[8,3,8] Ὁ δὲ ποιητὴς εἰς τέτταρα μέρη διελὼν τήνδε τὴν
χώραν, τέτταρας δὲ καὶ τοὺς ἡγεμόνας εἰπών, οὐ σαφῶς
εἴρηκεν „οἳ δ´ ἄρα Βουπράσιόν τε καὶ Ἤλιδα δῖαν
„ἔναιον, ὅσσον ἐφ´ Ὑρμίνη καὶ Μύρσινος ἐσχατόωσα
„πέτρη τ´ Ὠλενίη καὶ Ἀλείσιον ἐντὸς ἐέργει, τῶν αὖ
„τέσσαρες ἀρχοὶ ἔσαν, δέκα δ´ ἀνδρὶ ἑκάστῳ νῆες
„ἕποντο θοαί· πολέες δ´ ἔμβαινον Ἐπειοί.“ τῷ μὲν
γὰρ Ἐπειοὺς ἀμφοτέρους προσαγορεύειν τούς τε Βουπρασιεῖς
καὶ τοὺς Ἠλείους, Ἠλείους δὲ μηκέτι καλεῖν
τοὺς Βουπρασιεῖς, οὐ τὴν Ἠλείαν δόξειεν ἂν εἰς τέτταρα
μέρη διαιρεῖν, ἀλλὰ τὴν τῶν Ἐπειῶν, ἣν εἰς δύο
μέρη διεῖλε πρότερον· οὐδ´ ἂν μέρος εἴη τῆς Ἤλιδος
τὸ Βουπράσιον, ἀλλὰ τῶν Ἐπειῶν μᾶλλον. ὅτι γὰρ
Ἐπειοὺς καλεῖ τοὺς Βουπρασίους, δῆλον „ὡς ὁπότε
„κρείοντ´ Ἀμαρυγκέα θάπτον Ἐπειοὶ Βουπρασίῳ.“
πάλιν δὲ τῷ συγκαταριθμεῖσθαι Βουπράσιόν τε καὶ
Ἤλιδα δῖαν λέγοντα, εἶτ´ εἰς τέτταρας διαιρεῖν μερίδας,
ὡς ἂν κοινῷ δοκεῖ τῷ τε Βουπρασίῳ καὶ τῇ Ἤλιδι αὐτὰς
ὑποτάττειν. ἦν δ´, ὡς ἔοικε, κατοικία τῆς Ἠλείας
τὸ Βουπράσιον ἀξιόλογος, ἣ νῦν οὐκέτ´ ἐστίν· ἡ δὲ
χώρα καλεῖται μόνον οὕτως ἡ ἐπὶ τῆς ὁδοῦ τῆς ἐπὶ Δύμην
ἐξ Ἤλιδος τῆς νῦν πόλεως. ὑπολάβοι δ´ ἄν τις καὶ
ὑπεροχήν τινα ἔχειν τότε τὸ Βουπράσιον παρὰ τὴν
Ἦλιν, ὥσπερ καὶ οἱ Ἐπειοὶ παρὰ τούτους· ὕστερον δ´
ἀντ´ Ἐπειῶν Ἠλεῖοι ἐκλήθησαν. καὶ τὸ Βουπράσιον
μὲν δὴ μέρος ἦν τῆς Ἤλιδος. ποιητικῷ δέ τινι σχήματι
συγκαταλέγειν τὸ μέρος τῷ ὅλῳ φασὶ τὸν Ὅμηρον, ὡς
τό „ἀν´ Ἑλλάδα καὶ μέσον Ἄργος“ καί „ἀν´ Ἑλλάδα
τε Φθίην τε“ „Κουρῆτές τ´ ἐμάχοντο καὶ Αἰτωλοί“ „οἱ
δ´ ἐκ Δουλιχίοιο Ἐχινάων θ´ ἱεράων.“ καὶ γὰρ τὸ Δουλίχιον
τῶν Ἐχινάδων. χρῶνται δὲ καὶ οἱ νεώτεροι·
Ἱππῶναξ μέν „Κυπρίων βέκος φαγοῦσι καὶ Ἀμαθουσίων
πυρόν·“ Κύπριοι γὰρ καὶ οἱ Ἀμαθούσιοι· καὶ
Ἀλκμὰν δέ „Κύπρον ἱμερτὰν λιποῖσα καὶ Πάφον περιρρύταν“
καὶ Αἰσχύλος „Κύπρου Πάφου τ´ ἔχουσα
„πάντα κλῆρον.“ εἰ δ´ οὐκ εἴρηκεν Ἠλείους τοὺς Βουπρασίους,
οὐδ´ ἄλλα πολλὰ τῶν ὄντων, φήσομεν· ἀλλὰ
τοῦτ´ οὐκ ἔστιν ἀπόδειξις τοῦ μὴ εἶναι, ἀλλὰ τοῦ μὴ
εἰπεῖν μόνον.
