Texte grec :
[9a,20] Τοσαῦτ´ οὖν ἀπόχρη προσθεῖσιν ὅτι φησὶ Φιλόχορος
πορθουμένης τῆς χώρας ἐκ θαλάττης μὲν ὑπὸ Καρῶν ἐκ γῆς δὲ ὑπὸ
Βοιωτῶν, οὓς ἐκάλουν Ἄονας, Κέκροπα πρῶτον εἰς δώδεκα πόλεις συνοικίσαι τὸ
πλῆθος, ὧν ὀνόματα Κεκροπία Τετράπολις Ἐπακρία Δεκέλεια Ἐλευσὶς
Ἄφιδνα (λέγουσι δὲ καὶ πληθυντικῶς Ἀφίδνας) Θόρικος Βραυρὼν Κύθηρος
Σφηττὸς Κηφισιά - - - πάλιν δ´ ὕστερον εἰς μίαν πόλιν συναγαγεῖν λέγεται τὴν νῦν
τὰς δώδεκα Θησεύς. ἐβασιλεύοντο μὲν {οὖν οἱ Ἀθηναῖοι} πρότερον, εἶτ´ εἰς
δημοκρατίαν μετέστησαν· τυράννων δ´ ἐπιθεμένων αὐτοῖς, Πεισιστράτου καὶ
τῶν παίδων, ὕστερόν τε ὀλιγαρχίας γενομένης τῆς τε τῶν τετρακοσίων καὶ τῆς
τῶν τριάκοντα τυράννων, οὓς ἐπέστησαν Λακεδαιμόνιοι, τούτους μὲν
διεκρούσαντο ῥᾳδίως, ἐφύλαξαν δὲ τὴν δημοκρατίαν μέχρι τῆς Ῥωμαίων
ἐπικρατείας. καὶ γὰρ εἴ τι μικρὸν ὑπὸ τῶν Μακεδονικῶν βασιλέων
παρελυπήθησαν ὥσθ´ ὑπακούειν αὐτῶν ἀναγκασθῆναι, τόν γε ὁλοσχερῆ τύπον
τῆς πολιτείας τὸν αὐτὸν διετήρουν. ἔνιοι δέ φασι καὶ βέλτιστα τότε αὐτοὺς
πολιτεύσασθαι δεκαετῆ χρόνον ὃν ἦρχε Μακεδόνων Κάσανδρος. οὗτος γὰρ ὁ
ἀνὴρ πρὸς μὲν τὰ ἄλλα δοκεῖ τυραννικώτερος γενέσθαι, πρὸς Ἀθηναίους δὲ
εὐγνωμόνησε λαβὼν ὑπήκοον τὴν πόλιν· ἐπέστησε γὰρ τῶν πολιτῶν Δημήτριον
τὸν Φαληρέα τῶν Θεοφράστου τοῦ φιλοσόφου γνωρίμων, ὃς οὐ μόνον οὐ
κατέλυσε τὴν δημοκρατίαν ἀλλὰ καὶ ἐπηνώρθωσε. δηλοῖ δὲ τὰ ὑπομνήματα ἃ
συνέγραψε περὶ τῆς πολιτείας ταύτης ἐκεῖνος. ἀλλ´ οὕτως ὁ φθόνος ἴσχυσε καὶ ἡ
πρὸς ὀλίγους ἀπέχθεια ὥστε μετὰ τὴν Κασάνδρου τελευτὴν ἠναγκάσθη φυγεῖν
εἰς Αἴγυπτον· τὰς δ´ εἰκόνας αὐτοῦ πλείους ἢ τριακοσίας κατέσπασαν οἱ
ἐπαναστάντες καὶ κατεχώνευσαν, ἔνιοι δὲ καὶ προστιθέασιν ὅτι καὶ εἰς ἀμίδας.
