Texte grec :
[8,3,33] Ἔφορος δέ φησιν Αἰτωλὸν ἐκπεσόντα ὑπὸ Σαλμωνέως
τοῦ βασιλέως Ἐπειῶν τε καὶ Πισατῶν ἐκ τῆς
Ἠλείας εἰς τὴν Αἰτωλίαν, ὀνομάσαι τε ἀφ´ αὑτοῦ τὴν
χώραν καὶ συνοικίσαι τὰς αὐτόθι πόλεις· τούτου δ´
ἀπόγονον ὑπάρξαντα Ὄξυλον φίλον τοῖς περὶ Τήμενον
Ἡρακλείδαις ἡγήσασθαί τε τὴν ὁδὸν κατιοῦσιν εἰς
τὴν Πελοπόννησον καὶ μερίσαι τὴν πολεμίαν αὐτοῖς
χώραν καὶ τἆλλα ὑποθέσθαι τὰ περὶ τὴν κατάκτησιν
τῆς χώρας, ἀντὶ δὲ τούτων λαβεῖν χάριν τὴν εἰς τὴν
Ἠλείαν κάθοδον, προγονικὴν οὖσαν, κατελθεῖν δὲ
ἀθροίσαντα στρατιὰν ἐκ τῆς Αἰτωλίας ἐπὶ τοὺς κατέχοντας
Ἐπειοὺς τὴν Ἦλιν· ἀπαντησάντων δὲ τῶν
Ἐπειῶν μεθ´ ὅπλων, ἐπειδὴ ἀντίπαλοι ἦσαν αἱ δυνάμεις,
εἰς μονομαχίαν προελθεῖν κατὰ ἔθος τι παλαιὸν
τῶν Ἑλλήνων Πυραίχμην Αἰτωλὸν Δέγμενόν τ´ Ἐπειόν,
τὸν μὲν Δέγμενον μετὰ τόξου ψιλόν, ὡς περιεσόμενον
ῥᾳδίως ὁπλίτου διὰ τῆς ἑκηβολίας, τὸν δὲ μετὰ σφενδόνης
καὶ πήρας λίθων, ἐπειδὴ κατέμαθε τὸν δόλον·
τυχεῖν δὲ νεωστὶ ὑπὸ τῶν Αἰτωλῶν εὑρημένον τὸ τῆς
σφενδόνης εἶδος· μακροβολωτέρας δ´ οὔσης τῆς σφενδόνης
πεσεῖν τὸν Δέγμενον, καὶ κατασχεῖν τοὺς Αἰτωλοὺς
τὴν γῆν ἐκβαλόντας τοὺς Ἐπειούς· παραλαβεῖν
δὲ καὶ τὴν ἐπιμέλειαν τοῦ ἱεροῦ τοῦ Ὀλυμπίασιν,
ἣν εἶχον οἱ Ἀχαιοί· διὰ δὲ τὴν τοῦ Ὀξύλου φιλίαν πρὸς
τοὺς Ἡρακλείδας συνομολογηθῆναι ῥᾳδίως ἐκ πάντων
μεθ´ ὅρκου τὴν Ἠλείαν ἱερὰν εἶναι τοῦ Διός, τὸν δ´
ἐπιόντα ἐπὶ τὴν χώραν ταύτην μεθ´ ὅπλων ἐναγῆ εἶναι,
ὡς δ´ αὕτως ἐναγῆ καὶ τὸν μὴ ἐπαμύνοντα εἰς δύναμιν·
ἐκ δὲ τούτου καὶ τοὺς κτίσαντας τὴν Ἠλείων πόλιν
ὕστερον ἀτείχιστον ἐᾶσαι, καὶ τοὺς δι´ αὐτῆς τῆς
χώρας ἰόντας στρατοπέδῳ τὰ ὅπλα παραδόντας ἀπολαμβάνειν
μετὰ τὴν ἐκ τῶν ὅρων ἔκβασιν· Ἴφιτόν τε
θεῖναι τὸν Ὀλυμπικὸν ἀγῶνα, ἱερῶν ὄντων τῶν Ἠλείων.
