HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Strabon, Geographica, livre VIII

ὃς



Texte grec :

[8,6,23] Κορίνθιοι δ´ ὑπὸ Φιλίππῳ ὄντες ἐκείνῳ τε συνεφιλονείκησαν καὶ ἰδίᾳ πρὸς Ῥωμαίους ὑπεροπτικῶς εἶχον, ὥστε τινὲς καὶ τῶν πρέσβεων παριόντων τὴν οἰκίαν αὐτῶν ἐθάρρησαν καταντλῆσαι βόρβορον. ἀντὶ τούτων μὲν οὖν καὶ ἄλλων ὧν ἐξήμαρτον ἔτισαν δίκας αὐτίκα· πεμφθείσης γὰρ ἀξιολόγου στρατιᾶς, αὐτή τε κατέσκαπτο ὑπὸ Λευκίου Μομμίου καὶ τἆλλα μέχρι Μακεδονίας ὑπὸ Ῥωμαίοις ἐγένετο, ἐν ἄλλοις ἄλλων πεμπομένων στρατηγῶν· τὴν δὲ χώραν ἔσχον Σικυώνιοι τὴν πλείστην τῆς Κορινθίας. Πολύβιος δὲ τὰ συμβάντα περὶ τὴν ἅλωσιν ἐν οἴκτου μέρει λέγων προστίθησι καὶ τὴν στρατιωτικὴν ὀλιγωρίαν τὴν περὶ τὰ τῶν τεχνῶν ἔργα καὶ τὰ ἀναθήματα. φησὶ γὰρ ἰδεῖν παρὼν ἐρριμμένους πίνακας ἐπ´ ἐδάφους, πεττεύοντας δὲ τοὺς στρατιώτας ἐπὶ τούτων. ὀνομάζει δ´ αὐτῶν Ἀριστείδου γραφὴν τοῦ Διονύσου, ἐφ´ οὗ τινες εἰρῆσθαί φασι τὸ „οὐδὲν πρὸς τὸν Διόνυσον,“ καὶ τὸν Ἡρακλέα τὸν καταπονούμενον τῷ τῆς Δηιανείρας χιτῶνι. τοῦτον μὲν οὖν οὐχ ἑωράκαμεν ἡμεῖς, τὸν δὲ Διόνυσον ἀνακείμενον ἐν τῷ Δημητρείῳ τῷ ἐν Ῥώμῃ κάλλιστον ἔργον ἑωρῶμεν· ἐμπρησθέντος δὲ τοῦ νεὼ συνηφανίσθη καὶ ἡ γραφὴ νεωστί. σχεδὸν δέ τι καὶ τῶν ἄλλων ἀναθημάτων τῶν ἐν Ῥώμῃ τὰ πλεῖστα καὶ ἄριστα ἐντεῦθεν ἀφῖχθαι· τινὰ δὲ καὶ αἱ κύκλῳ τῆς Ῥώμης πόλεις ἔσχον. μεγαλόφρων γὰρ ὢν μᾶλλον ἢ φιλότεχνος ὁ Μόμμιος, ὥς φασι, μετεδίδου ῥᾳδίως τοῖς δεηθεῖσι. Λεύκολλος δὲ κατασκευάσας τὸ τῆς Εὐτυχίας ἱερὸν καὶ στοάν τινα χρῆσιν ᾐτήσατο ὧν εἶχεν ἀνδριάντων ὁ Μόμμιος, ὡς κοσμήσων τὸ ἱερὸν μέχρι ἀναδείξεως, εἶτ´ ἀποδώσων· οὐκ ἀπέδωκε δέ, ἀλλ´ ἀνέθηκε κελεύσας αἴρειν εἰ βούλεται· πράως δ´ ἤνεγκεν ἐκεῖνος οὐ φροντίσας οὐδέν, ὥστ´ ηὐδοκίμει τοῦ ἀναθέντος μᾶλλον. πολὺν δὲ χρόνον ἐρήμη μείνασα ἡ Κόρινθος ἀνελήφθη πάλιν ὑπὸ Καίσαρος τοῦ θεοῦ διὰ τὴν εὐφυΐαν, ἐποίκους πέμψαντος τοῦ ἀπελευθερικοῦ γένους πλείστους· οἳ τὰ ἐρείπια κινοῦντες καὶ τοὺς τάφους συνανασκάπτοντες εὕρισκον ὀστρακίνων τορευμάτων πλήθη, πολλὰ δὲ καὶ χαλκώματα· θαυμάζοντες δὲ τὴν κατασκευὴν οὐδένα τάφον ἀσκευώρητον εἴασαν, ὥστε εὐπορήσαντες τῶν τοιούτων καὶ διατιθέμενοι πολλοῦ νεκροκορινθίων ἐπλήρωσαν τὴν Ῥώμην· οὕτω γὰρ ἐκάλουν τὰ ἐκ τῶν τάφων ληφθέντα, καὶ μάλιστα τὰ ὀστράκινα. κατ´ ἀρχὰς μὲν οὖν ἐτιμήθη σφόδρα ὁμοίως τοῖς χαλκώμασι τοῖς κορινθιουργέσιν, εἶτ´ ἐπαύσαντο τῆς σπουδῆς, ἐκλιπόντων τῶν ὀστράκων καὶ οὐδὲ κατωρθωμένων τῶν πλείστων. ἡ μὲν δὴ πόλις ἡ τῶν Κορινθίων μεγάλη τε καὶ πλουσία διὰ παντὸς ὑπῆρξεν, ἀνδρῶν τε ηὐπόρησεν ἀγαθῶν εἴς τε τὰ πολιτικὰ καὶ εἰς τὰς τέχνας τὰς δημιουργικάς· μάλιστα γὰρ καὶ ἐνταῦθα καὶ ἐν Σικυῶνι ηὐξήθη γραφική τε καὶ πλαστικὴ καὶ πᾶσα ἡ τοιαύτη δημιουργία. χώραν δ´ ἔσχεν οὐκ εὔγεων σφόδρα, ἀλλὰ σκολιάν τε καὶ τραχεῖαν, ἀφ´ οὗ πάντες ὀφρυόεντα Κόρινθον εἰρήκασι καὶ παροιμιάζονται „Κόρινθος ὀφρυᾷ τε καὶ κοιλαίνεται.“