Ῥωμαῖοι δ´ οὖν παραλαβόντες αὐτοὺς δημοκρατουμένους ἐφύλαξαν τὴν
αὐτονομίαν αὐτοῖς καὶ τὴν ἐλευθερίαν. ἐπιπεσὼν δ´ ὁ Μιθριδατικὸς πόλεμος
τυράννους αὐτοῖς κατέστησεν οὓς ὁ βασιλεὺς ἐβούλετο· τὸν δ´ ἰσχύσαντα
μάλιστα τὸν Ἀριστίωνα καὶ ταύτην βιασάμενον τὴν πόλιν ἐκ πολιορκίας ἑλὼν
Σύλλας ὁ τῶν Ῥωμαίων ἡγεμὼν ἐκόλασε, τῇ δὲ πόλει συγγνώμην ἔνειμε· καὶ
μέχρι νῦν ἐν ἐλευθερίᾳ τέ ἐστι καὶ τιμῇ παρὰ τοῖς Ῥωμαίοις.
|
|
Traduction française :
[9a,20] En conséquence, voici un court résumé emprunté à Philochore, que nous
croyons devoir ajouter à ce qui précède. Comme l'Attique se trouvait
exposée à la fois, du côté de la mer, aux descentes des Cariens, et, du
côté de l'intérieur, aux courses des Béotiens ou Aones, Cécrops eut le
premier l'idée de réunir toute la population du pays et d'en former douze
villes. De ces douze villes, qui furent appelées Epacria, Decelia,
Eleusis, Aphidna (ou, avec la forme du pluriel qu'on rencontre
quelquefois, Aphidnae), Thoricus, Brauron, Cytherus, Sphettus,
Cephisia...; Thésée, suivant la tradition, fit plus tard une seule et même
cité qui est la ville actuelle. Gouvernés à l'origine par des rois, les
Athéniens adoptèrent, avec le temps, le régime démocratique, et, bien que
leur liberté ait eu à souffrir dans l'intervalle, soit des entreprises des
tyrans tels que Pisistrate et ses fils, soit de l'établissement
d'oligarchies violentes, telles que l'oligarchie des Quatre-Cents et celle
des Trente tyrans que soutenaient les Lacédémoniens, en général, ils
secouèrent assez facilement le joug qu'on leur avait imposé, et réussirent
à maintenir leur constitution démocratique jusqu'à l'époque de la conquête
romaine. Il est vrai que les rois de Macédoine durent les violenter
quelque peu pour les amener à leur jurer obéissance, mais ils n'en
respectèrent pas moins leur constitution dans ses traits essentiels. On a
même prétendu que jamais Athènes n'avait été mieux administrée que pendant
les dix années que dura le règne de Cassandre en Macédoine. Et, de fait,
ce prince, qui, dans tout le reste, paraît avoir été plutôt porté à la
tyrannie, témoigna aux Athéniens, une fois qu'ils eurent fait acte de
soumission envers lui, une bienveillance particulière. C'est ainsi qu'il
leur donna pour administrateur un des leurs, Démétrius de Phalère,
disciple et ami de Théophraste, qui, loin de détruire à Athènes la
constitution démocratique, s'employa au contraire à la restaurer, comme
l'attestent les Mémoires qu'il a composés sur son administration. Mais, à
la longue, la jalousie naturelle aux Athéniens et leur horreur de
l'oligarchie reprirent le dessus, et, lorsque Cassandre vint à mourir,
Démétrius fut forcé de s'enfuir en Egypte. Ses statues, au nombre de plus
de trois cents, furent renversées par les insurgés et fondues : on aurait
même été, disent certains historiens, jusqu'à en faire des pots de
chambre. Athènes était donc encore en pleine possession de sa constitution
démocratique, quand les Romains reçurent sa soumission ; eux aussi lui
laissèrent son autonomie et sa liberté ; en revanche, après que la guerre
contre Mithridate eut éclaté, elle dut subir les nouveaux tyrans qu'il
plut au roi barbare de lui imposer, Aristion, notamment, le plus puissant
et le plus violent de tous. Enfin Sylla, à la tête de l'armée romaine,
reprit Athènes, il envoya Aristion au supplice et pardonna aux Athéniens,
qui depuis vingt ans n'ont plus cessé de jouir d'une liberté complète, en
même temps que de l'estime et de la considération des Romains.
|
|