ἐκ δὴ τῶν τοιούτων αὔξησιν λαβεῖν τοὺς ἀνθρώπους·
τῶν γὰρ ἄλλων πολεμούντων ἀεὶ πρὸς ἀλλήλους,
μόνοις ὑπάρξαι πολλὴν εἰρήνην, οὐκ αὐτοῖς μόνον
ἀλλὰ καὶ τοῖς ξένοις, ὥστε καὶ εὐανδρῆσαι μάλιστα
πάντων παρὰ τοῦτο. Φείδωνα δὲ τὸν Ἀργεῖον,
δέκατον μὲν ὄντα ἀπὸ Τημένου, δυνάμει δ´ ὑπερβεβλημένον
τοὺς κατ´ αὐτόν, ἀφ´ ἧς τήν τε λῆξιν ὅλην
ἀνέλαβε τὴν Τημένου διεσπασμένην εἰς πλείω μέρη,
καὶ μέτρα ἐξεῦρε τὰ Φειδώνια καλούμενα καὶ σταθμοὺς
καὶ νόμισμα κεχαραγμένον τό τε ἄλλο καὶ τὸ ἀργυροῦν,
πρὸς τούτοις ἐπιθέσθαι καὶ ταῖς ὑφ´ Ἡρακλέους
αἱρεθείσαις πόλεσι, καὶ τοὺς ἀγῶνας ἀξιοῦν
τιθέναι αὐτόν, οὓς ἐκεῖνος ἔθηκε· τούτων δὲ εἶναι καὶ
τὸν Ὀλυμπικόν· καὶ δὴ βιασάμενον ἐπελθόντα θεῖναι
αὐτόν, οὔτε τῶν Ἠλείων ἐχόντων ὅπλα ὥστε κωλύειν
διὰ τὴν εἰρήνην τῶν τε ἄλλων κρατουμένων τῇ δυναστείᾳ·
οὐ μὴν τούς γε Ἠλείους ἀναγράψαι τὴν θέσιν
ταύτην, ἀλλὰ καὶ ὅπλα κτήσασθαι διὰ τοῦτο καὶ ἀρξαμένους
ἐπικουρεῖν σφίσιν αὐτοῖς· συμπράττειν δὲ καὶ
Λακεδαιμονίους, εἴτε φθονήσαντας τῇ διὰ τὴν εἰρήνην
εὐτυχίᾳ εἴτε καὶ συνεργοὺς ἕξειν νομίσαντας πρὸς τὸ
καταλῦσαι τὸν Φείδωνα, ἀφῃρημένον αὐτοὺς τὴν ἡγεμονίαν
τῶν Πελοποννησίων, {ἣν ἐκεῖ}νοι προεκέκτηντο·
καὶ δὴ καὶ συγκαταλῦσαι τὸν Φείδωνα· τοὺς
δὲ συγκατασκευάσαι τοῖς Ἠλείοις τήν τε Πισᾶτιν καὶ
τὴν Τριφυλίαν. ὁ δὲ παράπλους ἅπας ὁ τῆς νῦν Ἠλείας
μὴ κατακολπίζοντι χιλίων ὁμοῦ καὶ διακοσίων ἐστὶ
σταδίων. ταῦτα μὲν περὶ τῆς Ἠλείας.
