Texte grec :
[8,6,7] Ἡ μὲν οὖν πόλις ἡ τῶν Ἀργείων ἐν χωρίοις ἐπιπέδοις
ἵδρυται τὸ πλέον, ἄκραν δ´ ἔχει τὴν καλουμένην
Λάρισαν, λόφον εὐερκῆ μετρίως ἔχοντα ἱερὸν Διός·
ῥεῖ δ´ αὐτῆς πλησίον ὁ Ἴναχος χαραδρώδης ποταμὸς
τὰς πηγὰς ἔχων ἐκ Λυρκείου. περὶ δὲ τῶν μυθευομένων
πηγῶν εἴρηται διότι πλάσματα ποιητῶν ἐστί· πλάσμα
δὲ καὶ τὸ „Ἄργος ἄνυδρον ἐὸν Δανααὶ θέσαν Ἄργος
ἔνυδρον,“ τῆς τε χώρας κοίλης οὔσης καὶ ποταμοῖς
διαρρεομένης καὶ ἕλη καὶ λίμνας παρεχομένης,
καὶ τῆς πόλεως εὐπορουμένης ὕδασι φρεάτων πολλῶν
καὶ ἐπιπολαίων. αἰτιῶνται δὲ τῆς ἀπάτης τὸ „καί κεν
„ἐλέγχιστος πολυδίψιον Ἄργος ἱκοίμην.“ τοῦτο δ´ ἤτοι
ἀντὶ τοῦ πολυπόθητον κεῖται, ἢ χωρὶς τοῦ <δ> πολυίψιον,
ὡς „πολύφθορόν τε δῶμα Πελοπιδῶν τόδε“ φησὶ Σοφοκλῆς·
τὸ γὰρ ἴψασθαι φθοράν τινα καὶ βλάβην σημαίνει
„νῦν μὲν πειρᾶται, τάχα δ´ ἴψεται υἷας Ἀχαιῶν“
ἄλλως τε οὐ τὴν πόλιν λέγει τὸ Ἄργος (οὐ γὰρ ἐκεῖσε
ἔμελλεν ἀφίξεσθαι) ἀλλὰ τὴν Πελοπόννησον, οὐ δήπου
καὶ ταύτην διψηρὰν οὖσαν. καὶ σὺν τῷ <δ> δὲ ὑπερβατῶς
δέχονταί {τινες κατὰ} συναλοιφὴν μετὰ τοῦ συνδέσμου
τοῦ δέ, ἵν´ ᾖ οὕτως „καί κεν ἐλέγχιστος πολὺ δ´
„ἴψιον Ἄργος ἱκοίμην,“ - - - πολυί}ψιον Ἄργοσδε
ἱκοίμην ἀντὶ τοῦ „εἰς Ἄργος.“
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Traduction française :
[8,6,7] La ville d'Argos, bâtie sur un terrain généralement plat, a pour citadelle une colline, nommée
Larisse, dont l'assiette est passablement forte et que couronne un temple de Jupiter. Tout auprès
passe le fleuve Inachus, sorte de torrent profondément encaissé, qui prend sa source aux confins
mêmes de l'Arcadie, sur le versant du mont Lyrcée. Dans la Fable, on le sait, ce fleuve a une autre
source, mais, comme nous l'avons dit plus haut c'est là une pure fiction des poètes. Il faut voir
également une fiction poétique dans la tradition qui nous représente Argos comme entièrement
dépourvu d'eau avant que
«De ce lieu aride les Danaïdes eussent fait un lieu frais et humide».
Tout le pays, effectivement, aux environs de la ville, est bas, sillonné de cours d'eau ou couvert de
lacs et de marécages, et la ville elle-même se trouve abondamment alimentée par tous ces puits
qu'on y rencontre à chaque pas, et où l'eau arrive presque au ras du sol. On a tort seulement de s'en
prendre à Homère, et de vouloir qu'il nous ait induits en erreur en faisant dire à Agamemnon :
g-Kai g-men g-elegchistos g-poludipsion g-Argos g-ikoimehn
«Et moi, je rentrerais chargé de honte dans L'ARIDE Argos».
Ici, en effet, "poludipsion" est mis pour "polupothehton", et a le sens de bien-aimé ; peut-être même la
vraie leçon est-elle "poluipsion" sans S, ce qui revient pour le sens au "poluphthoron" de Sophocle,
«Et cette maison des Pélopides, déjà si cruellement frappée»,
car le verbe ipsasthai signifie bien les épreuves, les coups du sort, témoin ce vers d'Homère :
«Maintenant il vous éprouve ; mais bientôt sa colère frappera (g-ipsetai) les fils des Grecs».
Ajoutons que, dans le passage en question, il s'agit non de la ville d'Argos, où Agamemnon n'avait
que faire de retourner, mais du Péloponnèse, qui n'est certes pas non plus dépourvu d'eau. On peut
d'ailleurs conserver le d (poludipsion), et, à l'exemple de certains grammairiens, expliquer sa présence
par la transposition de la conjonction de, s'élidant naturellement devant ipsion et faisant corps avec ce
mot, ce qui donne alors : Kai men elegchistos polu d'ipsion Argos ikoimên, autrement dit : g-poluipsion
g-Argos g-de g-ikoimehn (g-Argosde, pour g-eis g-Argos).
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