Texte grec :
[8,8,4] Περὶ δὲ τοῦ Ἀλφειοῦ καὶ τοῦ Εὐρώτα τὸ συμβεβηκὸς
παράδοξον εἴρηται καὶ τὸ περὶ Ἐρασῖνον τὸν ἐκδιδόντα
ἐκ τῆς Στυμφαλίδος λίμνης εἰς τὴν Ἀργείαν
νυνί, πρότερον δ´ οὐκ ἔχοντα ἔκρυσιν, τῶν βερέθρων,
ἃ καλοῦσιν οἱ Ἀρκάδες ζέρεθρα, τυφλῶν ὄντων καὶ μὴ
δεχομένων ἀπέρασιν ὥστε τὴν τῶν Στυμφαλίων πόλιν
νῦν μὲν καὶ πεντήκοντα διέχειν σταδίους ἀπὸ τῆς λίμνης,
τότε δ´ ἐπ´ αὐτῆς κεῖσθαι. τἀναντία δ´ ὁ Λάδων
ἔπαθε τοῦ ῥεύματος ἐπισχεθέντος ποτὲ διὰ τὴν ἔμφραξιν
τῶν πηγῶν· συμπεσόντα γὰρ τὰ περὶ Φενεὸν
βέρεθρα ὑπὸ σεισμοῦ, δι´ ὧν ἦν ἡ φορά, μονὴν ἐποίησε
τοῦ ῥεύματος μέχρι τῶν κατὰ βάθους φλεβῶν τῆς
πηγῆς. καὶ οἱ μὲν οὕτω λέγουσιν· Ἐρατοσθένης δέ
φησι περὶ Φενεὸν μὲν τὸν Ἀνίαν καλούμενον ποταμὸν
λιμνάζειν τὰ πρὸ τῆς πόλεως, καταδύεσθαι δ´ εἴς τινας
ἠθμοὺς οὓς καλεῖσθαι ζέρεθρα· τούτων δ´ ἐμφραχθέντων
ἔσθ´ ὅτε ὑπερχεῖσθαι τὸ ὕδωρ εἰς τὰ πεδία,
πάλιν δ´ ἀναστομουμένων ἄθρουν ἐκ τῶν πεδίων ἐκπεσὸν
εἰς τὸν Λάδωνα καὶ τὸν Ἀλφειὸν ἐμβάλλειν,
ὥστε καὶ τῆς Ὀλυμπίας κλυσθῆναί ποτε τὴν περὶ τὸ
ἱερὸν γῆν, τὴν δὲ λίμνην συσταλῆναι· τὸν Ἐρασῖνον
δὲ παρὰ Στυμφάλου ῥέοντα ὑποδύντα ὑπὸ τὸ ὄρος ἐν
τῇ Ἀργείᾳ πάλιν ἀναφανῆναι· διὸ δὴ καὶ Ἰφικράτη
πολιορκοῦντα τὸν Στύμφαλον καὶ μηδὲν περαίνοντα
ἐπιχειρῆσαι τὴν κατάδυσιν ἀποφράξαι σπόγγους πορισάμενον
πολλούς, παύσασθαι δὲ διοσημίας γενομένης.
περὶ Φενεὸν δ´ ἔστι καὶ τὸ καλούμενον Στυγὸς
ὕδωρ, λιβάδιον ὀλεθρίου ὕδατος νομιζόμενον ἱερόν.
τοσαῦτα καὶ περὶ Ἀρκαδίας εἰρήσθω.
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Traduction française :
[8,8,4] Nous avons décrit ci-dessus le phénomène étrange commun aux fleuves Alphée et Eurotas, ainsi
que le changement survenu dans le cours de l'Erasinus, qu'on voit aujourd'hui à une certaine distance
de sa sortie du lac Stymphalide reparaître dans la plaine d'Argos, tandis qu'il se trouvait autrefois
interrompu et privé d'écoulement, les bérèthres où il tombe (les zérèthres pour mieux dire, car c'est
ainsi que le mot se prononce en Arcadie) n'offrant alors aucune issue et retenant ses eaux en quelque
sorte emprisonnées, changement par suite duquel la ville de Stymphale, située naguère sur les bords
mêmes du lac, en est aujourd'hui à cinq stades. Eh bien ! le changement inverse s'est opéré dans le
cours du Ladon : on a vu ce fleuve s'arrêter tout d'un coup par suite d'une obstruction de ses sources.
Les bérèthres qui existent aux environs de Phénée et qui servaient au transport des eaux {dont ce
fleuve est formé}, ayant été ébranlés par un tremblement de terre, s'effondrèrent, et leurs débris en
atteignant et en comblant les veines les plus profondes de la source, occasionnèrent cette interruption
momentanée du cours du fleuve. Du moins, est-ce ainsi que certains auteurs expliquent le
phénomène. Erathosthène, lui, en voit la cause dans l'existence de ce lac temporaire que forme
auprès de Phénée la rivière {Aroanius} : «cette rivière, dit-il, s'engouffre dans des pertuis appelés
zérèthres, et, suivant qu'elles les trouvent obstrués ou libres, ses eaux refluent dans la plaine et
l'inondent ou laissant la plaine à sec s'en vont rejoindre le Ladon et l'Alphée : c'est ainsi qu'on vit
coïncider naguère avec le retrait de ce lac de Phénée l'inondation de la plaine qui environne le temple
d'Olympie». Eratosthène ajoute «que le fleuve Erasinus, qui vient de Stymphale, s'engouffre de même
sous le mont {Chaüs} et reparaît plus loin aux environs d'Argos ; qu'Iphicrate, après s'être épuisé en
efforts inutiles au siège de Stymphale, songea à intercepter cette chute du fleuve, et se procura même
une masse d'éponges à cet effet, mais qu'en présence d'un signe de la volonté céleste il renonça à
son entreprise». Il y a près de Phénée également ce qu'on appelle l'Eau du Styx : c'est l'égout d'une
eau infecte et malsaine, mais qui n'en est pas moins réputé comme sacré.
Ici s'arrête notre description de l'Arcadie.
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