[8,3,29] Ἐκ τούτων δὴ πῶς ἂν ἢ τὸν Ἠλιακὸν Πύλον ὑπολάβοι
τις ἢ τὸν Μεσσηνιακὸν λέγεσθαι; τὸν μὲν Ἠλιακόν,
ὅτι τούτου πορθουμένου συνεπορθεῖτο καὶ ἡ τῶν
Ἐπειῶν ὑπὸ τοῦ Ἡρακλέους· αὕτη δ´ ἐστὶν ἡ Ἠλεία.
πῶς οὖν ἤμελλον οἱ συμπεπορθημένοι καὶ ὁμόφυλοι
τοιαύτην ὑπερηφανίαν καὶ ὕβριν κτήσασθαι κατὰ τῶν
συναδικηθέντων; πῶς δ´ ἂν τὴν οἰκείαν κατέτρεχον
καὶ ἐλεηλάτουν; πῶς δ´ ἂν ἅμα καὶ Αὐγέας ἦρχε τῶν
αὐτῶν καὶ Νηλεὺς ἐχθροὶ ὄντες ἀλλήλων; εἴγε τῷ
Νηλεῖ „χρεῖος μέγ´ ὀφείλετ´ ἐν Ἤλιδι δίῃ, τέσσαρες
„ἀθλοφόροι ἵπποι αὐτοῖσιν ὄχεσφιν, ἐλθόντες μετ´
„ἄεθλα· περὶ τρίποδος γὰρ ἔμελλον θεύσεσθαι· τοὺς
„δ´ αὖθι ἄναξ ἀνδρῶν Αὐγείας κάσχεθε, τὸν δ´ ἐλατῆρ´
„ἀφίει.“ εἰ δ´ ἐνταῦθα ᾤκει ὁ Νηλεύς, ἐνταῦθα καὶ
ὁ Νέστωρ ἐπῆρχε. πῶς οὖν τῶν μὲν Ἠλείων καὶ Βουπρασίων
„τέσσαρες ἀρχοὶ ἔσαν, δέκα δ´ ἀνδρὶ ἑκάστῳ
„νῆες ἕποντο θοαί, πολέες δ´ ἔμβαινον Ἐπειοί;“ εἰς
τέτταρα δὲ καὶ ἡ χώρα διῄρητο, ὧν οὐδενὸς ἐπῆρχεν ὁ
Νέστωρ, „οἳ δὲ Πύλον τ´ ἐνέμοντο καὶ Ἀρήνην ἐρατεινήν“
καὶ τὰ ἑξῆς τὰ μέχρι Μεσσήνης; οἱ δὲ δὴ ἀντεπεξιόντες
Ἐπειοὶ τοῖς Πυλίοις πῶς ἐπὶ τὸν Ἀλφειὸν
ἐξορμῶσι καὶ τὸ Θρύον; πῶς δ´ ἐκεῖ τῆς μάχης γενομένης
τρεφθέντες ἐπὶ Βουπρασίου φεύγουσι; πάλιν δ´,
εἰ τὸν Μεσσηνιακὸν Πύλον ἐπόρθησεν ὁ Ἡρακλῆς,
πῶς οἱ τοσοῦτον ἀφεστῶτες ὕβριζον εἰς αὐτούς, καὶ ἐν
συμβολαίοις ἦσαν πολλοῖς, καὶ ταῦτ´ ἀπεστέρουν χρεοκοποῦντες,
ὥστε διὰ ταῦτα συμβῆναι τὸν πόλεμον;
πῶς δὲ ἐπὶ τὴν λεηλασίαν ἐξιὼν Νέστωρ τοσαύτην περιελάσας
λείαν συῶν τε καὶ προβάτων, ὧν οὐδὲν ὠκυπορεῖν
οὐδὲ μακροπορεῖν δύναται, πλειόνων ἢ χιλίων
σταδίων ὁδὸν διήνυσεν εἰς τὴν πρὸς τῷ Κορυφασίῳ
Πύλον, οἱ δὲ τρίτῳ ἤματι πάντες ἐπὶ τὴν Θρυόεσσαν
καὶ τὸν ποταμὸν τὸν Ἀλφειὸν ἥκουσι πολιορκήσοντες
τὸ φρούριον; πῶς δὲ ταῦτα τὰ χωρία προσήκοντα ἦν
τοῖς ἐν τῇ Μεσσηνίᾳ δυναστεύουσιν ἐχόντων Καυκώνων
καὶ Τριφυλίων καὶ Πισατῶν; τὰ δὲ Γέρηνα ἢ τὴν
Γερηνίαν (ἀμφοτέρως γὰρ λέγεται) τάχα μὲν ἐπίτηδες
ὠνόμασάν τινες· δύναται δὲ καὶ κατὰ τύχην οὕτως
ὠνομάσθαι τὸ χωρίον. τὸ δ´ ὅλον, τῆς Μεσσηνίας ὑπὸ
Μενελάῳ τεταγμένης, ὑφ´ ᾧ καὶ ἡ Λακωνικὴ ἐτέτακτο
(ὡς δῆλον ἔσται καὶ ἐκ τῶν ὕστερον), καὶ τοῦ μὲν Παμισοῦ
ῥέοντος διὰ ταύτης καὶ τοῦ Νέδωνος, Ἀλφειοῦ
δ´ οὐδαμῶς „ὅς τ´ εὐρὺ ῥέει Πυλίων διὰ γαίης,“ ἧς
ἐπῆρχεν ὁ Νέστωρ, τίς ἂν γένοιτο πιθανὸς λόγος εἰς
τὴν ἀλλοτρίαν ἀρχὴν ἐκβιβάζων τὸν ἄνδρα, ἀφαιρούμενος
δὲ τὰς συγκαταλεγείσας αὐτῷ πόλεις * πάνθ´
ὑπ´ ἐκείνῳ ποιῶν;
| [8,3,29] Comment supposer encore après cela qu'Homère ait voulu désigner ici soit le Pylos de la Coelé-
Elide soit le Pylos de la Messénie ? La première hypothèse déjà est impossible par la raison qu'en
dévastant le Pylos d'Elide Hercule eût dévasté du même coup le territoire Epéen qui n'est autre que
l'Elide, et qu'on ne peut guère admettre que deux peuples frères, qui auraient eu à subir d'un ennemi
commun les mêmes injures et les mêmes dommages, se seraient pris l'un pour l'autre d'une haine
aussi violente et auraient à l'envi couru et dévasté leurs propres pays. Comment admettre aussi
qu'Augéas et Nélée aient régné sur la même contrée, quand on voit le peu d'accord qui existait entre
eux ? Nélée, nous dit Homère (Iliade, II, 697),
