[8,5,8] Ὅτι δὲ Λακεδαίμων ὁμωνύμως λέγεται καὶ ἡ χώρα
καὶ ἡ πόλις, δηλοῖ καὶ Ὅμηρος· λέγω δὲ χώραν σὺν τῇ
Μεσσηνίᾳ. περὶ μ{ὲν δὴ τῶν} τόξων ὅταν λέγῃ „καλά,
„τὰ οἱ ξεῖνος Λακεδαίμονι δῶκε τυχήσας, Ἴφιτος Εὐρυτίδης,“
εἶτ´ ἐπενέγκῃ „τὼ δ´ ἐν Μεσσήνῃ ξυμβλήτην
ἀλλήλοιιν οἴκῳ ἐν Ὀρτιλόχοιο,“ τὴν χώραν λέγει,
ἧς μέρος ἦν καὶ ἡ Μεσσηνία· οὐ διήνεγκεν οὖν αὐτῷ
καὶ οὕτως εἰπεῖν „ξεῖνος Λακεδαίμονι δῶκε τυχήσας,“
καὶ „τὼ δ´ ἐν Μεσσήνῃ ξυμβλήτην.“ ὅτι γὰρ αἱ Φηραὶ
εἰσὶν ὁ τοῦ Ὀρτιλόχου οἶκος δῆλον „ἐς Φηρὰς δ´ ἵκοντο
Διοκλῆος ποτὶ δῶμα, υἱέος Ὀρτιλόχοιο,“ ὅ τε Τηλέμαχος
καὶ ὁ Πεισίστρατος· αἱ δὲ Φηραὶ τῆς Μεσσηνίας
εἰσίν. ὅταν δ´ ἐκ τῶν Φηρῶν ὁρμηθέντας τοὺς
περὶ Τηλέμαχον πανημερίους φῇ σείειν ζυγόν, εἶτ´
εἴπῃ „δύσετό τ´ ἠέλιος, οἱ δ´ ἷξον κοίλην Λακεδαίμονα
„κητώεσσαν· πρὸς δ´ ἄρα δώματ´ ἔλων Μενελάου,“
τὴν πόλιν δεῖ δέχεσθαι· εἰ δὲ μή, ἐκ Λακεδαίμονος εἰς
Λακεδαίμονα φανεῖται λέγων τὴν ἄφιξιν· ἄλλως τε οὐ
πιθανὸν μὴ ἐν Σπάρτῃ τὴν οἴκησιν εἶναι τοῦ Μενελάου,
{οὐδὲ} μὴ οὔσης ἐκεῖ τὸν Τηλέμαχον λέγειν „εἶμι
„γὰρ ἐς Σπάρτην τε καὶ εἰς Πύλον.“ δοκεῖ {δὲ συμ}πίπτειν
τούτῳ τὸ τοῖς τῆς χώρας ἐπιθέτοις αὐ - - - εἰ
μὴ νὴ Δία ποιητικῇ τις τοῦτο συγχωρήσει ἐξο{υσίᾳ.
βέλ}τιον γὰρ τὴν Μεσσήνην μετὰ τῆς Λακωνικῆ{ς καὶ
Πύλου} τῆς ὑπὸ τῷ Νέστορι, μηδὲ δὴ καθ´ αὑτὴν τάτ{τεσθαι
ἐν τῷ} καταλόγῳ μηδὲ κοινωνοῦσαν τῆς στρα{τείας}.
| [8,5,8] C'est encore Homère qui nous fournit la preuve que le nom de Lacédémone, dans un temps,
désignait à la fois le pays et la ville (et par le pays j'entends toute la Laconie accrue de la Messénie) :
ainsi, lorsque, à propos de l'arc d'Ulysse, il s'écrie (Odyssée, XXI, 13) :
«Don magnifique, que lui avait fait, lors de leur rencontre dans Lacédémone, Iphitus l'Eurytide, son
hôte»,
et qu'il ajoute un peu plus loin :
«Ils s'étaient rencontrés l'un et l'autre dans Messène, sous le toit d'Ortilochus»,
c'est évidemment le pays, le pays dans son ensemble, qu'il entend désigner ; et, comme la Messénie
en faisait alors partie, on conçoit qu'il ait pu dire indifféremment «dans Lacédémone» ou «dans
Messène», d'autant que la résidence même d'Ortilochus paraît avoir été à Phères :
«Ils arrivèrent à Phères, dans la maison de Dioclès, fils d'Ortilochus» (Odyssée, III, 488).
(Il s'agit dans ce passage de Télémaque et de Pisistrate, et de la ville de Phères, située en Messénie).
En revanche, quand Homère nous montre les généreux coursiers qui emportent Télémaque et son
compagnon loin de Phères agitant, secouant leur joug pendant toute la durée du jour, et qu'il
s'exprime comme il suit (Odyssée, III, 487 ; IV, 1):
«Le soleil se couchait à peine... Ils atteignent alors la basse et caverneuse Lacédémone, et dirigent
leur char vers la demeure de Ménélas»,
il faut bien admettre qu'il parle là de la ville même, autrement on risque de lui faire dire une chose
absurde, à savoir que Télémaque et son compagnon «partis de Lacédémone arrivent à
Lacédémone». Il n'est guère vraisemblable d'ailleurs que Ménélas ait eu sa résidence en un lieu autre
que Sparte ; guère vraisemblable non plus, s'il l'avait eue, qu'Homère ait fait dire à Télémaque
(Odyssée, II, 359) : «J'irai à Sparte et à Pylos».
Une dernière circonstance semble encore {con}firmer notre thèse, c'est que dans le passage en
question {Homère n'emploie pas} d'épithètes {générales comme celles dont il se sert d'habitude pour
caractériser} l'ensemble d'une contrée, à moins pourtant qu'on ne veuille voir là encore, qui sait ?
quelque licence poétique sans conséquence. {Ne vaut-il pas mieux, au surplus, pour l'honneur de}
Messène, pouvoir supposer qu'elle dépendait alors du royaume de Ménélas ou de celui de Nestor, du
royaume de Lacédémone ou de celui de Pylos, que d'avoir à dire qu'elle formait un état indépendant,
mais qu'elle n'avait pu être comprise dans le Catalogue d'Homère faute d'avoir pris part à l'expédition
commune contre Troie ?
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