ λέγεται καὶ νῦν καὶ πάλαι, τερατώδη τε ὄντα καὶ πίστεως πόρρω. Τίς γὰρ ἂν πιστεύσειεν, ὡς γυναικῶν στρατὸς ἢ πόλις ἢ ἔθνος συσταίη ἄν ποτε χωρὶς ἀνδρῶν; καὶ οὐ μόνον γε συσταίη, ἀλλὰ καὶ ἐφόδους ποιήσαιτο ἐπὶ τὴν ἀλλοτρίαν καὶ κρατήσειεν οὐ τῶν ἐγγὺς μόνον ὥστε καὶ μέχρι τῆς νῦν Ἰωνίας προελθεῖν, ἀλλὰ καὶ διαπόντιον στείλαιτο στρατείαν μέχρι τῆς Ἀττικῆς; τοῦτο γὰρ ὅμοιον ὡς ἂν εἴ τις λέγοι, τοὺς μὲν ἄνδρας γυναῖκας γεγονέναι τοὺς τότε τὰς δὲ γυναῖκας ἄνδρας. Ἀλλὰ μὴν ταῦτά γε αὐτὰ καὶ νῦν λέγεται περὶ αὐτῶν. Ἐπιτείνει δὲ τὴν ἰδιότητα καὶ τὸ πιστεύεσθαι τὰ παλαιὰ μᾶλλον ἢ τὰ νῦν·
| [11e,3] L'Histoire, au reste, en ce qui concerne les Amazones, offre quelque chose de singulier : tandis qu'en général les historiens se montrent soigneux de bien séparer ce qui est du domaine de la Fable (et par là ils entendent toute tradition par trop ancienne, toute tradition mensongère et merveilleuse) de ce qui appartient à l'Histoire, l'Histoire devant pour toutes les époques, anciennes ou récentes, chercher uniquement le vrai sans jamais admettre le merveilleux, si ce n'est dans des cas fort rares, en ce qui concerne les Amazones, toutes les histoires, aussi bien celles d'à présent que celles du temps jadis, ne nous offrent que récits merveilleux, traditions absurdes et invraisemblables. Qui pourra jamais croire, en effet, que des femmes seules, sans hommes, aient jamais pu se perpétuer à l'état d'armée, de cité ou de nation, et non seulement se perpétuer, mais s'engager dans des expéditions en règle contre les nations étrangères, arriver ainsi de conquête en conquête à s'emparer du pays connu aujourd'hui sous le nom d'Ionie et franchir qui plus est la mer pour porter toutes leurs forces jusqu'en Attique ? Autant vaudrait prétendre que les hommes de ce temps-là étaient des femmes et les femmes des hommes. N'est-ce pas là cependant ce que nos plus récents historiens nous disent des Amazones ? Et ce qui rend la chose encore plus singulière c'est que les plus anciennes traditions relatives aux Amazones sont encore moins inadmissibles que tout ce qu'il a plu à nos modernes historiens de débiter à leur sujet.
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