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Traduction française :
[8,3,33] Nous lisons, maintenant, dans Ephore qu'Aetolus, chassé d'Elide par Salmonée, roi des Epéens et
des Pisates, passa en Aetolie, donna son nom au pays et y fonda le peu de villes qu'on y rencontre ;
qu'un descendant d'Aetolus, Oxylus, grand ami de Téménus, l'un des trois chefs héraclides, lui servit
de guide, ainsi qu'à ses frères, lors de leur rentrée dans le Péloponnèse, fixa entre eux les conditions
du partage et leur traça le plan de conquête du territoire ennemi, que les Héraclides l'en
récompensèrent en lui permettant de reprendre possession de l'Elide, patrie de ses ancêtres, qu'il alla
lever à cet effet une armée en Aetolie et revint attaquer les Epéens maîtres de l'Elide ; que ceux-ci
marchèrent en armes à sa rencontre, et que, comme les forces des deux partis paraissaient égales,
on vit, suivant une ancienne coutume hellénique, s'avancer pour combattre en combat singulier
l'Aetolien Pyraechmès et l'Epéen Degménus : celui-ci s'était armé à la légère et n'avait pris que son
arc dans la pensée qu'il lui serait facile de vaincre l'hoplite aetolien en le frappant de loin d'une flèche ;
mais Pyraechmès, instruit de sa ruse, s'était muni d'une fronde et d'une besace remplie de pierres : la
fronde était fine arme nouvelle récemment inventée par les Aetoliens eux-mêmes et qui portait plus
loin que l'arc. Degménus fut tué et les Epéens, quittant l'Elide, durent céder la place aux Aetoliens.
Ceux-ci se trouvèrent du même coup investis de l'intendance du temple d'Olympie, laquelle avait
toujours appartenu jusque là à des Achéens. Alors, par amitié pour Oxylus, tous les chefs Héraclides
s'engagèrent sous la foi du serment à regarder l'Elide comme une terre consacrée à Jupiter, et à
traiter en sacrilèges, non seulement ceux qui l'envahiraient à main armée, mais ceux-là mêmes qui ne
s'emploieraient pas de tout leur pouvoir à la défendre. «C'est ce qui explique, ajoute Ephore, comment
plus tard, lorsqu'on bâtit Elis, on la laissa sans murailles et comment on vit dorénavant tout corps
d'armée ayant à traverser le pays livrer ses armes à l'entrée pour ne les recevoir que de l'autre côté
de la frontière». Le même auteur pense que le caractère sacré dont étaient revêtus 1es Eléens fut ce
qui décida Iphitus à instituer les jeux Olympiques. De là aussi pour les Eléens une grande source de
prospérité, car, tandis que les autres peuples du Péloponnèse étaient incessamment en guerre les
uns avec les autres, eux seuls jouissaient d'une paix profonde, et, comme leurs hôtes naturellement
en profitaient, il s'ensuivit que la population de leur pays s'accrut d'une façon extraordinaire.
Cependant Phidon d'Argos, le dixième successeur de Téménus et le plus puissant prince de son
temps (ce qui explique comment il avait pu et recouvrer en entier l'ancien lot de Téménus qu'il avait
trouvé morcelé en plusieurs états et instituer tout ce système de poids et mesures dits Phidoniens et
battre de la monnaie, même de la monnaie d'argent), Philon, après tout ce qu'il avait fait, voulut
encore s'attaquer aux mêmes villes qu'Hercule avait prises et présider les mêmes jeux qu'Hercule
avait célébrés, et, comme les jeux Olympiques étaient du nombre, il envahit le pays à main armée et
célébra ces jeux en son nom, sans que personne eût pu l'en empêcher, car les Eléens, voués comme
ils étaient à une paix perpétuelle, n'avaient pas d'armes, et les autres peuples du Péloponnèse avaient
déjà pour la plupart subi son joug. Toutefois les Eléens n'inscrivirent jamais les jeux qu'avait tenus
Phidon et s'étant procuré des armes ils entreprirent de se défendre eux-mêmes. Bientôt aussi il leur
vint du secours de chez les Lacédémoniens, soit que ceux-ci eussent vu avec un secret plaisir la
guerre succéder chez les Eléens à cette longue paix qui les avait rendus si prospères, soit qu'ils
comptassent à leur tour s'aider d'eux pour renverser la puissance de Phidon et punir ce prince de leur
avoir enlevé l'hégémonie du Péloponnèse. Effectivement les Eléens aidèrent les Lacédémoniens à
détruire la puissance de Phidon et c'est en retour de ce service qu'eux-mêmes reçurent les secours
des Lacédémoniens pour la conquête de la Pisatide et de la Triphylie. - Le littoral entier de l'Elide
actuelle, ses sinuosités non comprises, peut bien avoir 670 stades de longueur.
Ici s'arrête notre description de l'Elide.
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