Texte grec :
[8,3,19] Ὑπὸ τούτοις ἐστὶν ἐν τῇ παραλίᾳ δύο ἄντρα, τὸ
μὲν νυμφῶν Ἀνιγριάδων τὸ δὲ ἐν ᾧ τὰ περὶ τὰς Ἀτλαντίδας
καὶ τὴν Δαρδάνου γένεσιν. ἐνταῦθα δὲ καὶ
τὰ ἄλση τό τε Ἰωναῖον καὶ τὸ Εὐρυκύδειον - - - τὸ μὲν
οὖν Σαμικὸν ἔστιν ἔρυμα, πρότερον δὲ καὶ πόλις Σάμος
προσαγορευομένη διὰ τὸ ὕψος ἴσως, ἐπειδὴ σάμους
ἐκάλουν τὰ ὕψη· τάχα δὲ τῆς Ἀρήνης ἀκρόπολις
ἦν τοῦτο, ἧς ἐν τῷ καταλόγῳ μέμνηται ὁ ποιητής „οἳ
„δὲ Πύλον τ´ ἐνέμοντο καὶ Ἀρήνην ἐρατεινήν.“ οὐδαμοῦ
γὰρ σαφῶς εὑρίσκοντες ἐνταῦθα μάλιστα εἰκάζουσι
τὴν Ἀρήνην, ὅπου καὶ ὁ παρακείμενος Ἄνιγρος
ποταμός, καλούμενος πρότερον Μινύειος, δίδωσιν οὐ
μικρὸν σημεῖον· λέγει γὰρ ὁ ποιητής „ἔστι δέ τις ποταμὸς
Μινυήιος εἰς ἅλα βάλλων ἐγγύθεν Ἀρήνης.“
πρὸς γὰρ δὴ τῷ ἄντρῳ τῶν Ἀνιγριάδων νυμφῶν ἐστι
πηγή, ὑφ´ ἧς ἕλειον καὶ τιφῶδες τὸ ὑποπῖπτον γίνεται
χωρίον· ὑποδέχεται δὲ τὸ πλεῖστον τοῦ ὕδατος ὁ Ἄνιγρος
βαθὺς καὶ ὕπτιος ὢν ὥστε λιμνάζειν· θινώδης
δ´ ὢν ὁ τόπος ἐξ εἴκοσι σταδίων βαρεῖαν ὀσμὴν παρέχει
καὶ τοὺς ἰχθῦς ἀβρώτους ποιεῖ. μυθεύουσι δ´ οἱ
μὲν ἀπὸ τοῦ τῶν τετρωμένων Κενταύρων τινὰς ἐνταῦθ´
ἀπονίψασθαι τὸν ἐκ τῆς Ὕδρας ἰόν, οἱ δ´ ἀπὸ
τοῦ Μελάμποδα τοῖς ὕδασι τούτοις καθαρσίοις χρήσασθαι
πρὸς τὸν τῶν Προιτίδων καθαρμόν· ἀλφοὺς δὲ
καὶ λεύκας καὶ λειχῆνας ἰᾶται τὸ ἐντεῦθεν λουτρόν.
φασὶ δὲ καὶ τὸν Ἀλφειὸν ἀπὸ τῆς τῶν ἀλφῶν θεραπείας
οὕτως ὠνομάσθαι. ἐπεὶ οὖν ἥ τε ὑπτιότης τοῦ
Ἀνίγρου καὶ αἱ ἀνακοπαὶ τῆς θαλάττης μονὴν μᾶλλον
ἢ ῥύσιν παρέχουσι τοῖς ὕδασι, Μινυήιόν φασιν εἰρῆσθαι
πρότερον, παρατρέψαι δέ τινας τοὔνομα καὶ ἀντ´
αὐτοῦ ποιῆσαι Μινυήιον. ἔχει δ´ ἡ ἐτυμότης καὶ ἄλλας
ἀφορμάς, εἴτ´ ἀπὸ τῶν μετὰ Χλωρίδος τῆς Νέστορος
μητρὸς ἐλθόντων ἐξ Ὀρχομενοῦ τοῦ Μινυείου, {εἴτε}
Μινυῶν, οἳ τῶν Ἀργοναυτῶν ἀπόγονοι ὄντες ἐκ Λήμνου
μὲν εἰς Λακεδαίμονα ἐξέπεσον ἐντεῦθεν δ´ εἰς τὴν
Τριφυλίαν, καὶ ᾤκησαν περὶ τὴν Ἀρήνην ἐν τῇ χώρᾳ
τῇ νῦν Αἰπασίᾳ καλουμένῃ, οὐκ ἐχούσῃ οὐκέτι τὰ τῶν
Μινυῶν κτίσματα· ὧν τινὲς μετὰ Θήρα τοῦ Αὐτεσίωνος
(ἦν δ´ οὗτος Πολυνείκους ἀπόγονος) πλεύσαντες
εἰς τὴν μεταξὺ Κυρηναίας καὶ τῆς Κρήτης νῆσον „Καλλίστην
τὸ πάροιθε, τὸ δ´ ὕστερον οὔνομα Θήρην,“
ὥς φησι Καλλίμαχος, ἔκτισαν τὴν μητρόπολιν τῆς Κυρήνης
Θήραν, ὁμώνυμον δ´ ἀπέδειξαν τῇ πόλει καὶ τὴν νῆσον.