Traduction française :

[8,6,23] Les Corinthiens, non contents d'avoir, en sujets dévoués de Philippe, épousé sa querelle contre Rome, affectèrent, pour leur propre compte et cela en toute circonstance, de traiter les Romains avec mépris ; il y en eut même qui, un jour, voyant les ambassadeurs romains passer devant leurs portes, osèrent leur jeter de la boue sur la tête. Or, ce nouvel outrage, ajouté à tous ceux dont ils s'étaient rendus coupables auparavant, ne tarda pas à être chèrement expié. Les Romains envoyèrent une armée considérable sous la conduite de L. Mummius, et, tandis que ce général détruisait Corinthe de fond en comble, ses lieutenants expédiés dans différentes directions soumettaient le reste de la Grèce jusqu'à la Macédoine. La plus grande partie du territoire de Corinthe fut donnée aux Sicyoniens. Polybe qui nous a laissé un récit lamentable de la prise de Corinthe, insiste sur le dédain que montra la soldatesque romaine pour les chefs-d'oeuvre de toute sorte et les offrandes sacrées dont la ville était pleine. Il dit avoir vu en passant dans les rues de Corinthe le sol jonché des tableaux les plus précieux, sur lesquels des soldats jouaient aux dés. Il signale, entre autres, le Bacchus d'Aristide, ce beau tableau qui donna lieu, dit-on, au proverbe : «Rien comme le Bacchus !» et, avec celui-ci, l'Hercule consumé par la tunique de Déjanire. Nous n'avons pas vu ce dernier tableau, mais, en visitant le temple de Cérès à Rome, nous avons reconnu, au milieu des riches offrandes qu'il contenait, le Bacchus, chef-d'oeuvre d'Aristide. Par malheur, ce temple a été récemment détruit par le feu, et dans l'incendie cette belle peinture a péri. La plus grande partie des oeuvres d'art que possèdent les temples de Rome à titre d'offrandes, et j'ajoute les plus belles, proviennent de Corinthe. On en retrouve aussi quelques-unes dans les différentes villes qui entourent Rome. Cela tient à ce que Mummius, qui avait, dit-on, plus de générosité dans le coeur que de lumières dans l'esprit, fit libéralement part de ses trésors à quiconque lui en adressa la demande. Ainsi l'on raconte que Lucullus, comme il venait d'achever le temple de la Bonne Fortune et je ne sais plus quel autre splendide portique, pria Mummius de lui prêter ce qu'il avait encore de statues en sa possession, pour en orner ledit temple jusqu'au jour de sa dédicace, s'engageant à les lui rendre ensuite ; mais au lieu de les lui rendre, il les aurait dédiées avec le reste et aurait dit à Mummius d'aller les réclamer maintenant si bon lui semblait. Heureusement, Mummius avait bien pris la chose et n'avait pas paru se soucier autrement du dommage ; ce qui, par parenthèse, lui fit plus d'honneur que la dédicace du temple n'en avait fait à Lucullus. Après être restée longtemps abandonnée, Corinthe fut relevée de ses ruines par le divin César qui, frappé des avantages de sa position, y envoya une forte colonie composée principalement d'affranchis. Ces nouveaux habitants, s'étant mis à remuer les décombres de la ville et à fouiller les tombeaux, y trouvèrent une grande quantité de sculptures en terre cuite, et aussi beaucoup de bronzes précieux. La vue de ces chefs-d'oeuvre les ayant remplis d'admiration, ils ne laissèrent pas une seule tombe inexplorée, et, quand ils furent richement pourvus, ils mirent en vente à des prix très élevés tout ce qu'ils avaient trouvé, inondant en quelque sorte la ville de Rome de leurs Nécrocorinthies. C'est le nom qu'ils avaient donné à tous les objets d'art retirés des tombeaux, et principalement aux sculptures en terre cuite. Dans le commencement, ces terres cuites furent extrêmement recherchées et prisées même à l'égal des plus beaux bronzes corinthiens, mais cette vogue se ralentit dans la suite, et parce que les fouilles n'en donnaient presque plus, et parce que le peu qu'on trouvait encore était en général de qualité inférieure. - En somme, Corinthe fut toujours une grande et riche cité, remplie d'hommes éminents aussi bien dans les arts que dans la politique. C'est elle qui, avec Sicyone, fit faire les plus grands progrès à la peinture, à la sculpture, et en général à tous les arts plastiques. En revanche, son territoire a toujours été médiocrement fertile, comme on pouvait s'y attendre, avec un sol aussi accidenté et aussi âpre que l'est celui de la sourcilleuse Corinthe : c'est là, on le sait, l'épithète consaerée pour cette ville, témoin le proverbe : «Sourcilleux et rampant, comme Corinthe».





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Dernière mise à jour : 4/07/2006