| [8,3,8] Quant à l'ancienne division dont parle Homère (Iliade, II, 615) en quatre cantons, sous quatre chefs
distincts, il faut convenir qu'elle n'est pas suffisamment claire :
«Ces peuples habitaient Buprase et la divine Elis, tout ce qu'enferment dans leurs territoires et
Hyrminé et Myrsine, limite extrême de la contrée, et Alisium et la Roche Olénie : quatre chefs les
commandaient, suivis chacun de dix vaisseaux rapides, sur lesquels se pressaient de nombreux Epéens».
Il semblerait en effet, à voir comment Homère applique la dénomination générale d'Epéens à la fois
aux Buprasiens et aux Eléens, sans plus rappeler que les Buprasiens étaient eux-mêmes des Eléens,
que ce n'est point l'Elide même qu'il divise ainsi en quatre parties, mais bien le territoire Epéen qu'il
subdivise, après l'avoir déjà divisé en deux parties principales, Buprasium formant à ce compte non
une portion quelconque de la divine Elis, mais l'une des deux divisions du territoire Epéen, d'autant
mieux qu'on trouve les Buprasiens qualifiés formellement d'Epéens dans le passage suivant de l'Iliade :
«Comme le jour où, dans Buprase, les Epéens ensevelirent Amaryncée leur roi» (Iliade, XXIII, 630).
Mais d'un autre côté, et par cela seul qu'Homère a dans son énumération réuni les noms de Buprase
et de la divine Elis et qu'il a indiqué, tout de suite après, cette division en quatre cantons, il paraît
évident qu'il a entendu l'attribuer en commun à Buprasium et à Elis. Tout porte à croire en effet
qu'anciennement Buprasium était une des principales localités de l'Elide ; on peut même supposer
que cette ville, qui aujourd'hui n'existe plus (le nom de Buprasium aujourd'hui ne désigne plus qu'un
petit pays où passe la route qui va de Dymé à la moderne Elis), exerçait dans ce temps-là par rapport
à Elis, tout comme les Epéens par rapport aux Eléens, une sorte de prépondérance. Mais plus tard le
nom d'Eléens prit la place de celui d'Epéens et Buprasium devint elle-même partie intégrante d'Elis.
Or, Homère, on le sait, par une de ces figures poétiques qui lui sont familières, énumère volontiers
ensemble le tout et la partie, il dira, par exemple :
«Au coeur de la Grèce et d'Argos» (Odyssée, I, 344), ou :
«Au coeur de la Grèce et de la Phthie» (Ibid, XI, 496), ou bien encore :
«Curètes et Aetoliens combattaient» (Iliade, IX, 529), ou enfin :
«Ceux qui habitent Dulichium et les Echinades sacrées» (Iliade, II, 625)
(Dulichium fait partie, on le sait, du groupe des Echinades) ; sans compter que des poètes beaucoup
glus modernes usent aussi de la même figure, témoin Hipponax dans ce passage :
«Ils mangent le pain de Cypre et le froment d'Amathonte» ;
et Alcman dans celui-ci : «Elle quitte l'aimable Cypre et Paphos entourée d'eau» ;
témoin Aeschyle quand il dit : «Toi qui as pour domaine Cypre entière et Paphos».
Si, maintenant, l'on objecte qu'Homère n'a donné nulle part aux Buprasiens le nom d'Eléens, il y a
bien d'autres faits, répondrons-nous, d'autres faits notoires, dont il n'a pas parlé davantage, et son
silence en pareil cas ne prouve point que le fait même n'a pas existé, mais seulement que lui,
Homère, n'a pas jugé à propos de le mentionner.
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