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Traduction française :
[8,3,19] Au pied de cette chaîne, sur le rivage même, s'ouvrent deux grottes, dont l'une est consacrée aux
Nymphes Anigriades, tandis que l'autre passe pour avoir été le théâtre des aventures des Atlantides
et de la naissauce de Iardanus. C'est là aussi que s'élèvent les deux bois sacrés dits l'Ionaeum et
l'Eurycydeum {...} Samicum, qui n'est plus aujourd'hui qu'un fort, était anciennement une ville, une ville
appelée Santos, probablement à cause de sa situation élevée, le mot samoi (sami), dans l'ancienne
langue grecque, signifiant les lieux hauts. Peut-être était-ce là l'acropole de l'antique Aréné, cette ville
que cite Homère dans son Catalogue des vaisseaux,
«Et ceux qui habitaient Pylos et la riante Aréné»,
car, en l'absence d'indices plus certains, on présume, non sans vraisemblance, qu'Aréné devait se
trouver dans le voisinage du fleuve Anigrus, lequel n'est autre que l'ancien Minyeius, Homère ayant dit :
«Un cours d'eau, le Minyeius, vient se jeter dans la mer tout auprès d'Aréné».
Tout le terrain aux environs de la grotte des Nymphes Anigriades est rendu humide et fangeux par la
présence d'une source, dont les eaux se déversent en grande partie dans l'Anigrus, et, comme ce
fleuve, malgré sa profondeur, est peu rapide, son lit se trouve également converti en un marais
stagnant, dont les eaux ont une odeur infecte et sulfureuse qui se fait sentir à vingt stades à la ronde
et rend immangeables les poissons qu'on y pêche. Les mythographes expliquent cette circonstance
de différentes manières : suivant les uns, des centaures blessés par les flèches d'Hercule auraient
lavé leurs plaies dans le fleuve pour en exprimer le venin de l'hydre ; suivant d'autres, Mélampus
aurait employé les eaux de l'Anigrus comme eaux lustrales pour la purification des Preetides. Toujours
est-il qu'aujourd'hui on les prescrit en lotions contre toute espèce de dartres, alphes, leucés et lichens.
Il paraît même que le nom de l'Alphée vient de la propriété qu'ont aussi les eaux de ce fleuve de guérir
les dartres appelées alphes. Quant à l'ancien nom de l'Anigrus, on croit, vu le peu de pente de son lit
et l'espèce de résistance que lui oppose la mer (double cause qui donne à ses eaux l'aspect d'eaux
stagnantes plutôt que d'eaux courantes), on croit, dis-je, que sa vraie forme était Menyeius et que la
forme Minyeius adoptée par certains auteurs n'est qu'une altération de celle-là. Il pourrait se faire
pourtant que cette dernière forme tînt à d'autres causes et qu'elle rappelât soit les Minyens venus
d'Orchomène avec Chloris, mère de Nestor, {soit ces autres} Minyens, descendants des Argonautes,
qui, chassés de Lemnos, passèrent, dit-on, à Lacédémone et de là en Triphylie, pour s'y fixer aux
environs d'Aréné, dans le canton d'Hypaipée. Ce canton, il est vrai, n'a conservé nulle trace de leurs
établissements ; mais on sait qu'une bonne partie de ces Minyens, sous la conduite de Théras, fils
d'Autésion, descendant lui-même de Polynice, quitta le pays pour aller occuper, entre la Cyrénaïque
et la Crète, l'île qui,
«Nommée d'abord Callisté, devint ensuite la célèbre Théra».
Ainsi s'exprime Callimaque, et, en effet, la ville de Théra qu'avaient fondée ces Minyens, et qui devait
fonder elle-même Cyrène, n'avait pas tardé à donner son nom à l'île entière.
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