«Avait dans la divine Elis un précieux gage à réclamer, quatre coursiers souvent vainqueurs dans les
jeux de la Grèce, quatre coursiers avec leurs chars, qu'il y avait envoyés jadis pour disputer un
nouveau prix (un trépied cette fois était le prix de la course) ; mais le roi d'Elis Augéas les a avait
retenus, et leur conducteur avait dû revenir seul».
Nélée, enfin, Nélée n'a pu régner en ces lieux sans que Nestor y ait régné aussi. Mais comment
expliquer alors qu'Homère nous montre chez les Eléens et les Buprasiens
«Quatre chefs suivis chacun de dix vaisseaux que montaient de nombreux Epéens»,
ou, en d'autres termes, le pays divisé en quatre royaumes, sans qu'il en attribue aucun à Nestor,
rangeant au contraire sous les ordres de celui-ci
«Les peuples qui habitaient Pylos et la riante Aréné»
et les lieux à la suite jusqu'à Messène ? Comment expli-quer aussi que, pour aller attaquer les Pyliens
{de la Coelé-Elide}, les Epéens se dirigent vers l'Alphée et s'avancent jusqu'à Thryum, que les Pyliens
les battent sous les murs de cette ville et les poursuivent ensuite jusqu'à Buprasium ? D'autre part, si
c'est le Pylos de Messénie que ravagea naguère Hercule, on ne conçoit pas que, séparés comme ils
étaient de cette ville par une aussi grande distance, les Epéens aient pu exercer contre elle les
vexations dont parle le poète, qu'ils aient pu aussi entretenir avec ses habitants des relations de
commerce habituelles et contracter ces engagements dont la violation fit naître entre eux la guerre.
On ne conçoit pas non plus qu'après avoir envahi le territoire ennemi Nestor eût pu, avec son
immense butin, et avec tout ce bétail qu'il ramenait (les moutons, on le sait, non plus que les porcs, ne
marchent ni vite ni longtemps), qu'il ait pu, dis-je, franchir aussi rapidement un trajet de plus de mille
stades pour regagner Pylos dans le voisinage de Coryphasium. Et quand nous voyons trois jours
après les Epéens en masse marcher sur Thryoessa et venir camper sur les bords de l'Alphée pour
assiéger cette place, est-ce à dire que Thryoessa et le pays environnant dépendaient des rois de
Messénie ? Il est notoire cependant que les Caucones, les Triphyliens et les Pisates s'étaient partagé
tout ce canton. Reste le nom de Géréna ou de Gérénia (on trouve l'une et l'autre formes), mais il peut
se faire que cette dénomination {donnée à une ville de Messénie} l'ait été après coup et avec intention,
il peut se faire aussi qu'il n'y ait là qu'une coincidence fortuite. En résumé, puisque la Messénie, voire
même la Laconie (comme nous le montrerons plus loin), appartenait à Ménélas, et que ce pays est
arrosé par le Pamisus et le Nédon et nullement par l'Alphée qui au contraire «roule ses eaux
abondantes à travers le territoire des Pyliens», des Pyliens sujets de Nestor, n'est-il pas absurde de
faire passer ce prince pour ainsi dire sous la domination d'un autre et de lui enlever les villes que le
Catalogue lui attribue formellement pour faire régner Ménélas sur le tout ?
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