Texte grec :
[8,3,7] Μεταξὺ δὲ τοῦ Πηνειοῦ καὶ τῆς Σελλήεντος ἐμβολῆς
Πύλος ᾠκεῖτο κατὰ τὸ Σκόλλιον, οὐχ ἡ τοῦ
Νέστορος πόλις, ἀλλ´ ἑτέρα τις, ᾗ πρὸς τὸν Ἀλφειὸν
οὐδέν ἐστι κοινώνημα, οὐδὲ πρὸς τὸν Παμισόν, εἴτε
Ἄμαθον χρὴ καλεῖν. βιάζονται δ´ ἔνιοι μνηστευόμενοι
τὴν Νέστορος δόξαν καὶ τὴν εὐγένειαν· τριῶν γὰρ Πύλων
ἱστορουμένων ἐν Πελοποννήσῳ—καθότι καὶ τὸ
ἔπος εἴρηται τουτί „ἔστι Πύλος πρὸ Πύλοιο· Πύλος γε
μέν ἐστι καὶ ἄλλος“—τούτου τε καὶ τοῦ Λεπρεατικοῦ
τοῦ ἐν τῇ Τριφυλίᾳ καὶ τῇ Πισάτιδι, τρίτου δὲ τοῦ
Μεσσηνιακοῦ τοῦ κατὰ Κορυφάσιον, ἕκαστοι τὸν παρά
σφισιν ἠμαθόεντα πειρῶνται δεικνύναι, καὶ τὴν τοῦ
Νέστορος πατρίδα τοῦτον ἀποφαίνουσιν. οἱ μὲν οὖν
πολλοὶ τῶν νεωτέρων καὶ συγγραφέων καὶ ποιητῶν
Μεσσήνιόν φασι τὸν Νέστορα, τῷ σωζομένῳ μέχρι εἰς
αὐτοὺς προστιθέμενοι· οἱ δ´ Ὁμηρικώτεροι τοῖς ἔπεσιν
ἀκολουθοῦντες τοῦτον εἶναί φασι τὸν τοῦ Νέστορος
Πύλον, οὗ τὴν χώραν διέξεισιν ὁ Ἀλφειός· διέξεισι δὲ
τὴν Πισᾶτιν καὶ τὴν Τριφυλίαν. οἱ δ´ οὖν ἐκ τῆς κοίλης
Ἤλιδος καὶ τοιαύτην φιλοτιμίαν προσετίθεσαν τῷ
παρ´ αὐτοῖς Πύλῳ, καὶ γνωρίσματα δεικνύντες Γέρηνον
τόπον καὶ Γέροντα ποταμὸν καὶ ἄλλον Γεράνιον,
εἶτ´ ἀπὸ τούτων ἐπιθέτως Γερήνιον εἰρῆσθαι πιστούμενοι
τὸν Νέστορα. τοῦτο δὲ ταὐτὸ καὶ οἱ Μεσσήνιοι
πεποιήκασι, καὶ πιθανώτεροί γε φαίνονται· μᾶλλον
γὰρ γνώριμά φασιν εἶναι τὰ παρ´ ἐκείνοις Γέρηνα,
συνοικουμένην ποτὲ εὖ. τοιαῦτα μὲν τὰ περὶ τὴν κοίλην
Ἦλιν ὑπάρχοντα νυνί.
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Traduction française :
[8,3,7] Entre l'embouchure du Pénée et celle du Selléïs, au pied du mont Scollion s'élevait naguère une
ville appelée Pylos, mais qui différait évidemment de celle de Nestor, puis qu'on ne peut la rattacher ni
au cours de l'Alphée ni à celui du Pamisus, ou de l'Amathus pour mieux dire. Quelques auteurs
néanmoins veulent, contre la force de l'évidence, revendiquer pour elle l'honneur d'avoir donné
naissance à l'illustre Nestor. L'histoire, on le sait, constate l'existence dans le Péloponnèse de trois
villes appelées Pylos, on a même fait à ce propos le vers suivant :
«Devant Pylos, il y a Pylos ; derrière Pylos, encore Pylos».
Ces trois villes sont : 1° celle dont nous parlons actuellement ; 2° Pylos le Lépréatique dit aussi Pylos
de Triphylie ; 3° Pylos de Messénie, ou, comme on l'appelle quelquefois, Pylos Coryphasien. Or
chacune de ces villes a trouvé des garants pour établir qu'elle était le vrai Pylos Emathoéïs, autrement
dit la patrie de Nestor : en général les auteurs modernes, tant les historiens que les poètes, font de
Nestor un héros messénien, donnant ainsi la préférence à celui des trois Pylos qui s'est conservé
jusqu'à eux. D'autres, plus fidèles à la tradition homérique, soutiennent, conformément aux vers du
poète, que la ville de Nestor était celle dont l'Alphée traversait le territoire : et l'on sait que l'Alphée
traverse la Pisatide et la Triphylie. Enfin, les habitants de la Coelé-Elide, mus de la même ambition
pour leur Pylos, invoquent en sa faveur, comme autant d'indices certains, le voisinage d'une localité
nommée Gérénos et l'existence dans le pays d'un fleuve du nom de Gérôn et d'un autre cours d'eau
appelé le Géranies, ne doutant pas que ce ne soit là l'origine de ce nom de Gérénien que le poète
donne habituellement à Nestor en guise d'épithète. Mais les Messéniens de leur côté se servent du
même argument et il faut convenir que dans leur bouche il offre plus de vraisemblance, le nom de leur
Gérènes, ville autrefois si peuplée et si florissante, étant, ainsi qu'ils le prétendent, bien autrement
connu. Tel est donc l'état actuel de la Coelé-Elide.
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